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203 215

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ai, gérant, RT.

345 350 354 362 366

BULLETIN

DE LA

r y

SOCIETE ZOOLOGIOUE

DE FRANCE

POUR L'ANNÉE 1915

AVIS

Les Membres de la Société sont instamment priés d'adresser, d'une façon impersonnelle, tous tes envois d'argent et les mandats

à Monsieur le Trésorier

de la Société zoologique de France

28, rue Serpente, Paris (VIe).

BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE

DE FRANGE

RECONNUE D'UTILITE PUBLIQUE

QUARANTIÈME VOLUME

ANNÉE 1915

PARIS

AU SIÈGE DE LA SOCIETE ZOOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Serpente (Hôtel des Sociétés savantes)

1915

ËXTHA1T DU RÈGLEMENT

DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANGE

La Société zoologique de France, fondée le 8 juin 187G, reconnut) d'utilité publique le 10 décembre 1896, comprend des membres honu retires, des membres correspondants et des membres titulaires.

Les membres titulaires nouveaux sont élus en séance publique sur la présentation de deux membres anciens; ils doivent un droit lixe d'entrée de 10 francs et une cotisation annuelle de 20 francs, celle-ci exigible à partir du 1er janvier et devant être transmise sans frais au trésorier. Toutefois la Société peut faire toueber à domicile aux frais du débiteur. Les membres démissionnaires ne sont dégagés de la cotisation que pour les années qui suivent celle de leur démission (art. 4 de la loi sur les Associations). Tout membre qui n'a pas payé sa cotisation cesse de recevoir les publications de l'année courante et est, au bout de trois ans de non-paiement, considéré comme démissionnaire. On peut s'affranchir de la cotisation par le versement d'une somme de 300 francs qui confère le titre de membre A vie. Les membres donateurs sont ceux qui ont versé au moins 500 francs.

Les séances de la Société sont publiques- La dernière du mois de février est Y Assemblée générale annuelle, pour laquelle les Compa- gnies de chemins de fer françaises accordent babituellement des billets à demi-place. Elle est accompagnée de séances de démons- tration, d'une conférence et d'un banquet.

La bibliothèque est ouverte au siège social de 2 heures à 4 heures, tous les jours non fériés; le prêt à domicile des volumes reliés est autorisé pour les. membres habitant Paris.

Les membres honoraires et titulaires ont droit aux publications de la Société. Le Bulletin parait tous les mois, sauf pendant les vacances; il publie de courtes notes déposées aux séances du mois précédent et ne comportant que des figures dans le texte; il n'en est envoyé aux auteurs qu'une seule épreuve ; a défaut de son retour dans un délai maximum de cinq jours, les corrections indispensables sont faites d'oflice. La Société en offre gratuitement aux auteurs 50 tirés à part sans couverture, à partir de 1912; elle peut, dans la mesure de ses disponibilités, dispenser du remboursement des frais de cliebage. Les personnes étrangères à la Société peuvent y publier, à condition que leur travail soit présenté par un membre. Les Mémoires publient des travaux plus étendus et pouvant comporter des planches hors texte.

Il est d'usage dans les publications de la Société d'appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrès internationaux de zoologie, de faire commencer tout nom d'être vivant (animal ou plante) par une majuscule, d'écrire en italique les noms scientifiques latins et d'employer pour les indications bibliographiques les abré- viations usitées dans le Zoological Record (1905). 11 est recommandé de ne déposer que des manuscrits définitifs et lisiblement écrits : les frais de correction supplémentaires entraînés par les remaniements imporlants ou par l'état des manuscrits étant à la charge des auleuis (art. 00 (iu règlement). Les dessins doivent être remis en môme temps que les manuscrits et exécutés de façon à pouvoir être immédiate ment reproduits.

Le Secrétaire général, gérant, A. ROBERT.

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LISTE

DES

MEMBRES DE LA SOCIETE

AU MARS 1915

Avec la date de leur admission

Le nom des membres fondateurs est précédé de la lettre F.

SECRÉTAIRE GENERAL HONORAIRE

F Blanchard (Prof. Raphaël), élu le 18 décembre 1900.

BIBLIOTHÉCAIRE HONORAIRE

1889. Secques (P.), élu le 23 février 1911.

MEMBRES HONORAIRES

1901. Pabre (J.-H.), correspondant de l'Académie des sciences, à Sérignan (Vaucluse).

1909. Francotte (P.), membre de l'Académie royale de Bel- gique, correspondant de l'Académie des sciences de Paris, professeur à l'Université, 118, rue Braemt (St- Josse), à Bruxelles (Belgique).

1909. Graff (L. von), professeur à l'Université, 2, Universi- tatsplatz, à Graz (Autriche).

1901. Grassi, professeur d'anatomie comparée à l'Université, 92, via Agostino Depretis, à Rome (Italie).

1878. Gûnther (Dr Albert), F. R. S., directeur de la section zoologique du British Muséum, à Londres (Angleterre).

1909. Hubrècht (A. A. W.), professeur à l'Université, à Utrecht (Hollande).

1901. Ijima (Isao), professeur de zoologie à l'Université (Collège of science), à Tokyo (Japon).

1901. Laveran (A.), membre de l'Institut, membre de l'Acadé- mie de médecine, 25, rue du Montparnasse, à Paris (6e).

J897. Nansen (Fridtjof), professeur d'océanographie à l'Univer- sité de Christiania (Norvège).

VI

1909. Perroncito (Dr Edoardo), membre correspondant de l'Académie des sciences, de l'Académie de médecine et de la Société de biologie, professeur à l'Université et à l'Ecole vétérinaire, 40, corso Valentino, à Turin (Italie).

1909. Sars (G. 0.), professeur à l'Université, à Christiania (Norvège).

1901. Schulze (P. E.), directeur de l'Institut zoologique, 43,

Invalidenstrasse, à Berlin (Allemagne).

1913. Wesenberg-Lund (Cari), directeur du Laboratoire biolo-

gique. Slotsgade, tlillerm.1 (Danemark).

1902. Zograf (Dr Nicolas de), professeur à l'Université (Musée

polytechnique), à Moscou (Russie).

MEMBRES CORRESPONDANTS

1890. ITorst (Dr R.), conservateur au Musée d'histoire natu-

relle, à Leyde (Hollande). 1897. Sluiter (C. Ph.), professeur à l'Université, à Amsterdam

(Hollande). 190't. Strerel (Hermann), au Musée zoologique, à Hambourg

(Allemagne).

1891. Vejdovsky (Franz), professeur à l'Université de Bohême,

à Prague (Bohême).

MEMBRES DONATEURS DÉCÉDÉS (1)

F Branicki (comte Constantin), décédé en 1884. 1888. Chancel (M,Ie Aline), décédée en 1889. 1888. Guerne (baron Frédéric de), décédé en 1888.

F Hamonville (baron d'), décédé en 1899.

F Hugo (comte Léopold), décédé en 1895. 1904. Meillassoux (J.-B.), décédé en 1913. 1886. Schlumberger (Charles), décédé en 1905. 1876. Semallé (vicomte René de), décédé en 1894.

F Vian (Jules), décédé en 1904.

MEMBRES MORTS POUR LA PATRIE (2)

1914. Baume-Pluvinel (G. de la). 1909. Garreta (Léon).

191 1 . Brément (Ernest).

(1) Par une délibération en date du 25 janvier 18S5, le Conseil a décidé de main- tenir perpétuellement en tête du Bulletin la liste des membre? donateurs décédés.

(2) Par délibération du 9 mars 1915. le Conseil a décidé de maintenir perpétuel- lement en tète du Bulletin les membres morts pour la patrie.

VII MEMBRES TITULAIRES (1)

1003. Aimic (Paul), licencié es sciences, 46, quai Debilly, à

Paris (J66). 1897. Aconin (Georges), avocat, 8, rue Sophie-Germain, à

Paris (14e). 1013. Acuna (Julio V.), professeur de sciences naturelles,

casilla 2459. à Santiago (Chili). 1890. Albert Ier (S. A. S.), prince de Monaco (membre dona- teur), correspondant de l'Institut, 10, avenue du Tro-

cadéro, à Paris (16e). 1911. Alexeieff (Alexis), 55, rue Lhomond, à Paris (5e). 1880. Alluaud (Charles), 3, rue du Dragon, à Paris (6e). 1006. Anfrie (Emile), naturaliste, 3, rue de Paris, à Lisieux

(Calvados). 1005. Anthony (Dr Raoul), assistant au Muséum, 55, rue de

Buffon, à Paris (5e). 1906. Arenberg (prince Ernest d'), 75, avenue Marceau, à

Paris (8e). 10. 1803. Arrigoni degli Oddi (comte), professeur à l'Université, à

Padoue (Italie). 1807. Artault (Dr Stéphen), 20, rue de l'Abbé-de-1'Epée, à

Paris (5e). 1805. Aubert (Marius), aide-naturaliste au Muséum d'histoire

naturelle, palais de Longchamp, à Marseille (Bouches-

du-Rhône).

1913. Audigé, chef de travaux à la Faculté clés sciences, rue

Montaudran, à Toulouse (Haute-Garonne).

1011. Auriol (Mme d') (membre à vie), Hôtel Terminus (Gare

Saint-Lazare), à Paris (8e). 1880. Bambeke (Dr Charles van), professeur à l'Université, 7, rue Haute, à Gand (Belgique).

1012. Barile (Dr Celestino), assistant à l'Université (Ecole vété-

rinaire), 52, via Nizza, à Turin (Italie). 1880. Barrois (Dr Théodore), professeur à la Faculté de méde- cine, 51, rue Nicolas-Leblanc, à Lille (Nord).

1914. f Baime-Pllvinel (G. de la), 51, rue de l'Université, à

Paris (7e). 1879. Bavay (Arthur), pharmacien en chef de la marine, en retraite, correspondant du Muséum, 82, rue Lauriston, à Paris (16e).

(1) La Société s'est vue dans la nécessité de rayer de la liste des membres un certain nombre de personnes qui avaient négligé de payer leur cotisation [Art. H du règlement).

vin membres titulaires

20. 1903. Beauchamp (D* Paul Marais de) (membre à rie), docteur es sciences, préparateur à la Sorbonne, 16, rue de Bagneux, à Paris (6e).

1899. Bedot (Dr Maurice), directeur du Musée d'histoire natu- relle, professeur à l'Université, à Genève (Suisse).

190'.). Benoist (René), licencié es sciences, rue du Donjon, à Rouen (Seine-Inférieure).

1908. Benoit-Bazille (Henri), attaché au laboratoire central de

l'hôpital Saint-Louis, 81, rue Myrha, à Paris (18e).

1906. Berner (Paul), directeur de l'Ecole d'horlogerie, à La Chaux-de-Fonds (Suisse).

1911: Bertray (Dr A.), 10, rue Frochot, à Paris (9e).

188 1. Bibliothèque de l'Université et de l'Etat, à Strasbourg (Alsace).

1889. Bibliothèque de l'Université, à Grenoble (Isère).

1892. Bibliothèque du Musée des Invertébrés, 19, via Romana, à Florence (Italie).

1892. Bibliothèque de l'Université, à Rennes (Ille-et-Vilaine). 30. 1884. Bignon (M1Ie Fanny), docteur es sciences, professeur à l'Ecole Edgar-Quinet, 162, rue du Faubourg-Poisson- nière, à Paris (10e).

1909. Billiard (G.) (membre à vie), assistant de bactériologie

à la fondation ophthalmologique A. de Rothschild, 67, boulevard des Invalides, à Paris (7e). 1906. Blaizot (Ludovic), à l'Institut Pasteur, à Tunis (Tunisie).

1891. Blanc (Edouard) (membre à vie), explorateur, à la Société

de géographie, 184, boulevard St-Germain, à Paris (6e). 1909. Blanc (Dr Georges), laboratoire de zoologie, Ecole natio- nale d'agriculture, à Montpellier (Hérault).

1892. Blanchard (M™ Raphaël) (membre donateur), 226, bou-

levard Saint-Germain, à Paris (7e). F Blanchard (Dr Raphaël) (membre donateur), professeur à l'Université, membre de l'Académie de médecine, 226, boulevard Saint-Germain, à Paris (7e).

1881. Blonay (Roger de), 23, rue de La Rochefoucauld, à

Paris (9e). 1883. Bolivar (Ignacio), professeur d'entomologie à l'Univer- sité, 17, paseo del Obelisco, à Madrid (Espagne).

1882. Bonaparte (le prince Roland) (membre donateur),

membre de l'Institut, 10, avenue d'Iéna, à Paris (16e).

MEMBRES TITULAIRES IX

40

L907. Bonnet (Alexandre), 54, boulevard Bineau, à Neuilly-sur- Seine (Seine).

L903. Bonnet (Amédée) (membre donateur), préparateur à la Faculté des sciences, bibliothécaire-archiviste-conser- vateur de la Société linnéenne, 1, quai de la Guillotière, à Lyon (Rhône).

190i. Borcéa (loan), docteur es sciences, professeur à l'Univer- sité, à Jassy (Roumanie).

11)06. Bordas (Dr L.), professeur adjoint à la Faculté des sciences, à Rennes (Ille-et-Vilaine).

1904. Boubée (Ernest), naturaliste, 3, place Saint-André-des-

Ai'ts, à Paris (6e).

1897. Boutan (Dr Louis), professeur de zoologie à la Faculté des sciences de l'Université, à Bordeaux (Gironde).

1890. Bouvier (E. L.). membre de l'Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle, 14, avenue Voltaire, à Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise).

1914. Bouvrain (Georges), licencié es sciences naturelles, 53 bis, rue Gazan. à Paris (14e).

1889. Branicki (comte Xavier) (membre à vie), 10, rue Wiejska, à Varsovie (Russie).

1911. fBRÉMENT (Ernest), préparateur à l'Institut océanogra- phique, à Monaco. 50. 1892. Brian (Alfred) (membre donateur), 6, via San Sebastiano, à Gênes (Italie).

189i. Brôlemann (Henri) (membre à vie), à Pau (Basses-Pyré- nées).

1896. Brumpt (Dr Emile; (membre à vie), docteur es sciences,

professeur agrégé à la Faculté de médecine, 13, rue du Connétable, à Chantilly (Oise).

1905. Buen (Odôn de) (membre donateur), sénateur, professeur

à l'Université de Madrid, directeur du Laboratoire de biologie marine des Baléares à Palma-de-Mallorca et de la station de Malaga, Serrano 80, à Madrid (Espagne). 1904. Bugnion (LV" Edouard), professeur d'embryologie à l'Uni- versité de Lausanne, Blonay-sur-Vevey (Suisse).

1897. Bujor (Dr Paul), professeur de zoologie à la Faculté des

sciences de l'Université, à Jassy (Roumanie). F Bureau (Dr Louis) (membre à vie), directeur du Musée, professeur à l'Ecole de médecine, 15, rue Gresset, à Nantes (Loire-Inférieure).

x Membres titulaires

1910. Galkins (Gary N.), Ph. D., professor of Protozoology, Golumbia University, New-York City (Etats-Unis).

1902. Calvet (Louis), professeur à la Faculté des sciences de

Glermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). 1879. Camerano (Dr Loreuzo), professeur à l'Université, palazzo

Carignano, à Turin (Italie). 60. 1902. Carié (Paul) (membre donateur), 40, boulevard de Cour-

celles, à Paris (17e). 1909. Gaullery (Maurice), professeur de zoologie, évolution

des êtres organisés, à la Sorbonne, 6, rue Mizon, à

Paris (15e). 1895. Caustier (Eugène), professeur aux lycées Saint-Louis et

Henri IV, 32. boulevard Arago, à Paris (4e).

1903. Caziot (commandant E.), 24, quai Lunel, à Nice (Alpes-

Maritimes). 1914. Gépède (Casimir), docteur es sciences, préparateur à la Faculté des sciences, 4, rue Froidevaux, à Paris (14e).

1903. Certes (Mme Adrien), 53, rue de Varenne, à Paris (7°). 1891. Chancel (Mme Marius) (membre donateur), 226, boulevard

Saint-Germain, à Paris (7e).

1906. Chappellier (A.), préparateur à la Sorbonne, ingénieur

agronome, 6, place Saint-Michel, à Paris (6e).

1907. Ghatelet (G.), greffier du Conseil de préfecture, 32, rue

du Vieux-Sextier, à Avignon (Vaucluse).

1904. Chatton (Edouard), assistant à l'Institut Pasteur, 17, rue

Froidevaux, à Paris (14e). 70. 1891. Chaves (Francisco Alfonso), directeur de l'Observatoire mé- téorologique, à Ponta Delgada, île Sao Miguel (Açores).

1884. Cuevreux (Edouard) (membre donateur), route du Cap, à Bône (Algérie).

1899. Chobaut (Dr A.), 4, rue Dorée, à Avignon- (Vaucluse).

1907. Chopard (Lucien), licencié es sciences naturelles, 52, bou- levard Saint-Germain, à Paris (5e).

1912. Ciuca, médecin-vétérinaire, à l'Institut Pasteur, 25, rue Dutot, à Paris (15e).

1888. Claybrooke (Jean de), 5, rue de Sontay, à Paris (16e).

1881. Clément (A. L.) (membre à vie), dessinateur, 34, rue Lacépède, à Paris (5e).

1912. Cornillot (Dr Charles), 39, rue Gazan, à Paris (14e).

1887. Gosmovici (Dr Léon G.), professeur à l'Université, 11, «trada Codrescu, à Jassy (Roumanie).

1912. Cosmovici (Nicolas-L.), licencié es sciences naturelles, 20, rue Ernest-Cresson, à Paris (14e).

MEMBRES TITULAIRES XI

80. 1900. Coutière (Dr H.), professeur à l'Ecole supérieure de pharmacie, 20, rue de Tournon, à Paris (6' .

1905. Gratunesco (Mme Eugénie), 1, avenue cle l'Observatoire,

à Paris (6e).

1906. Dalmon (Dr Henri), à Bourron-Marlotte (Seine-et-Marne). 1904. Dambeza (membre à vie), avocat au Conseil d'Etat et à la

Cour de cassation, 5, rue de Villersexel, à Paris (7e). 1902. Darboux (G.) (membre donateur), professeur à la Faculté

des sciences, 31, rue Fargès. à Marseille Houches-du-

Rhpne). 1884. Dautzenberg (Philippe) (membre donateur), 209, rue de

l'Université, à Paris (7e). 1904. Davenport (Charles), director of the Station for expéri- mental Evolution of Cold spring Harbor, Carnegie

Institution, New-York (Etats-Unis). 1898. Davenière (Dr Emile), licencié es sciences, 36, boulevard

de La Tour-Maubourg, à Paris (7e). 1904. Debreuil (Charles), avocat à la Cour d'appel, 25, rue de

Châteaudun, à Paris (9e). 1887. Delage (Dr Yves), membre de l'Institut, professeur à

l'Université, à la Sorbonne, à Paris (5e). 90. 1910. Delorme (Georges), licencié es sciences, 5, rue Clairaut,

à Paris (17e)

1876. Demaison (Louis), archiviste, 21, rue Nicolas-Perseval, à

Reims (Marne).

1911. Despax (R.), 30, avenue de Muret, à Toulouse (Haute-

Garonne). F Dollfus (Adrien), directeur de la Feuille des Jeunes Naturalistes, 3, rue Fresnel, à Paris (16e).

1892. Dollfus (Gustave) (membre à vie), 45, rue de Chabrol, à Paris (10e).

1913. Dollfus (Marc-Adrien), étudiant, 6. rond-point de Long- champ, à Paris (16e).

1912. Dollfus (Robert), licencié es sciences naturelles, 45, rue

de Chabrol, à Paris (10e). 1897. Domet de Vorges (Albert), licencié es sciences naturelles,

à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire). 1887. Dominici (Dr Henri), licencié es sciences, 37, rue du

Général-Foy, à Paris (8e).

1877. Douvillé (H.), membre de l'Institut, professeur à

l'Eco'e des Mines, 207, boulevard St-Germain, à Paris (7e).

XII MEMBRES TITULAIRES

100. 1870. Durois (Alphonse), docteur es sciences, conservateur honoraire du Musée royal d'histoire naturelle, à Goxvde- Bains (Belgique).

1897. Duboscq (Dr 0.), professeur de zoologie à la Faculté des sciences, 2i, rue Marcel-de-Serres, à Montpellier (Hérault).

1902. Dyé (Dr Léon) (membre à vie), 123, avenue de Wagram, à Paris (17e).

1905. Face (Louis) (membre à vie), docteur es sciences, natu- raliste du service scientifique des Pèches maritimes, au laboratoire Arago, à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orien- tales).

1907. Falguière (Willie), instituteur public, 15, rue Cluseret,

à Suresnes (Seine).

1908. Fauré-Fremiet (Emmanuel), préparateur au Collège de

France, 46, rue des Ecoles, à Paris (5e). 1884. Faurot (Dr Lionel) (membre à vie), 7, rue Gustave-

Nadaud, à Paris (16e). 1902. Ferdinand Ier (S. M.), tsar de Bulgarie (membre donateur),

à Sophia (Bulgarie). Direction de la Bibliothèque royale.

1893. Field (Dr Herbert Haviland), directeur du Concilium

bibliographicum, 9, Kôllikerstrasse, à Zurich-Neu- munster (Suisse).

1894. Fischer (Henri), docteur es sciences, maître de confé-

rences adjoint à la Faculté des sciences, 51, boulevard Saint-Michel, à Paris (5e). 110. 1895. Fockeu (Dr Henri), professeur à la Faculté de médecine, 13, place Philippe-Lebon, à Lille (Nord). 1897. Freyssinge (Louis), licencié es sciences, pharmacien,

9, rue Parrot, à Paris (12e). 1890. Fhiedlander (B.) et fils, libraires, 11, Carlstrasse, à Berlin (Allemagne).

1909. Fi;set-Tubia (José), docteur es sciences naturelles, pro-

fesseur de zoologie générale à l'Université, à Barcelone (Espagne).

1881. Gadeau de Kerville (Henri) (membre donateur), corres- pondant du ministère de l'Instruction publique et du Muséum, 7, rue Dupont, à Rouen (Seine-Inférieure).

1S80. Garman (Samuel), assistant of Ichthyology and Herpe- tology at the Muséum of Comparai ive Zoology, at Harvard Collège, Cambridge, Mass. (Etats-Unis).

MEMBRES TITULAIRES XIII

1895. Gaulle (Jules de), il, rue de Vaugirard, à Paris (6e). 1870. Gazagnaire (Joseph), 29, rue Centrale, à Cannes (Alpes- Maritimes).

1907. Gedoelst (Louis), professeur à l'Ecole vétérinaire, 23, rue

David-Desvachez, à Bruxelles (Belgique). 1905. George (E.), étudiant, 91, boulevard Beaumarchais, à Paris (3e). 120. 1899. Georgeviich (Jivoïn), professeur de zoologie et d'ana- tomie comparée à l'Université, à Belgrade (Serbie).

1905. Germain (Louis), docteur es sciences, préparateur au

Muséum, 120, rue de Tolbiac, à Paris (13e).

1906. Glandaz (Albert), greffier en chef au Tribunal de Com-

merce, i3, boulevard Lannes, à Paris (16e).

1903. Gœldi (prof. Emile A.) (membre à vie), 36, Zieglerstrasse, à Berne (Suisse).

1902. Gréban {membre à vie), notaire, rue de Paris, à Saint- Germain-en-Laye (Seine-et-Oise).

1905. Grobon (D.), médecin-vétérinaire, 7, rue des Filles-Saint- Thomas, à Paris (2e).

1891. Gruvel (A.), directeur des Pêcheries de la côte occiden- tale d'Afrique. 66. rue Claude-Bernard, à Paris (5e).

1900. Guérin-Ganivet (J.), docteur es sciences, 34, cours Gran- dral, à Ajaccio (Corse).

1880. Guerne (baron Jules de) (membre donateur), 6, rue de Tournon, à Paris (6e).

1895. Guiart (Dr Jules) (membre donateur), docteur es sciences, professeur à la Faculté de médecine, 36, quai Gailleton, à Lyon (Rhône). 130. 1886. Guitel (Frédéric), professeur à la Faculté des sciences, 32, rue Gurvand, à Rennes (Ille-et-Vilaine).

1908. Gulia (Dr Giovanni), Vittoria, à Gozo, île de Malte.

1894. Hakki (Ismaïl), professeur aux Ecoles vétérinaires mili- taire et civile, vétérinaire de la Société des tramways, à Constantinople (Turquie).

1891. Hallez (Dr Paul), professeur à l'Université, à Lille (Nord).

1900. Hamonville (baron d') (membre à vie), au château de Manonville, par Noviant-aux-Prés (Meurthe-et-Moselle).

1913. Havre (Le chevalier G. van), 2, rue van Brée, à Anvers (Belgique).

1888. Hecut (Dr Emile), chef de travaux à la Faculté des sciences, 10, rue de Lorraine, à Nancy (Meurthe-et- Moselle).

XIV MEMBRES TITULAIRES

1902. Henry, répétiteur à l'Ecole vétérinaire, à Ali'ort (Seine).

1880. ÎIÉROLARD (Edgard) (membre à vie), professeur adjoint de zoologie à l'Université, sous-directeur du laboratoire de Roscof'f, 9, rue de l'Eperon, à Paris (6e).

1889. Hertwig (Dr Richard), professeur de zoologie à l'Univer-

sité, à Munich (Bavière). 140. 1900. Hérup.el (Marcel), docteur es sciences, préparateur à la Sorbonne, 112, rue Monge, à Paris (5e).

1890. Houssaye (Emile), pharmacien de l'Assistance publique,

5, rue de l'Epée-de-Bois, à Paris (5e).

1906. Hugues (Albert), à Saint-Geniès-de-Malgoires (Gard).

1907. Icues (Lucien) (membre à vie), 12, place Saint-Julien, à

Laon (Aisne).

1906. Innès-Bey (Dr Walter Francis), square Halem-Pacha, Esbekieh, Le Caire (Egypte).

1895. Jammes (Dr L.), professeur adjoint à la Faculté des sciences, 6, place Saint-Sernin, à Toulouse (Haute- Garonne).

1893. Janet (Armand) (membre à vie), ingénieur principal de réserve du génie maritime, 29, rue des Volontaires, à Paris (15e).

1890. Janet (Charles) (membre à vie), docteur es sciences, ingénieur des arts et manufactures, villa des Roses, Voisinlieu, par Allonne (Oise), et 57, rue Réaumur, à Paris (2e).

1906. Janin (Dr Francisque), à Kourousa (Guinée française).

1913. Jeannel (Dr René) (membre à vie), 15, rue de Jussieu,

à Paris (5e). 150. 1882. Joubin (Dr Louis) (membre à vie), professeur au Muséum d'histoire naturelle, 21, rue de l'Odéon, à Paris (6e).

1882. Jourdan (Etienne), professeur adjoint à l'Université, 6, rue

de la Bibliothèque, à Marseille (Bouches-du-Rhône). F Jousseaume (Dr Félix) {membre à vie), 29, rue de Ger- govie, à Paris (14e).

1883. Joyeux-Laffuie (J.), professeur de zoologie à l'Université

de Caen, 70, rue d'Assas, à Paris (6e).

1914. Julin (Charles), membre correspondant de l'Académie

royale de Belgique, professeur à l'Université, L. L. D.

(St-Andrews), 159, rue de Fragnée, à Liège (Belgique). 1900. Jumentié (Dr Joseph), 141, avenue Victor-Hugo, à

Paris (16e). 1879. Kempen (Ch. van), 12, rue Saint-Bertin, à Saint-Omer

(Pas-de-Calais).

MEMBRES TITULAIRES XV

1888. Kerhervé (J.-B. de), licencié es sciences naturelles, à Lacres, par Samer (Pas-de-Calais).

1894. Kœhler (Ur René), professeur à l'Université, 29, rue Guilloud, à Lyon (Rhône).

1909. Kollmann (Max), agrégé, docteur es sciences, prépara- teur de mammalogie au Muséum, 15, rue Nicolas- Charlet, à Paris (15e). 160. 1893. Krasilshtshik (Isaac), conseiller de la Cour, 82, Leov- skaïa, à Kishinev (Russie méridionale).

1881. Kunstler (Jules), professeur à l'Université, à Bordeaux (Gironde).

1891. Labbé (Dr Alphonse), docteur es sciences, professeur à

l'Ecole de médecine, à Nantes (Loire-Inférieure).

1905. Laboratoire de biologie générale de l'Université, à Dijon

(Côte-d'Or).

1903. Laboratoire de malacologie du Muséum d'histoire natu-

relle, 55, rue de Buffon, à Paris (5e).

1892. Laboratoire de zoologie de l'Université, à Nancy

(Meurthe-et-Moselle).

1904. Lamy (Edouard), assistant de malacologie au Muséum,

36, rue Daubenton, à Paris (5e). 1904. Landrieu (Dr Marcel), 108 bis, rue de Rennes, à Paris (6e),

et 21, rue de la Ferme, au Havre (Seine-Inférieure). 1883. Larcher (Dr Oscar), membre de la Société de biologie,

97, rue de Passy, à Paris (16e). 1907. Lavagna (Dr Joseph), directeur de l'Institut ophtalmolo- gique « Princesse Alice », à Monaco. 170. 1909. Lavauden (Louis), garde général des Eaux et Forêts, rue Fantin-Latour, à Grenoble (Isère).

1906. Lebailly (Dr Charles), préparateur à la Faculté des

sciences, rue Pasteur, à Caen (Calvados).

1907. Le Danois (Edouard), naturaliste du service scientifique

des Pêches maritimes, au laboratoire de Concarneau

(Finistère). 1910. Lepeschkine (Woldemar), vice-président de la Section

ichthyologique de la Société impériale d'acclimatation,

Piatnitzkaya, 56, à Moscou (Russie). 1891. Lignières (Joseph) [membre à vie), professeur, directeur

de l'Institut, de bactériologie, 582, Bartholome Mitre, à

Buenos-Aires (République Argentine).

1908. Liouville (Dr Jacques), médecin de la mission Charcot, 35, rue de l'Université, à Paris (7e).

XVI MEMBRES TITULAIRES

1897. Loyez (Mlle Marie), docteur es sciences naturelles, pro- fesseur à l'Ecole Edgar-Quinet, 16, rue Guvier, à Paris (5e).

1880. Lucet (Adrien), membre de l'Académie de médecine,

assistant au Muséum, 2, rue des Arènes, à Paris (5e).

1889. Magalhâes (Dr Petro Severiano de), professeur à la

Faculté de médecine, rua do Hospicio, 3a, à Rio-de- Janeiro (Brésil).

1908. Magaud d'Aubusson, 66, avenue Mozart, à Paris (16e). 180- 1886. Magne (Alexandre) (membre donateur), 37, rue Etienne- Marcel, à Pantin (Seine).

1897. Malaquin (Dr A.), professeur de zoologie générale et appliquée à la Faculté des sciences, 159, rue Brûle- Maison, à Lille (Nord).

188 1. Man (Dr J.-G. de), à Ierseke, Zélande (Hollande).

1909. Maranne (Isidore), pharmacien de ln' classe, 25, cours

Fénelon, à Périgueux (Dordogne). 1887. Marchal (Paul), membre de l'Institut, directeur de la Sta- tion entomologique de Paris, professeur de zoologie a l'Institut national agronomique, 30, rue Guérard, à Fon- tenay-aux-Roses (Seine) ; l'hiver, 89, rue du Cherche- Midi, à Paris (6e).

1892. Martin (Dr Henri), médecin de l'Hôpital d'Auteuil, Villa

Montmorency, 6, avenue des Sycomores, à Paris (16e). 1912. Marzocciii (Dr Victor), libero-docente, à l'Université,

18, via M asséna, à Turin (Italie). 1911. Mathis (Constant), médecin-major de lre classe, directeur

de l'Institut antirabique, à Hanoï (Tonkin).

1893. Maupas (E.), conservateur-administrateur de la Biblio-

thèque nationale, 1, rue de Dijon, à Alger (Algérie).

1890. Maurice (Charles), docteur es sciences, professeur à

l'Université catholique de Lille, à Attiches, par Pont-à-

Marcq (Nord). 190. 1907. Menegaux (A.), assistant au Muséum, 55, rue de Buffon,

à Paris (5e). 1915. Mesnil (Félix), professeur à l'Institut Pasteur, 21, rue

Ernest-Renan, à Paris (15e). 1889. Minchin (Dr Edward A.), professeur à l'Université de

Londres, 53, Cheyne court, Royal Hospital road, à

Londres, S.-W. (Angleterre). 1884. Moniez (Dr Romain), recteur de l'Université, à Caen

(Calvados).

MEMBRES TITULAIRES XVII

1907. Montezuma (Mme), 38', route de Montesson, au Vésinet

(Seine-et-Oise).

1907. Montezuma, 38, route de Montesson, au Vésinet (Seine- et-Oise).

1913. Monti (Mme Rina), professeur de zoologie et d'anatomie comparée à l'Université, à Sassari, Sardaigne (Italie).

1897. Moreau (Dr Louis), 11, place de la République, à Epernay (Marne).

1912. Moreira (Carlos), chef du laboratoire d'entomologie agri-

cole du Muséum national, 33, rua S. Francisco-Xavier,

à Rio-de-Janeiro (Brésil). 1892. Moulé (Léon), 27, rue de la Tour, à Vitry-le-François

(Marne). 1892. Musée d'histoire naturelle, à Genève (Suisse). 1892. Musée zoologique de l'Université, à Pavie (Italie).

1913. Musée national de Montevideo (Uruguay). 1883. Musée national zoologique, à Agram (Croatie).

1888. Nadar (Paul), photographe, 51, rue d'Anjou, à Paris (8e). 1911. Nafilyan (Zia bey), licencié es lettres, 45, rue de Lyon,

à Paris (12e). 1891. Nerville (Ferdinand de), ingénieur des télégraphes, 59,

rue de Ponthieu, à Paris (8e). 1891. Neumann (Georges), professeur à l'Ecole vétérinaire, à

Toulouse (Haute-Garonne). 1896. Neveu-Lemaire (Dr Maurice), professeur agrégé à la

Faculté de médecine, à Lyon (Rhône). 1903. Nibelle (Maurice) (membre à vie), 9, rue des Arsins, à

Rouen (Seine-Inférieure). 1870. Oberthur (Charles), imprimeur, à Rennes (Ille-et-

Vilaine). 1913. Oberthur (Henri) {membre à vie), étudiant en médecine,

46, rue Molitor, à Paris (16e). 1913. Oberthur (Dr Joseph) (membre à vie), 46, rue Molitor, à

Paris (16e). 1896. Oka (Dr Asajiro), au laboratoire de zoologie de la Koto-

Shihan Gakko (Ecole normale supérieure), à Tokyo

(Japon). 1907. Osorio (Balthazar), à l'Ecole Polytechnique, à Lisbonne

(Portugal). 1879. Oudri (général Emile), à Durtal (Maine-et-Loire). 1907. Paquet (René), 34, rue de Vaugirard, à Paris (6e). 1910. Para (Dr), à La Ferté-Alais (Seine-et-Oise).

2

xviii Membres titulaires

1905. Paris (Paul), préparateur à la Faculté des sciences, à Dijon (Côte-d'Or).

1902. Pas (comtesse du) (membre à vie), de juin à octobre, châ- teau de Ramez, par Bavay (Nord); d'octobre à juin, villa Mireille, route d'Antibes, à Cannes (Alpes-Maritimes). 220. 1890. Paszlavszky (Joseph), professeur à la Réaliskola, II, Szilfa-utcza, 7, à Budapest (Hongrie).

1884. Pavlov (Mme Marie), Dolgoroukovsky pereoulok, Univer- sité, à Moscou (Russie).

1913. Payer (Jules de), chef de la mission arctique française, 44, rue Pergolèse, à Paris (16e).

1900. Pellegrin (Dr Jacques), docteur es sciences, assistant d'herpétologie au Muséum d'histoire naturelle, 1, rue Vauquelin, à Paris (5e). F Pennetier (Dr Georges), directeur du Musée d'histoire naturelle, professeur à l'Ecole de médecine, impasse de la Corderie, Mont-Saint-Aignan-lès-Rouen (Seine- Inférieure).

191 'c Pérard (Charles), vétérinaire sanitaire de la Seine, 106, rue de Brancion, à Paris (15e).

1905. Pérez (Charles), professeur adjoint à la Faculté des sciences, 3, rue d'Ulm, à Paris (5e).

1887. Perrier (Edmond), membre de l'Institut, directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, à Paris (5e).

1909. Perroncitg (Dr Aldo), professeur à l'Université, Cagliari (Italie). F Petit (Louis) aîné (membre à' vie), naturaliste, 48, bou- levard de Strasbourg, à Paris (10p). 230. 1897. Philippson (Maurice), docteur en sciences, 27, rue de la Loi, à Bruxelles (Belgique).

1913. Phisalix (Mme) (membre à vie), docteur es sciences,

docteur en médecine, 62, boulevard Saint-Germain, à

Paris (5e). 1893. Pic (Maurice) (membre à vie), correspondant du Muséum,

Les Guerreaux, par Saint-Agnan (Saône-et-Loire). 1912. Picado (Clodomiro), 16, rue de la Pitié, à Paris (5e).

1914. Picard (François), professeur à l'Ecole nationale d'agri-

culture, à Montpellier (Hérault). 1912. Picql'é (Dr Robert), professeur agrégé à la Faculté de

médecine, à Bordeaux (Gironde). 1879. Pierson (Henri) {membre à vie), 8, rue du Pont, à Brunoy

(Seine-et-Oise).

MEMBRES TITULAIRES XIX

1900. Pinoy (Dr Ernest), 30, rue de Versailles, à Ville-d'Avrây

(Seine-et-Oise).

1901. Pizon (Antoine), docteur es sciences naturelles, profes-

seur au Lycée Janson-de-Sailly, 92, rue de la Pompe, à Paris (16e). 1899. Plate (Dr Ludwig), professeur à l'Université, 2, Mozart- strasse, à Iéna (Allemagne). 240. 1910. Pluche (V.), 71, rue de Sartoris, à la Garenne-Colombes (Seine).

1902. Polaillon (Dr Henri), 10, avenue de Messine, à Paris (8e). 1910. Policard (A.), chef de laboratoire à la Faculté de méde- cine, 1, place Raspail, à Lyon (Rhône).

1913. Porter (Professer Carlos) (membre à rie), casilla 2974, à Santiago (Chili).

1905. Pruvot (Mme G.), 90, rue dAssas, à Paris (6e).

1895. Pruvot (Georges), directeur du Laboratoire Arago, à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientles), professeur d'ana- tomie comparée, à la Sorbonne, à Paris (5e).

1907. Quidor (Auguste), docteur es sciences, 82, rue Michel- Ange, à Paris (16e).

191 i. Rabaud (Etienne) (membre à vie), maître de conférences à la Sorbonne, 3, rue Vauquelin, à Paris (5e).

1893. Racovitza (Emile-G.) (membre à vie), docteur es sciences, directeur adjoint du Laboratoire Arago (Banyuls-sur- Mer), 92, boulevard Raspail, à Paris (6e).

1882. Railliet (A.), membre de l'Académie de médecine, pro- fesseur d'histoire naturelle à l'Ecole vétérinaire, à Alfort (Seine). 250. 1900. Raspail (Mme Xavier) (membre donateur), à Gouvieux (Oise).

1886. Raspail (Xavier), correspondant du ministère de l'Ins- truction publique, à Gouvieux (Oise).

1896. Ratz (Dr Stephan von), professeur à l'Académie vétéri- naire, 23, Rottenbiller uteza, à Budapest (Hongrie).

1913. Regnard (Emile), licencié es sciences naturelles, 129, bou- levard Saint-Michel, à Paris (5e).

1879. Regnard (Dr Paul), membre de l'Académie de médecine, directeur de l'Institut national agronomique, 195, rue Saint-Jacques, à Paris (5e).

1905. Renesse de Duivenbode (C. de), 45, rue de Trévise, à Paris (9e).

XX MEMBRES TITULAIRES

1895. Reyckaert (J.), agent de la Société zoologique, 85, rue du Cherche-Midi, à Paris (6e).

1887. Richard (Dr Jules), directeur du Musée océanographique,

à Monaco. 1877. R.iciiet (Dr Charles), membre de l'Institut, professeur à

r Université, 15, rue de l'Université, à Paris (7e). 1897. Robert (Adrien) (membre à vie), chef de travaux à. la Sorbonne, 95, rue de Seine, à Paris (6e). 260. 1893. Roche (Georges), docteur es sciences, 4, rue Dante, à Paris (5e).

1901. Rodriguez (Jean), directeur du Musée national d'histoire

naturelle, à Guatemala (Amérique centrale).

1888. R.OLLINAT (Raymond) (membre à rie), à Argenton (Indre). 1914. Rosen (Peliks), docteur en philosophie, 87, boulevard du

Montparnasse, à Paris (6e). F Rothschild (baron Edmond de) (membre donateur), 19, rue Lafflte, à Paris (9e).

1895. Roule (Dr Louis), professeur d'herpétologie au Muséum

d'histoire naturelle, 8, rue de Buffon, à Paris (5e).

1906. Royer (Dr Maurice), secrétaire de la Société entomolo- gique de France, 14, rue du Four, à Paris (6e).

1 884 . Sauvage (Dr Emile), directeur honoraire de la Station aquicole, directeur du Musée, 39 bis, rue Tour-Notre- Dame, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

1881. Saljvinet (L. -Ernest), assistant au Muséum, 57, rue Cuvier, à Paris (5e).

1902. Savouré (P.), licencié es sciences naturelles, chargé de

travaux pratiques à la Faculté des sciences, 7 bis, im- passe Sainte-Marie, à Rennes (Ille-et-Vilaine). 210. 1909. Schlegel (Christian), 13, rue Vauquelin, à Paris (5e).

1896. Scott (Thomas), naturalist to the Fishery Board for

Scotland, 2, Devanda terrace, à Aberdeen (Ecosse).

1889. Secques (François), pharmacien de lre classe, 14, rue

Saint-Louis-en-1'Ile, à Paris (4e). 1902. Semichon (Louis) {membre à vie), docteur es sciences,

stagiaire au Muséum, 4, rue Honoré-Chevalier, à

Paris (6e). 1876. Shelley (captain George-Ernest) (membre à vie), 7,

Princes street, Cavendish square, à Londres, W.

(Angleterre). F Simon (Eug.), membre correspondant de l'Académie des

sciences, 16, villa Saïd, à Paris (16e).

MEMBRES TITULAIRES XXI

1901. Simroth (Heinrich), professeur à l'Université, à Leipzig

(Allemagne). 1905. Sirvent (Louis) (membre à Die), assistant au Musée

océanographique, à Monaco. 1899. Société scientifique et Station zoologique d'Arcachon,

à Arcachon (Gironde).

1911. Sollaud (E.), agrégé, 32, rue des Ecoles, à Paris (5e). 280. 1893. Spengel (Dr J. W.), professeur à l'Université, à Giessen

(Allemagne).

1877. Steindachner (Hofrath Dr Frantz), Director des natur-

historischen Hofmuseums, I, Burgring, 7, à Vienne (Autriche). 1891. Stiles (Dr Charles Warclell), Chief of the Division of Zoology, Hygienic Laboratory, Public Health and Ma- rine Hospital service of the U. S., à Washington, D. C. (Etats-Unis).

1914. Stique (Georges), 27, rue du Vieux-Pont-de-Sèvres, à

Billancourt (Seine). 1889. Studer (Dr Th.), professeur à l'Université, directeur du

Musée, rue des Orphelins, à Berne (Suisse).

1912. Tarnogradsky (David), au laboratoire d'évolution des êtres

organisés, 3, rue d'Ulm, à Paris (5e) 1898. Ternier (Louis), à La Bivière Saint-Sauveur (Calvados). 1911. Texier (Georges), à Luçon (Vendée). 1914. Thévenin (Armand), maître de conférences à la Faculté

des sciences, 15, rue Joseph-Bara, à Paris (6e). 189G. Thézée (Dr Henri), professeur à l'Ecole de médecine,

70, rue de Paris, à Angers (Maine-et-Loire). 290. 1901. Tillier (J.-B.), chef du transit du canal de Suez, 83, rue

de la Tour, à Paris (16e). 1887. Topsent (Emile), professeur à la Faculté des sciences,

correspondant du Muséum, à Dijon (Côte-d'Or).

1878. Tourneux (Dr Frédéric), professeur à l'Université, 14, rue

Sainte-Philomène, à Toulouse (Haute-Garonne).

1887. Trapet, pharmacien-major de lre classe en retraite, 6, rue Théodule-Bibot, h. Paris (17e).

1895. Trouessart (Dr Edouard), professeur au Muséum d'his- toire naturelle, 61, rue Cuvier, à Paris (5e).

1903, Vaney (C), maître de conférences à la Faculté des sciences, à Lyon (Bhône).

XXII MEMBRES TITULAIRES

1894. Vai.dremer (Dr Albert), 50, rue Centrale, à Cannes (Alpes

Maritimes). 1914. Vaulx (comte \\. de la), licencié es sciences naturelles,

2, avenue de Villars, à Paris (7e). 1898. Yersluys (Dr J.), Privat-Dozent à l'Université, à Giessen,

Hesse (Allemagne). 1876. Vian (Paul), notaire, 9, rue Boissy-d'Anglas, à Paris (8e). 300. 1894. Vignal (Louis), 28, avenue Duquesne, à Paris (7e).

1912. Vignon (Paul), docteur es sciences, 9, boulevard Latour-

Maubourg, à Paris (7e).

1902. Visard de Bocarmé (comte Ferdinand), 6, rue du Grand-

Gagnage, à Namur (Belgique).

1903. Ylès (Fred), docteur es sciences, préparateur du Labo-

ratoire de Boscoff (Finistère), 46, boulevard Saint- Michel, à Paris (5e).

1897. Ward (Henry-Baldwin), professeur à l'Université, à Urbana, Illinois (Etats-Unis).

1880. Weber (Dr Max), professeur à l'Université, à Eerbeck (Hollande).

1909. Weinberg (Dr M.), assistant à l'Institut Pasteur, 25, rue Dutot, à Paris (15e).

1913. Werner (F.), assistant à l'Institut de zoologie de l'Uni-

versité, à Vienne (Autriche). 1890. Wierzejsky, professeur à l'Université, 6, Wielopole, à

Cracovie (Autriche). 1906. Wintbebert (Dr) (membre à vie), préparateur d'anatomie

comparée à la Faculté des sciences, à Paris (5e). 310. 1900. Yung (Dr Emile), professeur de zoologie à l'Université,

6, boulevard Helvétique, à Genève (Suisse). 1909. Zulueta (Antonio de), Museo de ciencias naturales, Hip-

podromo, à Madrid (Espagne).

LISTE GÉOGRAPHIQUE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ

iMH = Membre honoraire ; MC = Membre correspondant.

FRANCE (230)

Jolies.

Aisne J)

Alpes-Maritimes (3)

Cazint.

Gazagnaire.

Vaudremer.

Basses-Pyrénées (1) Brôlemann.

Bouches-du-Rhône (3) Aubert. Darboux. Jourdan.

Calvados (4) Anfrie. Lebailly. Moniez. Ternier.

Cantal (1) Maranne.

Corse (1) Guérin-Ganivet.

Côte-d'Or (3) Dijon (Laboratoire de biologie;. Paris. Topsent.

Finistère (1) Le Danois.

Gard (1) Hugues.

Gironde (4)

Arcachon (S La lion). Boutan. Kùnstler. Picqué.

Haute-Garonne (5) Audigé. Despax. Jammes. Neumann. Tourneux.

Hérault (3) Blanc (G.). Duboscq. Picard.

Ille-et-Vilaine (5) Bordas. Guitel.

Oberthùr (Charles). Rennes (Bibliothèque). Savouré.

Indre (1) Rollinat.

Isère (2) Grenoble (Bibliothèque). Lavauden.

Loire-Inférieure (2) Bureau. Labbé.

Maine-et-Loire (2) Oudri. Thézée.

Marne (3) Demaison. Moreau. Moulé.

Meurthe-et-Moselle (3)

Hamonville (Baron d').

Hecht.

Nancy (Laboratoire de zoologie).

XXIV

LISTE GÉOGRAPHIQUE

Nord (G)

Barrois (Th.).

Fockeu.

Hallez.

Malaquin.

Maurice.

Pas (Comtesse du).

Oise (4) Brumpt.

Janet (Ch.). Raspail (Mffie). Raspail.

Pas-de-Calais (3) Kempen (Ch. van). Kerhervé (L.-B. de). Sauvage.

Puy-de-Dôme (1) Calvet

Pyrénées-Orientales (1) Fage.

Rhône (6)

Bonnet (Amédée).

Guiart.

Kœhler.

iXeveu-Lemaire.

Policard.

Vaney.

SAÔiNE-ET-Lomt: (2)

Doniet de Vorges. Pic.

Seine (8)

Bonnet (Alexandre).

Falguière.

Henry.

Magne.

Marchai.

Pluche.

Railiiet.

Stique.

Paris (135)

Abric.

Aconin.

Alexeieff.

Alluaud.

Anthony.

Arenbcrg (Prince d').

Artault.

Auriol (Mme d').

Baume-Pluvinel (G. de).

Bavay.

Beauchamp (P. de).

Benoit-Bazille.

Bertray.

Bignon (Mlle).

Billiard.

Blaric (E.).

Blanchard (Mme).

Blanchard (R.).

Blonay (R. de).

Bonaparte (Prince R.).

Boubce.

Bouvier.

Bouvrain.

Carié.

Caullery.

Caustier.

Cépède.

Certes (Mme).

Chancel (Mme).

Chappellicr.

Chatton.

Chopard.

Ciuca.

Claybrooke (J. de).

Clément.

Cornillot.

Cosmovici (N.).

Couticre.

Cratunesco (Mme).

Dambeza.

Uautzenberg.

Davenière.

Debreuil.

Uelage.

Delorme.

Dollfus (A.).

Dollfus (G.).

Dollfus (M.).

Dollfus (R.).

LISTE GEOGRAPHIQUE

XXV

Dominici. Douvillé. Dyé. Fauré-Fremiet.

Faurot.

Fischer.

Freyssinge.

Gaulle (.1. de)

George.

Germain.

Glandaz.

Grobon.

Gruvel.

Guerne (Baron J. de).

Hérouard.

Hérubel.

Houssaye.

Janet (A.).

Jeannel.

Joubin.

Jousseaume.

Joyeux-Lalïuie.

Jumenlié.

Kollmann.

Lamy.

Landrieu.

Larcher.

Laveran, M. H.

Liouville.

T. oyez (M»e).

Lucet.

Magaud-d'Aubusson.

Martin (D' H.).

Menegaux.

Mesnil.

Muséum (Lab. de malacologie).

Nadar.

Nafilyan.

NervilJe (F. de).

Oberthiir (IL).

Oberthûr (J.).

Paquet.

Payer (J. de).

Pellegrin.

Pérard.

Ferez.

Perrier. Petit.

Phisalix (M™*).

Picado.

Pizon.

Polaillon.

Pruvot (Mme).

Pruvot.

Quidor.

Rabaud.

Racovitza.

Regnard (E.).

Regnard (D' P.).

Renesse de Duivenbode.

Reyckaert.

Richet.

Robert.

Roche. Rosen.

Rothschild (Baron Edm. de).

Roule.

Royer.

Sauvinet.

Schlegel.

Secques.

Semichon.

Simon.

Sollaud.

Tarnogradsky.

Thévenin.

Tillier.

Trapet.

TrouessarL

Vaulx (IL de la).

Vian.

Vignal.

Vignon.

Vlès.

Weinberg.

Wintrebert.

Dalmon.

Gréban.

Seine-et-Marxe (1)

Seine-et-Oise (6)

XXVI

LISTE GEOGRAPHIQUE

Monlezuma (Mme).

Montezuma.

Para.

Pierson.

Pinoy.

Seine-Inférieure (4)

Benoist (R.). Gadeau de Kerville. Nibelle. Pennetier.

Vaucluse (3)

Chatclel. Chobaut. Fabre, M. H.

Vendée (1)

Texier.

ÉTRANGER .'98

EUROPE (77)

Allemagne (7)

Friedlander.

Plaie.

Schulze, M. H.

Siniroth.

Spengel.

Strebel, M. C.

Versluys.

Alsace (1) Strasbourg (Bibliothèque).

Autriche-Hongrie (8)

Agram (Musée). Graff (L. von), M. H. Paszlavszky. Ratz (S. von). Steindachner. Vejdovsky, M. C. Werner. Wierzejsky.

Belgique (8)

Bambeke (Ch. van). Dubois (Alph.). Francotte, M. H. Gedoelst.

Havre (Chev. G. van).

Julin.

Philippsan.

Visard de Bocarmé (Comte).

Bulgarie (1) Ferdinand I" (S. M.).

Danemark (1) Wesenberg-Lund, M. H.

Espagne (i) Bolivar.

Buen (Odôn de). Fusel-Tubia. Zulueta (A. de).

Grande-Bretagne (4)

Gunlher, M. H. Minchin. Scott. Shelley.

Hollande (5)

Horst, M. C. Hubrecht, M. H.

LISTE GÉOGRAPHIQUE

XXVI 1

Mari (J. G. de). Sluiter, M. C. Weber.

Italie (11)

Arrigoni degli Oddi (Comte).

Barile.

Brian.

Camcrano.

Florence (Bibliothèque des Invertébrés)

Grassi, M. H.

Marzocchi.

Monti (Mme B.).

Pavie (Musée).

Perroncilo (A.).

Perroncito (E.), M. H.

Malte (1)

Gulia.

Monaco (5)

Albert I" (S. A. S. le Prince).

Brément.

Lavagna.

Bichard.

Sirvent.

Norvège (2)

Nansen, M. H. Sars, M. II.

Osorio.

Portugal (1) Roumanie (3)

•Borcea. Bujor. Cosmovici (Dr L.).

Russie (5)

Branicki (comte X.). Krasilshtshik. Lepeschkine. Pavlov (Mnie). Zograf (N. de), M. H.

Serbie (1)

Georgevitch (J.).

Suisse (8)

Bedol.

Berner.

Bugnion.

Field.

Genève (Musée).

Gceldi.

S lu d or.

Yung.

Turquie (1)

Ilakki.

ASIE (3)

Japon (2)

Oka.

Ijima, M. H.

Mathis.

Tonkin (1)

AFRIQUE (6)

Egypte (1) Innès-Bey.

Guinée Française (1)

Janin.

Blaizot (H.).

Tunisie (1)

Chaves.

Açores (Iles) (l)

Algérie (2)

Chevreux. Maupas.

XXVIII

LISTE GEOGRAPHIQUE

AMERIQUE (12)

Brésil (2)

Sliles.

Magalhâes.

Ward.

Moreira.

Guatemala (D

Acuna.

Chili (2)

Rodriguez.

Porter.

République Argentine

Etats-Unis (5)

Lignières.

Calkins.

Davenporl.

Uruguay (1)

Garman.

Montevideo (Musée national)

MEMBRES DECEDES PENDANT L'ANNEE 1914

1914. Baume-Pluvinel (G. de la).

1911. Brémenï (Ernest).

1909. Garreta (Léon).

1892. Maës (Albert).

1897. Murray (Sir John).

1892. Olivier (Ernest).

1889. Vaillant (Léon).

Commission de Publication pour 1915.

Le Président, le Trésorier, le Secrétaire général ;

MM. Clément, Dautzenberg, Joubin, Hérouard, Trouessart.

Commission de la Bibliothèque pour 1915.

Le Président, le Trésorier, l'Archiviste-Bibliothécaire, le Secrétaire général ; MM. Bavay, de Beauchamp, Chatton, Petit.

BUREAU ET CONSEIL POUR L'ANNEE 1915

Membres du Bureau :

Président M. Gaullery.

i A. Licet.

Vice-Préside nls ;

/ J. Pellegrin.

Secrétaire général A. Robert.

j P. DE BEAUCHAMP.

Secrétaires '

I E. ClIATTON.

Trésorier L. Vignal.

Archiviste-Bibliothécaire L. Germain.

Membres du Conseil :

Membres donateurs.

Albert Ier (S. A. S. le prince)

de Monaco. Blanchard (Mme R.). Blanchard (professeur R.). Bonaparte (prince R.). Bonnet (A.). Brian (A.). Buen (Odôn de). Carié (P.). Ghancel (Mme M.). Ghevreux (Ed.). Darboux (G.). Dautzenberg (Ph.). Ferdinand Ier (S. M.), tsar de

Bulgarie. Gadeau de Kerville (H.). Guerne (baron J. de). Guiart (Dr J.). Magne (A.). Raspail (Mme X.). Rothschild (baron E. de).

Anciens Présidents.

H. GOUTIÈRE.

R. Kœhler. A. Dollfus. L. Roule.

Membres élus.

f. H. Douvillé. } E. Hérouard. L. Petit.

Pour 1914

A. Bavay.

L. JOUBIN.

j G. Alluaud. E. Trouessart.

A.-L. Clément.

,r,,~ \ F. Jousseaume. Pour 191o n . .,

I E.-A. Minchin.

N. DE ZOGRAF.

XXX

PRESIDENTS D'HONNEUR

1894. A. Milne-Edwards, membre de l'Institut, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris (f 1900).

181)5. A. Gaudry, membre de l'Institut, professeur au Muséum d'his- toire naturelle de Paris (-J- 1908).

18U6. A. Sabatieh, professeur à l'Université de Montpellier, fondateur de la Station zoologique de Cette (f 1911).

181)7. C. van Bambeke, professeur à l'Université de Gand.

1898. U. Bureau, directeur du Musée d'histoire naturelle de Nantes.

IX!)1.». V. Fatio, de Genève (f 11)00).

11)00. P. Hallez, professeur à l'Université de Uiile.

l'.Kil. R. Blanchard, membre de l'Académie de médecine, professeur à l'Université de Paris.

11)02. E. Perroncito, professeur à l'Université de Turin.

1903. Ch. Schlumrerger, ingénieur en chef de la Marine eu retraite

(f 1905).

1904. E. Yung, professeur à l'Université de Genève. 11)135. G. Neumann, professeur à. l'Université de Toulouse.

11)06. R.-B. Sharfe, directeur de la Section ornithologique au Musée d'histoire naturelle de Londres (f 1909).

1907. L. Vaillant, prof, au Muséum d'histoire natur. de Paris (f 1914).

1908. Odôn de Buen, professeur à l'Université de Barcelone.

1909. A. Railliet, professeur a l'Ecole d'Alfort,

1910. N. de Zograf, professeur à l'Université de Moscou.

191 1. E. Simon, correspondant à l'Académie des sciences.

1912. E. Perroncito, professeur à l'Université de Turin.

1913. A. A. \Y. Hubrecht, professeur à l'Université d'Utrecht.

1914. P. Dautzenberg, de Paris.

LISTE DES PRÉSIDENTS DEPUIS LA FONDATION DE LA SOCIETE

1876. J. Vian (f 1904).

1877. J. Vian (f 1904).

1878. F. Jousseaume.

1879. E. Perrier.

1880. J. Vian (f 1904).

1881. F. Lataste.

1882. E. Simon.

1883. J. Kunckel d'Herculais.

1884. M. Chaper (f 1896).

1885. P. Mégnin (f 1905).

1886. P. Fischer (f 1893).

1887. A. Certes (f 1903).

1888. J. Jullien (f 1897).

1889. G. Cotteau (f 1894).

1890. J. de Guerne.

1891. A. Railliet.

1892. Ph. Dautzenberg.

1893. E. Oustalet (f 1905).

1894. L. Faurot.

1895. L. Vaillant (f 1914).

1896. E.-L. Bouvier.

1897. B. Moniez.

1898. H. Filhol (f 1902).

1899. Ch. Janet.

1900. Y. Delage.

1901. E. Trouessart.

1902. A. Bavay.

1903. J. BlCHARD.

1904. E. HÉROUARD.

1905. L. Joubin.

1906. X. Raspail.

1907. G. Pruvot.

1908. P. Marchal.

1909. C. Alluaud.

1910. H. Coutière.

1911. R. Kœhler.

1912. A. Dollfus.

1913. L. Roule.

1914. R. Blanchard.

PRIX MALOTAU DE GUERNE (Frédéric-Jules)

décerner en 1916).

règlement

Article premier.

La valeur du prix est de 600 francs. Il est triennal et décerné par la Société dans son Assemblée générale annuelle. Il est attribué successivement :

A des travaux de zoologie portant sur les animaux ter- restres ou d'eau douce ;

A un voyageur français, qui aura contribué à augmenter nos connaissances sur la zoologie, particulièrement sur celle des colonies françaises. Il devra s'être tenu en rapport avec la Société au cours de ses voyages et avoir rapporté des collections zoologiques destinées aux Musées ou établissements publics français ;

A des travaux de zoologie concernant les animaux marins.

Article 2.

Sont appelés à concourir pour les deux prix spécifiés aux paragraphes 1 et 3 de l'article précédent, tous les zoologistes, à quelque nationalité qu'ils appartiennent. Ils devront avoir moins de 35 ans au ier janvier de l'année dans laquelle le prix sera décerné.

Article 3.

Les travaux présentés au concours seront manuscrits ou imprimés ; ils devront être en langue française. Les travaux imprimés devront avoir été publiés à une date postérieure au précédent concours de même nature. Les thèses, dissertations inaugurales et travaux analogues destinés à obtenir un titre universitaire ou professionnel sont exclus du concours.

Article 4.

Les travaux présentés ou proposés seront examinés par une Commission composée de trois membres désignés par le Conseil. En outre des trois membres élus, M. le baron Jules de Guerne, fondateur du prix, le président et le secrétaire général de la Société font partie de droit de cette Commission. Ses pouvoirs expirent avec l'Assemblée générale dans laquelle elle aura déposé son rapport. Elle statue en dernier ressort.

xxxii prix malotau de guërnë

Article 5.

Dans le cas la Commission déciderait de ne pas décerner le prix, les 600 francs seront reportés à une période triennale ultérieure et ajoutés de préférence au prix à décerner à un voyageur. Dans ce cas, le prix pourra être divisé.

Article 6.

Les travaux présentés au concours devront être adressés à la Société avant le 1er novembre qui précédera l'échéance du prix; la Commission compétente sera nommée par le Conseil dans la première quinzaine de novembre.

Article 7.

La Société se réserve le droit de faire paraître dans ses Mémoires les travaux manuscrits qui seraient couronnés. Dans le cas cette publication aurait lieu, l'auteur ne pourrait publier ailleurs son travail sans l'assentiment de la Société.

Article 8.

Le prix sera décerné pour la première fois par la Société zoologique de France dans son Assemblée générale de 1901. Il le sera ensuite tous les trois ans à la même époque.

Article 9.

En cas de désaccord au sein de la Commission sur l'inter- prétation du présent règlement, il en est référé au Conseil, qui statue en dernier ressort.

Liste des Lauréats.

1901. Raymond Rollinat, à Argenton (Indre).

1904. Dr Emile Brumpt, préparateur à la Faculté de médecine

de Paris. 1907. Dr J. Versluys, à Amsterdam (Hollande). 1910. Dr P. Marais de Beauchamp, préparateur à la Sorbonne. 1913. Dr René Jeannel, à Paris.

En 1916, le prix sera décerné pour des travaux de zoologie marine. Envoyer les mémoires présentés avant le 1er novembre 1915.

PRIX François SECQUES décerner en 1916).

RÈGLEMENT

La rente de cette somme est de G francs par an. Elle servira à l'achat d'une médaille qui sera décernée tous les trois ans à la séance générale.

Elle pourra être attribuée à un fonctionnaire colonial (civil ou militaire) qui aura le plus contribué à augmenter nos con- naissances zoologiques par l'envoi de collections, soit à la Société zoologique de France, soit au Muséum d'histoire natu- relle de Paris, à condition que l'étude de ces collections ait été publiée dans les recueils de la Société zoologique de France.

Pourront aussi concourir les instituteurs qui auront adressé à notre Société les notes les plus importantes sur la faune française.

Vu la modicité de la récompense, les voyageurs naturalistes à l'étranger, pourvus de missions officielles, à qui d'autres Compagnies réservent de plus grands avantages, ne pourront prendre part au concours.

Liste des Lauréats.

1904. Louis Blaise, lieutenant de vaisseau.

1907. Louis Germain, licencié es sciences.

1910. Alexandre Mathiaux, géomètre de 1" classe du service

topographique à Madagascar. 1913. Paul Serre, vice-consul de France à Bahia (Brésil).

PRIX Louis PETIT, pour l'ornithologie décerner en 1917).

r ègle ment

Article premier. Le prix consiste en une médaille d'argent de la valeur de 45 francs. Il sera décerné tous les trois ans par l'Assemblée générale à partir de l'année 1914. Il sera attribué à des études d'ornithologie portant, soit sur la description systématique des Oiseaux, soit sur l'étude de leurs mœurs, soit sur l'introduction et l'acclimatation d'espèces utiles ou ornementales en France et dans les colonies françaises.

Article 2.

Sont admis à concourir tous les zoologistes, à quelque natio- nalité qu'ils appartiennent, membres ou non de la Société zoologique de France.

Article 3.

Les mémoires présentés pourront être manuscrits ou impri- més. Les postulants devront poser leur candidature avant le 1er décembre précédant la date d'attribution du prix. A la pre- mière séance ordinaire de décembre suivante il sera nommé, à la majorité absolue des membres présents, une Commission de trois membres. M. L. Petit aîné, fondateur du prix, le pré- sident, le trésorier et le secrétaire général feront en outre partie de cette Commission. Tout membre de la Société aura le droit de présenter des candidats.

Article 4. Dans le cas l'Assemblée déciderait de ne pas décerner le prix, celui-ci serait reporté aux années suivantes, sans modifi- cation de sa valeur.

Article 5. La Société se réserve le droit de publier dans ses Mémoires les travaux manuscrits qui seraient couronnés, ou d'en publier un résumé.

Article 6.

En cas de désaccord au sein de la Commission, il en est référé au Conseil qui statue en dernier ressort.

Lauréat.

1914. Xavier Raspail, à Gouvieux (Oise).

SITUATION DES MEMBRES DE LA SOCIETE PENDANT LA GUERRE

Anthony, médecin major de 2e classe, médecin chef des trains

sanitaires à Greil. Aiienberg (prince Ernest d'). f Baume-Pluvinel (de la), maréchal des logis automobiliste, lre division de l'armée britannique, tué à l'ennemi à Hoog, près Ypres, le 31 octobre 1914. Beauchamp (de), aide-major de 2e classe, 43e territorial, 4e bataillon, par Epinal.

Benoit-Bazille, Val-de-Grâce, attaché à la préparation du vaccin anti-typhoïdique (civil), délégué dans les fonctions de préparateur des travaux pratiques de parasitologie à la Faculté de médecine de Paris.

Billiard, 20e escadron territorial du train, 23e compagnie. 56a D. R., secteur 133.

Blaizot, médecin aide-major (Institut Pasteur de Tunis).

Blanc, médecin aide-major (en Serbie).

Blanchard (R.), inspecteur général des services médicaux de l'Association des dames françaises (civil).

Bonaparte (prince Roland), attaché au service topographique de l'armée (civil).

Bouvrain, sous-officier d'état-major, Belfort. f Brément, sergent au 51e régiment d'infanterie, tué à l'ennemi à Vienne-le-Château (Argonne), le 21 octobre PJ14. Brumpt, médecin major de 2e classe, préparateur de vaccin, service anti-typhoïdique de l'armée au Val-de-Grâce.

Gaullery, section de contrôle au cabinet du ministre de la guerre (civil).

Cépède, Val-de-Gràce, préparateur de vaccin, service anti- typhoïdique de l'armée (civil).

Ghappellier, caporal au 2" bataillon de chasseurs à pieds.

Ghatelet (mobilisé).

Ghatton, sous-lieutenant au 4e régiment de marche de tirail- leurs, tre division marocaine, secteur 109.

Gôutière, infirmier militaire, pharmacien en chef de l'hô- pital 104, Moulins.

XXXVI SITUATION DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ

Dollfus (Adrien), attaché à l'ambulance de Vitré (civil). Dollfus (Marc-Adrien), attaché à l'ambulance de Vitré (civil).

Dollfus (Robert), brancardier, 251e d'infanterie, 9e division de réserve, secteur 103.

Fage, sergent infirmier militaire.

Palguière, 5e section d'infirmiers militaires, Hôtel-Dieu de

Provins. Pauré-Prémiet, Val-de-Grâce, préparateur de vaccin, service

anti-typhoïdique de l'armée (civil), f Garreta, tué à l'ennemi.

Germain, attaché au service du ravitaillement du camp

retranché de Paris (civil). Gruvel (mobilisé). Guiart, médecin aide-major de ire classe, hôpital temporaire

de l'Asile des vieillards, à Villers-Gotterets. Henry (mobilisé).

Hérubel, brancardier, 82e division territoriale, par Rouen. Janet (Armand), ingénieur de la marine. Jeannel, médecin aide-major de ire classe, ambulance 13,

6e corps, secteur 30. Joubin, préposé à la vaccination, Institut océanographique

(civil). Jumentié, médecin aide-major, à la Salpètrière. Kollmann, secrétaire d'état-major, Paris. Labbé (mobilisé).

Landrieu, médecin aide-major de 2e classe, ambulance divi- sionnaire de la 83e division territoriale d'infanterie. Lavauden, capitaine au 68e bataillon de chasseurs alpins, par

Grenoble. Le Danois, sergent infirmier, hôpital de Gravelines.

Liouville, médecin aide-major, chef de service au 27e dragons, secteur 41.

Marchal, chef de section au service des parcs et abattoirs de Paris (civil).

Mathis, médecin major de P'e classe des troupes coloniales.

Neveu-Lemaire, médecin aide-major de 2e classe, hôpital mili- taire, Dunkerque.

PENDANT LA GUERRE XXXVII

Orerthûr (Joseph), médecin aide-major de irc classe, 94e d'in- fanterie, secteur 35.

Oberthûr (Henri), élève aspirant, à Saint-C\ r.

Pellegrin, médecin aide-major de lre classe, i6° ambulance, 5e corps, hôpital de Lavoye (Meuse), secteur 7.

Pérard (mobilisé).

Pérez, adjudant interprète au 144e territorial, camp de pri- sonniers de Bonnefont (Hautes-Pyrénées).

Picard, soldat au 77' régiment territorial d'infanterie (Cher- bourg).

Picqué, médecin major de 2e classe, ambulance 3, secteur 153.

Policard, médecin major, chef de l'ambulance 13, 25e division,

13e corps. Pruvot, directeur de l'ambulance du laboratoire Arago,

Banyuls (civil).

Ouidor, lieutenant d'approvisionnement, groupe de brancar- diers. 3e division, corps d'armée colonial, secteur 14.

Rabaud, médecin traitant à l'hôpital du Grand-Palais (civil).

Racovitza, attaché à l'ambulance du laboratoire Arago (civil).

Regxard (Emile), canonnier au 45e régiment d'artillerie.

Robert, chef du service des souscriptions au Secours national (civil).

Royer, médecin aide-major.

Schlegel, infirmier, ambulance 12, groupe d'ambulances 4, secteur 62.

Secoues, pharmacien aide-major de lre classe, à l'hôpital Bégin, Vincennes.

Semichon, sergent au 26e territorial.

Stique, caporal au 101e d'infanterie.

Texier, brigadier au 5e groupe de cavaliers de remonte, Fon- tenay-le-Comte.

Thévenin, délégué régional adjoint de l'Union des femmes de France, près le 5e corps d'armée, à Orléans (civil).

Vignon, lieutenant d'état-major, 04e division, secteur 120.

Vlès, adjudant infirmier au 4e zouaves, 11e bataillon. 5e armée.

YVeinberg, médecin aide-major, hôpital d'Issy.

Wixtrebert, médecin aide-major, chef de l'ambulance du laboratoire Arago, Banyuls.

COMPTES RENDUS DES SÉANCES

Séance du 12 janvier 1915..

PRÉSIDENCE DE MM. II. BLANCHARD ET M. CAULLERY, PRÉSIDENTS

M. le ministre de l'Instruction publique annonce qu'il a rap- porté le décret du 29 avril 1914, établissant à Marseille le 53e Congrès des Sociétés savantes.

La " Reale Accademia dei Lincei " annonce qu'elle a suspendu l'envoi de ses publications hors de l'Italie, mais qu'elle est dis- posée à faire les expéditions aux risques et périls des destina- taires, si ceux-ci en expriment le désir.

M. Bugnion écrit que le bulletin de vote envoyé par la Société lui est parvenu trop tard pour qu'il puisse prendre part aux élections. « Je désire en revanche, ajoute-t-il, apposer un oui bien décidé à la réponse projetée au manifeste des intellectuels allemands. »

M. Sciilegel envoie du front ses vœux de bonne année à tous ses collègues, « anciens ou conscrits, mobilisés ou non ».

M. R. Hertwig écrit :

« Mûnchen Schuckstr. i>, d. i'I. Dec. /.'>/*.

An den Conseil de In Société zoologique de France.

In seiner Sitzung vom 13. November 1914 hat der Conseil de la Société zoologique de France eine Antwort auf das Manifest der " Intellectuels allemands " beschlossen und in einem Rund- schreiben die Abfassung der Antwort den Mitgliedern der Ge- sellschaft zur Abstimmung mit der Fragestellung " ja " oder " nein " vorgelegt. Das Rundschreiben ist vor einigen Tagen verspàtet in meinen Besitz gekommen.

Ich bin seiner Zeit der franzôsischen zoologischen Gesellschaft als Mitglied beigetreten, uni zum Ausdruck zu bringen, dass die

2 SÉANCE Dl 12 JANVIER l(.»15

Gemeinsamkeil der wissenschaftlichen Intéresser! ein starkes Band ist, welches auch die politiser] einander entfremdeten Nationen vereint. In dem mir vorliegenden Rundschreiben verletzt der Vorstaiid der zoologischen Gesellschaft Frankreichs das Princip der Internationalitat der Wissensehaften, zugleich aber auch die Grundsàtze wissenschaftlicher Forschung ûber- haupt, indem erzum Zweck politischer Agitation die Mitglieder auffordert, kategorische Urtheile uber Dinge abzugeben, ûber die sie im besten Falle mir einseitig benachrichtigt sein kônnen, deren Aburtheilung einer imparteiischen Geschichtsforschung der Zukunft vorbehalten bleiben muss. Ich sehe mich daher veranlasst, meinen Austritt ans der zoologischen Gesellschaft Frankreichs zu erklaren.

Wie aile Deutschen so bedauere auch ich, dass die fran- zôsische Republik in dieser furchtbaren zugleich aber auch grossen Zeit ihren Wahlspruch " Liberté, Egalité, Fraternité ' verlâugnet liât und ihre Waffen im Interesse der serbischen Mordpolitik, des barbarischen russischen Despotismus und der kramerhaften englischen Gewinnsucht fûhrt. Ich bedauere ferner, dass die beleidigende Abfassung des Rundschreibens mir es unmôglich macht, die Formen der Hôflichkeit anzu- wenden, wélche ich gewohnt bin, auch Gegnern gegenïiber einzuhalten.

Dr. Richard Hertwig,

Professor der Zoologie u. vergl. Anatomie a. d. Universitàt Mûnchen (1).

(t) « Au Conseil de la Société zoologique, de France.

Dans sa séance du 13 novembre 1914, le Conseil de la Société zoologique <lc France a rédigé une réponse an manifeste des intellectuels allemands et, par une circulaire, a soumis à ses collègues les termes de cette réponse, pour un vote par « oui » ou par « non ». La circulaire est arrivée en retard entre mes mains, il y a seulement quelques jours.

Je suis jadis entré comme membre dans la Société zoologique de France pour exprimer que la communauté des intérêts scientifiques est un lien solide, qui unit entre elles, même les nations politiquement séparées les unes des autres. Dans la circulaire qui m'est soumise, le Conseil de la Société zoologique de France blesse le principe de l'internationalisme de la science et. en même temps, les règles primordiales de la recherche scientifique en général, en demandant à ses collègues, dans un but d'agitation politique, une réponse catégorique sur des sujets à propos desquels ils ne peuvent être renseignés, dans la meilleure hypo- thèse, que d'une façon unilatérale, et dont le jugement doit être laissé aux recher- ches historiques impartiales de l'avenir. Je me trouve par amené à donner ma démission de membre de la Société zoologique de France.

Comme tous les Allemands, je regrette que la République française, dans cette période terrible mais grande, ait renié sa devise : Liberté. Egalité, Fraternité, et ait pris les armes dans l'intérêt de la politique d'assassinat de la Serbie, du barbare despotisme de la Russie et de l'avidité mercantile de l'Angleterre. Je regrette de

SÉANCE DO 12 JANVIER 11)15 3

Sur la proposition de M. le président, il esl décidé qu'un mot de sympathie sera adressé, au nom de la Société, à M. Semtchon, blessé et prisonnier en Allemagne.

M. le professeur R. Blanchard, présidenl sortant, prononce le discours suivant (1) :

SOUVENIRS D'ALLEMAGNE « Mes chers Collègues.

Me voici arrivé à la lin do ma présidence. Au cours de l'année qui vient de s'achever, j'ai ressenti la satisfaction la plus vive à nie retrouver au milieu devons. J'ai revécu, pour ainsi dire, les plus agréables années de ma carrière, dont une si grande partie a été consacrée à notre Société.

Combien j'aurais souhaité que cette année, commencée pour moi sous d'aussi heureux auspices, s'achevât pour nous tous dans la joie et le bonheur ! Mais le destin en a décidé autrement : l'Allemagne haineuse et perfide, qui nous guettait depuis près d'un demi-siècle, ou plutôt depuis un siècle entier, car sa volonté de nous subjuguer, sinon de nous anéantir, remonte aux guerres de la Révolution et du premier Empire, a lancé sur notre pays pacifique ses hordes barbares. Depuis plus de cinq mois, notre patrie est en butte à leurs attaques féroces ; aucune des guerres passées ne nous donne l'exemple d'une pareille violence et de semblables atrocités. Aussi chacun de nous est-il en proie aux préoccupations les plus angoissantes, non quant à l'issue de ces luttes gigantesques, que nous savons devoir nous être favo- rable, mais au sujet des personnes qui lui sont chères.

plus (fiie la rédaction blessante de la circulaire me rende impossible l'emploi des formes de politesse que j'ai l'habitude d'employer même à l'égard d'adversaires.

Dr. Richard Hertwig, Professeur de zoologie et d'anatomie comparée à l'Université de Munich. »

« Le Conseil de la Société prend acte de la démission de M. R. Hertwig. Il n entend pas en discuter à fond les motifs et laisse à l'histoire le soin de proclamer (lue la cause de la Belgique et de la Serbie est celle de la liberté. Quant au reproche d'avoir manqué aux règles de la recherche scientifique en protestant contre les atrocités commises par les armées allemandes, il ne peut manquer de faire observer que l'évidence de ces faits est dès à présent égale à celle des données scientifiques les mieux établies, et cela d'après les documents allemands eux-mêmes. Si le reproche d'unilatéralité est légitime, c'est bien envers le manifeste des intellec- tuels allemands, qui n'ont pas attendu, eux, le témoignage de l'histoire. La protes- tation du Conseil n'a aucune visée politique, mais lui a été dictée par la conception du progrès moral et de la civilisation qu'inspire la recherche désintéressée de la vérité scientifique. Il a communiqué le texte du projet de résolution à tous les membres, sans exception, dans une pensée de franchise et de loyauté, et si la teneur en est pénible pour les lecteurs allemands, cela résulte de la naUire des faits et non d'une forme injurieuse dans l'expression adoptée. »

(1) Rédigé d'après la sténographie.

4 SÉANCE DU 12 JANVIER 1015

Qui de nous, en effet, n'a sur les lignes de combal un fils, un frère, un proche parent, vers lequel sa pensée s'envole avec solli- citude ? Notre Société est elle-même une grande famille; je ne puis donc manquer d'adresser un salut cordial à ceux de nos collègues qui sont aux armées ; nos vœux les plus chaleureux les accompagnent; nous savons qu'ils sont hautement pénétrés du sentiment du devoir et qu'ils seront parmi les plus braves et les plus glorieux. J'aurais été heureux de constater avec vous qu'aucun d'eux n'a. encore été atteint par le feu de l'ennemi, mais cette joie nous est refusée, car notre collègue Garreta est la première victime dont nous ayons à déplorer la perte ; espé- rons qu'il sera la seule.

La lutte gigantesque qui ensanglante l'Europe sera célèbre à jamais dans l'histoire. La France ne poursuit aucune idée de conquête et de domination ; son rôle est plus noble, son idéal plus pur et plus élevé : fidèle à sa mission séculaire, qui lui vaut une place à part dans l'histoire des peuples, elle est, cette fois encore, le champion de la justice et du droit ; elle veut abattre à tout jamais le règne de la force brutale et faire luire pour l'humanité l'aurore de temps nouveaux les nations, qu'elles soient puissantes ou faibles, vivent dans une paix confiante et sûre et donnent libre essor aux germes de civilisation que cha- cune d'elles renferme en elle-même. Les soldats de cette époque héroïque, je parle cle ceux qui combattent dans nos rangs ou avec nous, seront à jamais clignes du respect et de l'admiration des générations futures. Je crois donc répondre à votre sentiment intime, en vous proposant d'inscrire à perpétuité en tète de notre Bulletin le nom de ceux cle nos collègues qui seront morts au champ d'honneur. (Vive approbation).

L'année 1014 nous a ravi six de nos collègues les plus anciens et les plus estimés. J'ai déjà rendu hommage à la mémoire du Dr Marmottan, membre fondateur de la Société, ainsi qu'à celle du professeur Léon Vaillant, entré parmi nous en 1880, prési- dent en 1805 et président d'honneur de notre Assemblée- géné- rale en 1007. J'ai maintenant le douloureux devoir d'adresser un suprême adieu à Sir John Murray, à Albert Maës et à Ernest Olivier.

Le célèbre naturaliste anglais que je viens de nommer était membre honoraire cle notre Compagnie depuis 1807. Il est trop connu pour qu'il soit nécessaire de vous faire son éloge ; nul n'ignore qu'il s'est illustré par sa participation aux explorations sous-marines du Challenger, puis par la publication de l'ouvrage

SÉANCE DU 12 JANVIER l(JI5 5

considérable sont consignés les résultats de cette fameuse

expédition.

Maës était notre collègue depuis 1893. Il a donné à notre Bulletin d'intéressantes communications sur divers spécimens de sa magnifique collection d'Oiseaux et de Mammifères d'Eu- rope. Il portait spécialement son attention sagace sur les varia- tions de couleur du pelage et du plumage; il en avait rassemblé patiemment une très importante série.

Ernest Olivier faisait partie de notre Société depuis 1892. Descendant du célèbre entomologiste qui a tant contribué à la publication de YEncuclopédic méthodique, il était entomologiste lui-même. Il avait constitué une très importante collection de Coléoptères et, en outre de recherches sur la faune du centre de la France, il s'adonnait plus spécialement à l'étude des Elaté- rides. Il partageait son temps entre Moulins et sa propriété des Ramillons, qui était pour lui un riche champ d'observations. Il publia pendant nombre d'années la Revue scientifique du Bourbonnais, l'on trouvera un grand nombre de ses travaux.

Dans notre Société, il est de tradition qu'une amicale solida- rité unisse tous les collègues. Nous sommes douloureusement atteints, quand l'un de ceux-ci vient à disparaître ou vient à être frappé dans ses plus chères affections. En revanche, nous sommes heureux du bonheur qui leur échoit. C'est donc avec un réel plaisir que je félicite ceux d'entre nous qui ont été, dans le cours de cette année, l'objet de promotions ou de distinctions honorifiques.

Notre vice-président, ou plutôt mon très distingué successeur, M. le professeur Caullery, auquel j'aurai dans un instant le plaisir de transmettre le fauteuil présidentiel, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur : juste récompense des travaux remarquables qui lui ont valu depuis longtemps la plus grande notoriété. Notre dévoué secrétaire général, M. A. Rorert, a été nommé officier de la Couronne d'Italie. Notre bibliothécaire. M. Germain, a reçu les palmes d'officier de l'Instruction publique ; M. Benoit-Bazille, celles d'officier d'Académie ; M. Nibelle a été élu député ; le professeur Yung, de l'Univer- sité de Genève, a été élu correspondant de l'Académie des sciences.

L'un de nos plus anciens collègues, l'éminent ornithologiste belge, le Dr Alphonse Dubois, a été l'objet d'une touchante manifestation de sympathie, à laquelle notre Société s'est associée, à l'occasion du cinquantenaire de son doctorat. Le prix

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Louis Petit, fondé par notre cher et sympathique collègue. membre fondateur de la Société, a été décerné pour la première t'ois ; il a été attribué à notre ancien président, M. Xavier Raspaïl, pour l'ensemble de ses très remarquables travaux sur les mœurs des Oiseaux et des Mammifères de notre pays.

Enfin, notre jeune collègue, le Dr Aldo Perroncito, naguère libero docente à l'Université de Pavie, a été nommé après con- cours professeur à l'Université de Cagiiari. Pils de notre cher et éminent collègue et président d'honneur, le professeur Edoardo Perroncito, de l'Université de Turin, il entre lui-même dans la grande famille professorale il a été précédé encore par deux autres illustrations familiales, ses oncles, les professeurs Golgi et Rizzozero. Sous de tels auspices, il ne peut manquer de porter lui-même très haut le renom de la science italienne.

Nos collègues Alluaud, Anthony, Blaizot, Bordas, Brôle- mann, Chatton, Fabre, Fauré-Fremiet, Joubin, Liouville, Pel- legrin et Picqué ont été proclamés lauréats de l'Académie des sciences. Qu'ils reçoivent mes bien sincères félicitations.

Les tragiques événements de l'heure présente reportent irré- sistiblement ma pensée vers l'époque déjà lointaine j'étudiais en Allemagne et vers les nombreux voyages que, depuis lors, j'ai accomplis dans ce pays. Peut-être trouverez-vous quelque intérêt à connaître les circonstances clans lesquelles je me suis décidé à visiter ce pays et quelques-unes des impressions que j'en ai rapportées. En effet, après l'année terrible, j'ai été le premier étudiant français qui ait renoué des relations avec l'Allemagne scientifique et particulièrement avec les Universités et les laboratoires.

Quand je vins à Paris, en 1874, pour y prendre ma première inscription de médecine, je n'avais guère plus de dix-sept ans. Poussé par le désir de connaître tous les professeurs de la Faculté, je fis quelques apparitions à tous les cours, en outre de ceux que mon programme m'engageait à suivre assidûment. Le professeur Charles Robin m'intéressa d'une façon toute spé- ciale. Sans manquer de respect à sa mémoire, je puis bien dire que son éloquence n'était pas des plus entraînantes ni son lan- gage des plus limpides : d'épaisses ténèbres dérobaient à mes yeux l'éclat des vérités qu'il prétendait nous dévoiler, et je crois bien que les autres auditeurs n'y voyaient pas plus clair que moi, mais cette obscurité était sillonnée parfois de lueurs fulgu- rantes, permettant d'entrevoir tout un monde inconnu qui sem- blait plein de promesses.

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C'est ainsi que les splendeurs de la micrographie se révélèrent à moi. Je résolus d'étudier cette science nouvelle, si attrayante, bien que d'apparence si rébarbative, et je m'enquis de labora- toires où Ton pourrait m'y initier. On m'indiqua le Laboratoire d'histologie zoologique de l'Ecole pratique des Hautes-Etudes ; précisément, Charles Robin en était directeur et Georges Pou- chet directeur-adjoint; le premier ne s'y montrait jamais, le second y passait toutes ses journées. Ce sanctuaire était des plus modestes. Il occupait deux étages du 8 de la rue du Jardinet; le rez-de-chaussée et le premier étage étaient loués à un bro- cheur. Cette pauvre vieille maison a disparu lors du percement de la rue Danton.

Un certain jour du printemps de 1876, je sonnai donc à la porte du laboratoire. Je fus reçu par un jeune homme barbu, qui fumait une grosse pipe. Je lui expliquai l'objet de ma visite ; à ma grande appréhension, il m'introduisit alors auprès d'un homme plus âgé, qui travaillait au microscope et dont la brus- querie m'intimida fortement. Le premier était Frédéric Tour- neux, préparateur du laboratoire (1) ; le second était Georges Pouchet, directeur-adjoint. Ils m'acceptèrent comme élève et le jour même, aidé des conseils de Tourneux, j'examinai l'épi- démie de la Grenouille et fis ma première préparation microsco- pique. Dès lors, je fréquentai très assidûment le laboratoire et bientôt ces deux maîtres me témoignèrent une bienveillance qui ne s'est jamais démentie.

Quelques mois plus tard, Georges Pouchet fut nommé maître de conférences de zoologie à l'Ecole normale supérieure. Il pria Tourneux de voir si quelqu'un des élèves du laboratoire ne lui semblerait pas capable de remplir auprès de lui les fonctions de préparateur et de secrétaire particulier. Le choix se porta sur moi. J'entrai on fonctions un certain samedi.

Pouchet faisait alors des recherches sur la tératologie expé- rimentale de l'œuf de Poule ; il faisait incuber ses œufs dans une étuve d'Arsonval. Du ton bourru dont il aimait faire usage pour intimider les jeunes gens, mais sous la rudesse apparente duquel on ne tardait pas à découvrir une grande bonté, il m'ex- pliqua sommairement de quelle manière se réglait la tempéra- ture. « Et surtout, ajouta-t-il, ne me cassez pas mon thermo- mètre ». J'étais très inexpérimenté, je n'avais jamais touché pareil instrument. Cette recommandation finale était de nature

(1) Depuis lors professeur d'histologie et embryologie à la Faculté de médecine de Lille, puis à celle de Toulouse.

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à augmenter ma maladresse; aussi le résultat ne se fit-il pas attendre : j'eus bientôt l'ait de briser le thermomètre et cela, comme bien l'on pense, eut les plus désastreuses conséquences pour la couvée et pour moi-même, car il me fallut remplacer l'instrument. Ce fut le premier, l'un des plus cuisants, mais non le seul sacrifice que je fis en l'honneur de la science.

Inauguré dans de telles conditions, mon travail sous la direc- tion du professeur Georges Pouchet fut aussi intense que varié. Il me mettait à toutes besognes : ses articles du Siècle, le Traité d'histologie qu'il allait bientôt publier avec Tourneux, ses recherches personnelles m'occupaient tour à tour. Il était content de moi, et allait jusqu'à me le dire, parce que je lisais l'anglais ; il pestait sans cesse contre moi, parce que j'ignorais l'allemand ; il me traitait alors en termes qui tout d'abord m'humiliaient ou excitaient mon ressentiment, mais je compris bientôt que c'était sa manière à lui de me témoigner de l'intérêt : ce bourru volontaire était, dans l'intimité, le causeur le plus agréable, le plus charmant homme du monde.

Les études scientifiques m'intéressaient vivement ; à part moi je reconnaissais que Pouchet avait raison, et je me demandais comment je pourrais faire pour apprendre promptement et com- plètement l'allemand, quand un beau jour il me dit :

« Mon gaillard, vous ne ferez jamais rien de bon, tant que vous ne saurez pas l'allemand ; je ne veux plus vous garder avec moi ; vous allez filer en Allemagne. »

Inquiet de cette algarade inattendue, je lui concédai qu'assu- rément il me serait avantageux de connaître l'allemand, mais j'objectai que ma mère ne consentirait peut-être pas facilement à me laisser partir.

« C'est bon, me dit-il, j'irai la voir. »

Et, comme il l'avait dit, il s'en vint trouver ma mère. Elle ne l'avait jamais vu, mais elle savait les tourments qu'il m'avait causés, quels sentiments contradictoires il m'avait inspirés. Aussi n'est-ce pas sans appréhension qu'elle reçut sa visite.

« Madame, lui dit-il, votre fils est un brave garçon, je l'aime comme s'il était mon fils et son avenir me préoccupe. Il réussira dans la carrière scientifique, mais il est indispensable qu'il connaisse mieux les langues vivantes et qu'il sache l'allemand. Il faut l'envoyer en Allemagne ; je vous en apporte le moyen ; laissez-moi faire, je vous réponds de lui. »

Le Conseil municipal de Paris avait voté récemment une cer-

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laine somme pour instituer des bourses de voyage à l'étranger en faveur d'élèves de l'Ecole des hautes études : le Laboratoire d'histologie zoologique dépendant de cette Ecole, Pouchet avait obtenu pour moi, sans m'en rien dire, une bourse de 1.250 francs. Il lit part à ma mère de cette nouvelle inattendue, qui était la preuve convaincante de ses bons sentiments à mon égard. La somme était minime, sans doute, mais il ne fallait considérer que l'intention affectueuse et le geste généreux. Il fut donc décidé que j'irais en Allemagne.

A cette époque, le professeur Vulpian était doyen de la Faculté de médecine. Je fréquentais, en qualité de stagiaire, son service médical de la Charité; il avait pour interne-médaille d'or mon compatriote et ami F. Raymond, qui devait par la suite occuper si brillamment la chaire de clinique des maladies ner- veuses, illustrée par Charcot. Je demandai au doyen l'autori- sation de m'absenter, puis celle de prendre cumulativement, à mon retour, mes douzième à seizième inscriptions. Il approuva hautement mon projet de séjour aux Universités de langue alle- mande, mais ne put me faire espérer mes quatre dernières ins- criptions que si je lui rapportais des certificats des professeurs dont j'aurais fréquenté les cours ou les laboratoires. Ce qui fut fait. Je restai absent toute une année scolaire, j'obtins les quatre inscriptions espérées, et c'est ainsi que je fus dispensé d'accom- plir la scolarité correspondant à la quatrième année d'études médicales.

Je quittai Paris le 6 août 1877. Le lendemain, j'étais à Stras- bourg. Mon camarade Georges Huter, qui venait d'achever sa quatrième année de médecine à Paris, me fit les honneurs de la ville. Je n'avais pas vu les horreurs de la bataille, mais j'avais connu celles de l'invasion, et c'est avec une angoisse profonde, dont je n'ai jamais pu me défaire à mes passages ultérieurs, que je visitai sous sa conduite cette ville fameuse, qui avait donné tant d'illustrations à la France et que ses nouveaux maîtres germanisaient à outrance.

Le plan des nouveaux quartiers était tracé ; de toutes parts s'élevaient ces constructions vastes et prétentieuses, d'une architecture souvent fâcheuse, qui caractérisent l'Allemagne impériale. On travaillait activement à l'édification des Instituts d'anatomie, d'anatomie pathologique, etc., que dirigeaient des professeurs d'une réputation considérable, tels que Waldeyer et von Recklinghausen. Je fus, je l'avoue, très impressionné par l'ampleur de ces constructions qui contrastaient si singulière- ment avec la misère et l'exiguïté de nos laboratoires.

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Cette première impression n'a fait que s'aviver pendant toute la durée de mon séjour en Allemagne, puis au cours des nom- breux voyages que je fis ultérieurement dans ce pays. Nous sommes très loin, actuellement, de la misère se trouvaient alors nos institutions scientifiques, car on a beaucoup fait pour elles depuis trente ans, mais nous continuons à être distancés notablement par l'Allemagne et plusieurs autres pays ; il nous faut encore accomplir un sérieux effort pour nous mettre à leur niveau. La France nouvelle, qui va se dégager glorieuse et forte des horreurs de la guerre actuelle, saura consacrer aux Univer- sités et à leurs Laboratoires les sommes considérables qui leur manquent, c'est-à-dire les moyens d'action qu'ils attendent pour s'organiser, pour atteindre leur développement nécessaire et pour arriver à leur pleine et entière activité scientifique. L'argent n'est pas seulement le nerf de la guerre, il est aussi celui de la science. Mais des considérations de cette nature ne doivent pas m'arrêter ici; elles pourront venir plus à propos clans une autre circonstance.

Le soir venu, Hûter m'emmena dîner à la brasserie. Nous pénétrâmes dans une petite salle enfumée qu'occupaient déjà quelques clients, tl salua l'un d'eux avec les marques de la plus grande déférence; il me présenta et cet homme, apparemment considérable, me fit asseoir auprès de lui. Nous dînâmes ensemble et c'est ainsi que je ils la connaissance du professeur Waldeyer. Son livre fameux, Eierstock und El, paru en 187U, lui avait valu la chaire d'anatomie de Strasbourg, de cette Université que l'empire d'Allemagne voulait grandiose et flo- rissante, pour effacer, autant que possible, la glorieuse histoire de notre Ecole de santé militaire. Waldeyer fut charmant ; je n'étais rien qu'un tout jeune homme désireux de s'instruire et il était déjà célèbre. 11 se tirait assez péniblement de la langue française et moi je n'avais encore que des rudiments de la langue allemande. Malgré cela, Hùter servant d'inter- prète dans les moments difficiles, la conversation ne languit pas. 11 s'intéressa beaucoup à Robin, à Ranvier et surtout à Pouchet qu'il savait être mon maître et dont l'esprit original l'intéressait particulièrement. Depuis lors, j'ai eu maintes fois l'occasion de revoir le professeur Waldeyer ; il se rappelait toujours notre première rencontre dans la brasserie strasbour- geoise, et il me témoignait toujours la même amicale courtoisie qu'à cette époque lointaine. Les dernières fois que je le vis, c'était à la table amicale du professeur Georges Hervé, lors du

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cinquantenaire de la Société d'anthropologie, puis à Londres en 1913, lors du Congrès international de médecine. Qui eût pu croire alors qu'un homme d'une telle intelligence, d'une si haute importance scientifique, deviendrait le propre bourreau de son honneur, en signant l'odieux manifeste adressé par les quatre- vingt-treize intellectuels allemands au monde civilisé ?

Le lendemain, je partais pour Vienne. En cette saison, l'Uni- versité était fermée, mais les vacances ne seraient pas perdues pour moi, puisque j'avais à me familiariser avec la langue alle- mande au point de pouvoir suivre les cours à la rentrée d'octobre. A la reprise des cours, je m'inscrivis au Laboratoire d'embryologie et reçus le meilleur accueil du professeur S. L. Schenk, pour lequel Pouchet m'avait remis une lettre d'intro- duction.

Le laboratoire occupait trois ou quatre petites pièces de l'an- cienne Fabrique de fusils (Gewehrfabrik), au bas de l'Alser- strasse ; il était pauvre, manquait de tout et ne vivotait que grâce aux sommes payées par les élèves. Je dois dire toutefois que là, comme partout ailleurs, la recommandation de mon maître Pouchet, mon titre de boursier de la ville de Paris et, sans doute aussi, l'heureuse circonstance de posséder un étu- diant de nationalité française, Oiseau toujours rare dans les Uni- versités de langue allemande, et plus rare encore depuis les terribles événements de 1870-1871, m'ouvrirent toutes les portes, sans que j'eusse à payer ni immatriculation ni droits de labora- toire. Nous étions très peu nombreux, et presque tous étrangers. Je retrouvai le Dr Motta-Maia, de Rio de Janeiro, que j'avais connu à Paris, au laboratoire d'histologie du Collège de France, et qui devait être plus tard médecin de Sa Majesté l'Empereur du Brésil, aux tristes heures de la déchéance. J'avais comme autre compagnon un Turc, le Dr H..., qui parlait fort bien le français, comprenait assez bien l'allemand, mais pour lequel l'embryo- logie restait la plus mystérieuse des sciences ; il a occupé par la suite une haute situation médicale dans l'armée ottomane. Un autre encore était un accoucheur italien, qui avait l'ambition légitime de s'initier aux arcanes de l'embryologie, ainsi qu'aux subtilités de la langue allemande ; je crois fort que l'une et l'autre lui restèrent assez rébarbatives et je le vois encore se tordant de rire, parce qu'il avait rencontré dans le livre de Schenk le mot Fetttrôpichcn, d'une prononciation délicate et dans lequel il y avait jusqu'à trois t consécutifs. Avec son exubérance méridionale, il m'expliquait dans son harmonieux

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idiome combien nous avions tort, nous autres Latins, d'attacher de l'importance à ces langues barbares qui n'avaient ni grâce, ni sonorité, ni limpidité, ni souplesse, alors que l'italien et le français possédaient au plus haut degré ces qualités magni- fiques. J'ai toujours pensé que cette opinion de mon camarade le Dr AI... n'était pas tout à fait déraisonnable.

Le professeur Brûgke occupait alors à l'Université de Vienne la chaire de physiologie. Son laboratoire était à la Gewehrfabrik et c'est aussi qu'il faisait son cours. Schenk, son ancien assistant, m'obtint l'autorisation de le suivre. Quel contraste avec l'enseignement vivant et alerte de nos professeurs français ! Bruche était solennel, prétentieux, obscur, parlant par apho- rismes, et ceux-ci étaient d'autant plus nuageux qu'ils ne repo- saient guère que sur des conceptions théoriques, à l'exclusion de toute expérimentation. Les auditeurs étaient nombreux, environ soixante-quinze; ils écoutaient religieusement, prenant peu de notes, mais suivant la leçon sur le livre clu maître et soulignant les phrases, les expressions, les passages qui leur paraissaient d'une particulière profondeur. C'est une mode assez répandue parmi les étudiants d'Autriche et de Russie que de maculer ainsi leurs livres d'études. J'ai connu un serbe de Hongrie qui avait souligné à peu près d'un bout à l'autre préci- sément le livre de Brucke. Suivant l'impression causée par la lecture, il faisait usage de crayons noir, bleu ou rouge. Je dois dire, pour l'avoir contrôlé, que le lendemain il ne savait plus attribuer aucune signification aux différentes couleurs.

Les professeurs Glaus et Schmarda enseignaient alors la zoo- logie. Je n'eus pas de relations avec le premier, qui avait la réputation d'être assez peu aimable, mais j'avais une lettre d'introduction auprès du second, qui me donna l'autorisation de suivre ses cours et eut pour moi les plus aimables attentions. D'origine tchèque, Schmarda ne me cacha pas ses vives sym- pathies françaises ; il me parla dans les termes les plus enthou- siastes de son passage au Muséum d'histoire naturelle, ainsi que des zoologistes qu'il y avait rencontrés. Son enseignement était très élémentaire, mais d'une grande limpidité, et c'est à cette qualité, toujours rare chez les professeurs qui s'expriment en langue allemande, qu'il devait son grand succès.

Le Alusée d'histoire naturelle, le Hofnaturalienkabinet, comme il s'appelait alors, était encore installé dans les dépendances du palais impérial. Il avait déjà pour directeur le Dr. Franz Stein- dachner, qui me fit l'accueil le plus cordial et me reçut très

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amicalement chez lui. Nos relations, sans être suivies, n'ont jamais cessé depuis lors ; leur souvenir m'est aussi cher que le premier jour et je ne puis me faire à l'idée de traiter en ennemi cet excellent homme. Je dois aussi un souvenir au Dr. August von Pelzbln, conservateur de la section ornithologique, qui maniait très bien mitre langue et prenait plaisir à faire avec moi de longues conversations. Son jeune collègue, le Dr. Emil von Marenzeller, est lui-même un gentleman d'une parfaite édu- cation; je ne l'ai connu que par la suite et nos rencontres m'ont toujours laissé le plus agréable souvenir.

J'allai passer les fêtes de la Noël à Pesth, par une température sibérienne et au milieu d'énormes amoncellements de neige. La ville n'était pas encore fusionnée administrativement avec celle d'Ofen ou de Bude, qui occupait l'autre rive du Danube. Elle n'était encore qu'un grand village, mais l'éventrement en était commencé et deux ou trois nouvelles artères étaient tracées, prélude de ci>* vastes et belles avenues qui font l'admiration des visiteurs actuels de la capitale hongroise. Les institutions médi- cales, hôpitaux et laboratoires, étaient misérables. Le professeur Lenhossek me reçut dans son cabinet de travail envahi par les plâtras et par une épaisse couche de poussière.

Je passai encore deux mois à Vienne et, aux environs du 1er février, me mis en route pour l'Allemagne. En passant à Prague, je reçus de la part du professeur Anton Eric un cha- leureux accueil, non à cause de ma très modeste personnalité, mais parce que j'étais Français. Jusqu'à sa mort, survenue à une date assez récente, nos relations n'ont jamais cessé d'être des plus suivies.

Deux jours après, j'arrivais à Leipzig. Charles Robin m'avait rends une lettre pour le professeur Wilhelm His, qui occupait avec éclat la chaire d'anatomie, d'histologie et d'embryologie. His était de Zurich ; élevé en Suisse, il parlait admirablement le français, avec une douceur d'intonation, une absence d'accent et une justesse d'expression qui n'eussent jamais laissé supposer que l'allemand était sa langue maternelle. Il parlait d'ailleurs celui-ci avec une douceur exceptionnelle, sans articuler aucun de ces sons gutturaux qui rendent parfois si désagréable l'idiome germanique. 11 me reçut chez lui à maintes reprises et jamais, pendant nia longue absence, je ne me suis senti si près du pays natal. 11 m'ouvrit aussi très libéralement les portes de son Institut d'anatomie. je passai deux mois, étudiant l'em- bryologie de la Truite et du Saumon, suivant la mode du jour.

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Le 12 février 1878, au matin, His vint me trouver dans la pièce je travaillais. Il était tout bouleversé. « Claude Bernard est mort », me dit-il en pleurant, et, la voix étreinte par rémotion, il me raconta la visite qu'il avait faite à notre illustre physiolo- giste, lors de son dernier voyage à Paris, les propos échangés avec lui et la vénération profonde qu'il avait vouée à ce savant incomparable, tout à la fois si grand, si simple et si bon. Dès mon arrivée à Paris, en 1874, j'avais fréquenté assez assidûment les séances de la Société de biologie, pour cette simple raison que, certain samedi, F. Raymond m'y avait donné rendez-vous ; j'y avais pris grand intérêt et j'y étais revenu assidûment. Claude Bernard m'était donc bien connu : l'éloge que le pro- fesseur His m'en faisait en termes si émouvants ne me laissa pas indifférent et, pendant quelques instants, nous nous unîmes en une même émotion.

Les fameux Instituts de l'Université de Leipzig étaient déjà construits et faisaient l'admiration du monde. J'eus bientôt mon entrer dans quelques-uns d'entre eux, notamment à l'Institut de physiologie, dirigé par le professeur Karl Ludwiu, et à l'Institut de zoologie, dirigé par le professeur Rudolf Leuckart. Je suivis par intermittence l'enseignement de ces deux maîtres éminents, qui m'honorèrent de leur amitié. Le fils de Leuckart, étudiant en chimie et mort peu d'années après, était devenu mon ami.

Le retour du printemps engageait à la promenade et le profes- seur Ludwiu, à la lin des belles journées, rassemblait ses élèves cl s'en allait avec eux sur la route de Gohlis, de Lindenau, de Cônnewitz ou de quelque autre village. J'ai participé plus d'une fois à ces amicales excursions : chemin faisant, on chantait quelques mélodies empruntées au Commersbuch, puis on s'arrê- tait sous la tonnelle pour y boire de la bière et le maître racontait quelques bonnes histoires. On revenait en chantant ; pour nie faire honneur, on entonnait une chanson en dialecte local :

Mei Leipzig is a klee Paris, Mei Leipzig lob ich mir.

A très peu de frais, on avait passé quelques heures exquises; la familiarité avec laquelle le maître nous traitait ne faisait qu'augmenter la respectueuse affection que nous avions pour lui.

Je ne vous surprendrai donc point, mes chers collègues, en vous avouant très franchement que ces souvenirs resteront malgré tout parmi les meilleurs de ma jeunesse.

Les vacances cle Pâques furent pour moi le signal du départ. Je me rendis à Berlin, je restai près de deux mois sans tra-

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vailler dans aucun laboratoire. Néanmoins, j'eus des relations constantes avec quelques-uns des jeunes savants qui commen- çaient à acquérir de la notoriété. Une visite à l'Institut de phy- siologie me mit en relations avec Ghristiani, avec Baumann et avec Sachs. Ions trois morts prématurément, et avec Kronecker, qui devait bientôt passer en Suisse et occuper la chaire de phy- siologie de l'Université de Berne. Une visite à la clinique du professeur Westphal me fit connaître son assistant, Albert; Adamkiewicz, qui n'allait pas tarder à obtenir une chaire à l'Université de Cracovie. Tous les cinq furent pour moi d'excel- lents amis; Sachs se tenait plus à l'écart, mais les quatre autres ont été mes compagnons de chaque jour. Nos longues prome- nades vespérales ou nocturnes et nos conversations sans fin onl eu la plus heureuse influence sur mes progrès en allemand. Ils m'ont témoigné une très sincère amitié, dont je leur resterai reconnaissant. Ghristiani, notamment, m'en a donné la preuve dans les circonstances que je vais dire.

Le professeur Emil du Bois-Beymond, d'origine française et descendant de huguenots émigrés en Suisse, puis en Allemagne, était directeur de l'Institut physiologique. J'y allais souvent ; j'eus l'honneur de lui être présenté, mais son accueil fut des plus réservés. Il était recteur de l'Université de Berlin en octobre 1870. A la réouverture de l'Université, il traita dans son discours de la « guerre allemande » (Ueber den deutschen Krieg) ; il y accuse notre pays de toutes les vilenies, de toutes les infamies et conclut en déclarant publiquement qu'il rougit de porter un nom français. Comme bien on pense, ces paroles tirent sensation. Par la suite, en décrivant dans ses cours quelque expérience d'électro-physiologie et en comptant de com- bien de degrés se déplace l'aiguille du galvanomètre : « Trois, quatre, cinq degrés ; ah ! messieurs, que nous sommes loin de cinq milliards ! ! ». De tels excès de langage, inexcusables dans la bouche d'un savant illustre ou du moins considéré comme tel, membre des Académies, conseiller secret de l'empereur, firent sensation, comme bien l'on pense. Quand j'arrivai à Berlin, on les citait encore couramment et je ne tardai pas à en avoir connaissance de différents côtés. Je ne pouvais donc avoir aucun doute sur leur réalité et c'est pourquoi je les racontai dans mes lettres sur les Universités allemandes, publiées par le Progrès médical (1).

(1) Cf. R. Blanchard, Les Universités allemandes (Paris. in-S° de in-268 p.. 1883). Les divers chapitres composant cet ouvrage ont été publiés d'abord, sous forme de lettres, dans le Progrès médical.

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Les deux lettres au j'ai relaie ces faits oui paru, l'une le Il décembre 1880, l'autre le 7 mai 1881. Le professeur du Bois- Reymond en eul connaissance et crul devoir nier les propos que je lui attribuais, par une lettre en date du 7 juillet 1881, qui l'ut publiée dans le Progrès médical le 13 août suivant, .l'avoue que sa dénégation nie nul dans un certain embarras. J'étais persuadé de l'exactitude des finis incriminés, mais pourrais-je en donner la preuve? Je fis venir de Berlin le discours rectoral de mon contradicteur; on m'envoya la seconde édition et nulle part ne se trouvait aucune allusion aux paroles que j'ai rapportées plus haut. J'écrivis ma déconvenue à l'un de mes amis, en le priant de rechercher la première édition : il ne put se la procurer, les exemplaires ayant été promptement retirés de la circulation. rachetés par l'auteur, avant que l'édition ne fût épuisée. 11 ne nie restait plus qu'à consulter à la Bibliothèque nationale la collec- tion des journaux de l'époque; ils étaient remplis des nouvelles de la guerre et se taisaient sur la cérémonie ou n'en donnaient qu'un très sommaire compte rendu. A force de recherches, je trouvai enfin, dans la National-Zeitung du \ août 1870, un pas- sage des plus explicites, qui me donnait la preuve tant cherchée. Dans le numéro même du Progrès médical l'ut publiée la lettre de du Bois-Beymond, je fis donc suivre celle-ci d'une réponse décisive, bien que rédigée en termes très modérés, à laquelle il n'a jamais été répondu.

Sur ces entrefaites se tenait à Paris le premier Congrès inter- national d'électricité. Du Bois-Beymond et Christiani s'y ren- dirent comme délégués du gouvernement allemand. Christian! vint m'annoncer confidentiellement que du Bois-Reymond vou- lait me voir, comptant bien que je serais subjugué par sa haute personnalité et que je lui ferais des excuses. Voici ma réponse, lui dis-je, et je lui tendis le Progrès médical. 11 lut mon article, nie serra la main et me dit : « Je ne me charge pas d'apprendre cela à M. du Bois-Beymoxd ; j'ai simplement mission de m'in- former à votre insu il peut vous rencontrer; que dois-je lui dire - - « Bien, il me trouvera tous les jours au laboratoire d'anatomie comparée du Muséum, entre quatre et six heures. »

Je prévins Pouchet de l'incident ; il le connaissait déjà dans ses grandes lignes, mais n'avait pas encore eu les textes sous les yeux. Après les avoir lus : « Vous ne pouvez pas recevoir di Bois-Reymond. me dit-il; je m'en charge; ne venez pas ici. » Le lendemain, vers cinq heures, du Bois-Beymoxd vint à la rue de Buffon. 11 me demanda ; on l'introduisit auprès de Pou-

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chet. « Monsieur le professeur, lui dit celui-ci. vous ries un grand savant et chacun a pour vous beaucoup de respect, eu raison de vos ira vaux scientifiques, mais je me doute de la raison pour laquelle vous désirez parler à M. Blanchard. Il n'y a pas lieu de discuter avec lui la question qui vous divise, car voici un document qui prouve qu'il a dit la vérité; parlons donc d'autre chose. »

A ces mots, du Bois-Reymond perdit contenance. « C'était pitié, me dit Pouchet le lendemain, de voir ce vieillard devenir blême en prenant connaissance du texte que j'avais mis sous ses yeux. Il se mit à balbutier et ne sut que me dire : « Mon- sieur Pouchet, au revoir. »

L'affaire fut connue d'Henri Beauregard, de Raoul Boulard, d'Henri Gervais. Elle se propagea rapidement, si bien que, quelques jours après, quand du Bois-Reymoxd se présenta au Collège de France pour voir le professeur Ranvier, celui-ci refusa de le recevoir.

Je ne dirais rien de mon séjour à Bonn, je passai deux à trois mois, si je n'éprouvais le besoin d'adresser un salut recon- naissant au professeur Franz von Leydig, qui me reçut dans son laboratoire de la façon la plus courtoise et la plus libérale. C'était un homme d'une très grande douceur de caractère, d'une parfaite bonhomie, qui s'attardait volontiers à causer avec moi de la façon la plus simple et la plus cordiale. Ses élèves étaient peu nombreux; j'étais seul avec Arthur Hanau, qui devint par la suite directeur-médecin de l'hôpital cantonal de Saint-Gall, en Suisse. L'assistant de l'Institut zoologique faisait alors son année de volontariat dans les dragons; il se montrait chaque jour pen- dant quelques instants, vêtu d'un magnifique uniforme dont le col et les parements étaient d'un beau jaune de chrome. Il s'appelait Max ^'euer. Sa mère étant Hollandaise, il passa l'année suivante dans les Universités des Pays-Bas, et c'est lui maintenant qui occupe avec éclat la chaire d'anatomie comparée do l'Université d'Amsterdam. Malgré son grand sabre et ses éperons retentissants, il était alors un fort aimable compagnon; il a gardé cette courtoisie délicate, qui donne tant de charme à sa fréquentation.

Dans le courant de juillet 1878, je revins à Paris. Deux mois après, j'étais nommé préparateur du cours de physiologie de la Sorbonne et devenais ainsi l'élève du célèbre physiologiste Paul Bert. Dans mon discours du 13 janvier 1914, j'ai dit quelles avaient été alors mes relations avec la Société zoologique do

IS SÉANCE DU J2 JANVIER L915

France. Si j'y rêvions, c'esl parce qu'effectivement notre Société :i été mêlée, pendant vingt-deux années consécutives, à ma propre existence. Elle a été aussi, dans plus d'une circonstance, pour une certaine part dans les très nombreux voyages que j'ai accomplis à travers l'Autriche et l'Allemagne.

En J 803, la Société me chargea de la représenter, avec notre collègue le baron Jules de Guerne, à doux solennités qui devaient rassembler la plupart des zoologistes d'outre-Rhin. La Société des naturalistes des pays du Rhin et de Westphalie (Naturhistorischer Verein (1er preussischen Rheinlande und Westphalens) célébrait à Bonn le cinquantenaire de sa fondation; la Société zoologiqne allemande tenait à Gôttingen ses assises annuelles.

A Bonn, des naturalistes de tendances diverses, mais tous de la région rhénane, s'étaient donné rendez-vous ; le pins mar- quant d'entre eux était Ph. Bertkau, l'arachnologiste ; le monde universitaire brillait par son absence à peu près complète. Nous primes part à plusieurs banquets ; l'un d'eux était pré- sidé par le Dr. Spiritus, bourgmestre de Bonn et député au Reichstag; on y fit assaut d'éloquence et de courtoisie; il me fut facile d'évoquer les anciens souvenirs de mon séjour à Bonn et de mes excursions aux vieux châteaux du Rhin.

A Gôttingen, l'assistance était très nombreuse; les Universités d'Allemagne, et d'Autriche et la plupart des grandes Ecoles et des Musées étaient représentés par leurs zoologistes les pins marquants. Les communications furent savantes et nombreuses. La conférence, du professeur Ziegler, de l'Université de Fri- bonrg-en-Brisgan. obtint un succès considérable ; elle traitait des relations de la science des animaux avec la sociologie. Je croyais bien connaître le caractère et la tournure d'esprit des savants d'Allemagne, mais j'avoue que cette conférence fut pour moi une révélation. Un tel sujet n'aurait eu parmi nous qu'un succès d'estime; il fut salué par de chaleureux applaudissements. Ce jour-là seulement, je me rendis compte de l'attrait exercé par les théories nuageuses sur les Allemands cultivés, sur ceux-là mêmes que leur éducation scientifique aurait éloigner le plus des abstractions métaphysiques. Combien leur mentalité em- brumée est loin des conceptions lumineuses de l'esprit français ! Depuis cette heure décisive, j'ai ressenti chaque jour plus vive- ment le contraste fondamental qui sépare nos deux éducations, tout comme il différencie les doctrines scientifiques et les sys- tèmes philosophiques de nos deux nations.

SÉANCE DU 12 JANVIER 1915 19

Dans mon discours du 13 janvier L914, j'ai rappelé dans quelles circonstances avail été créé le Congrès international de zoologie. La réunion de Paris, en 1889, ne fui fréquentée que par deux Allemands; celle de Moscou, en 1892, n'en attira que deux aussi, le professeur R. Virchow et son lils: ils y passèrenl à peu près inaperçus, alors que les savants français étaient, en toute occasion, l'objet de démonstrations enthousiastes. Le Congrès suivant eul lieu à Leyde, en 1805; c'est alors que les Allemands se montrèrent pour la première fois; depuis lors ils n'ont cessé de venir, chaque fois plus nombreux.

L'Allemagne occupe dans la science moderne une situation trop considérable pour que la présence de ses zoologistes a nos réunions internationales périodiques ne fût pas désirable ; on délibère*, dans ces réunions, sur des questions d'intérêt trop général pour que leur avis pût être considéré comme négli- geable. La venue des savants d'outre-Rhin fut donc saluée avec une satisfaction unanime, et celle-ci est suffisamment démontrée par le fait que l'un des Congrès suivants se tint à Berlin en 1901.

Je ne crains pas de dire pourtant- que la collaboration des savants allemands à notre œuvre internationale a été le point de départ de complications fâcheuses. Je m'explique.

Les deux premiers Congrès avaient adopté un code de la nomenclature zoologique, basé sur un ensemble de lois très simples et respectant des principes généraux que tous pou- vaient accepter. La Société zoologique allemande, ne tenant aucun compte de ce code, en avait adopté un autre qu'elle pré- tendait lui opposer. La participation des zoologistes allemands aux Congrès internationaux eut pour conséquence une élude nouvelle de la nomenclature, en vue de fondre en un seul les deux codes existants. Par un sentiment de courtoisie, dont je fais l'aveu et que. par la suite, j'ai regretté plus d'une fois, j'ai soutenu moi-même l'opinion qu'on pourrait remettre sur le chantier la nomenclature, dont pourtant, plus qu'aucun autre, je connaissais toutes les difficultés (1). Hélas! celles-ci n'ont fait qu'empirer d'un Congrès à l'autre et l'incertitude, je dirais presque l'anarchie, qui tend à s'introduire dans ce domaine naguère si simplifié, dérive de l'intervention turbulente et auto- ritaire de nos voisins. Pour ma part, j'ai eu plus d'une fois l'intention de me démettre de mes fonctions de président de la Commission internationale de la nomenclature : je ne l'ai pas

(1) Règles internationales de la nomenclature zoologique adoptées par les Congrès internationaux de zoologie (Paris, grand in-8° de 63 p., 1905). Cf. p. 7 à 11.

20 SÉANCE DU 12 JANVIER 1915

fait, parce qu'il est nécessaire que la France y soit représentée; je ne l'ai pas fait non plus, parce que ma retraite eut entraîne celle des mitres Français et de mon cher ami le professeur Wardell Stiles, de Washington, qui remplil les fonctions de secrétaire avec mie ardeur toute juvénile, avec une compétence et une autorité qui font de lui l'homme absolument nécessaire. the right nuin in the right place.

Le Congrès de Berlin en 1001 fut marqué par quelques inci- dents qu'il me semble intéressant de rapporter ; je le ferai en quel* f ues mots. Le professeur Môbius, qui le présidait, m'avait fait le grand honneur, d'accord avec le professeur Fr. E. Schulze, de me désigner pour présider la séance de clôture, qui devait se tenir dans la grande salle du Reichstag. Dès que je m'aperçus que tes programmes m'attribuaient la présidence de cette solen- nité, je courus auprès des deux savants dont je viens de citer le nom et je les adjurai de désigner quelque autre Français à ma place, attendu que je n'étais ni le plus âgé ni le plus ancien dans la carrière scientifique, ni le plus chargé d'honneurs aca- démiques ou autres ; je savais d'ailleurs que quelques-uns de mes compatriotes s'étaient livrés à ce propos à des réflexions qui pourtant, je dois le dire, n'étaient pour rien dans ma déter- mination.

- Peu nous importe, me fut-il répondu; nous ne connaissons pas ces messieurs, mais vous, nous vous connaissons depuis longtemps; c'est à vous seul que nous avons voulu faire honneur.

Les choses suivirent donc leur cours. Je présidai la séance, je la dirigeai d'un bout à l'autre en langue allemande, et je pro- nonçai dans cette même langue une assez longue allocution que l'assemblée souligna plus d'une fois de ses applaudissements.

- Cher ami, me dit Schlumberger au sortir de la séance, vous nous avez fait grand honneur, mais vous paierez cela quelque jour. Rappelez-vous ce que je vous dis aujourd'hui.

J'ai vu par la suite qu'il avait été bon prophète.

Certain jour, alors que le Congrès était réuni en sections dans les diverses salles du Reichstag, on vint nous dire en grand mystère que le programme allait subir une modification im- prévue ; on nous invita à nous tenir prêts à onze heures pour faire une promenade en landaus. Que se passait-il ? Nul ne pouvait le dire : à l'heure dite, nous sortîmes donc du Reichstag et primes place dans une centaine de landaus stationnant devant le palais. On se mit en marche ; on nous promena en cortège lotit le long de la fameuse Sieges-Allee, de cette allée de la

SÉANCE DU 12 JANVIER 1915 21

Victoire l'empereur Guillaume II a fail ériger dos monuments en marbre blanc à la gloire de ses ancêtres, depuis le premier margrave du Brandebourg dont l'histoire rapporte le nom. jusqu'à son père l'empereur Frédéric, qui ne régna que cent jours. I ne seule place reste inoccupée, celle que Guillaume II s'esl réservée à lui-même, comme si la dynastie des barbares Hohenzollem devait finir avec lui. L'atroce guerre qui est actuel- lement déchaînée entre l'Allemagne et la France aura, sans aucun doute, pour l'empereur Guillaume la fâcheuse consé- quence qu'il avait prévue, à cela près que la place qu'il espérait occuper quelque jour restera vide, comme le seront eux-mêmes les emplacements se dressent actuellement les odieux monu- ments de ses ancêtres.

Cependant la promenade se déroulait, en méandres capricieux, le long des allées du Tiergarten, et nous nous demandions tou- jours quel en était le but. Soudain le cortège est coupé en deux el voici qu'à vive allure il est traversé par une file de deux ou trois landaus, dans le premier desquels est l'empereur, bien reconnaissable à son attitude théâtrale. La promenade continue el désormais le cortège est interrompu à chaque instant par les voitures impériales, qui passent et repassent de telle sorte que Guillaume apparaisse à chacun de nous. Les Allemands exul- taient d'orgueil et de joie; ils étalaient avec une insolente naïveté leur satisfaction de nous avoir ménagé ce coup de théâtre : l'exhibition du kaiser, de ce demi-dieu qui est en commerce régulier avec le vieux bon dieu germanique. J'avoue (pie nous autres Français, esprits frondeurs et superficiels autant qu'irres- pectueux, nous éprouvâmes des sentiments diamétralement opposés. Lue telle exhibition, concertée avec le bureau du Congrès et avec la police, qui coupait savamment notre cortège par tronçons, nous parut simplement puérile et ridicule. J'avais vu déjà l'empereur plus d'une fois, mais je n'avais jamais si bien compris son besoin d'ostentation. Examiné sous cet angle, il m'a toujours paru, depuis cette époque, constamment sem- blable à lui-même, tourmenté d'un besoin maladif d'impres- sionner les badauds. Comediante, eût pu dire alors, s'il eût vécu, le pape Pie VII : tragediante, pourrait-il ajouter main- tenant.

Je me laisse entraîner, au delà de toute mesure, par ces sou- venirs qui peut-être ne sont guère intéressants pour vous. Et pourtant, je voudrais encore vous signaler une manifestation des plus caractéristiques, (fui passa presque entièrement ina-

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perçue en France, bien qu'elle fût de nature à ouvrir les yeux des plus incrédules el des plus confiants. La fameuse bataille d'Iéna, en 1806, avait mis la Prusse à deux doigts de sa perte; elle fut le prétexte du relèvement merveilleux accompli par ce pays sans trêve ni repos jusqu'à la grande guerre de 1870: elle fut la cause qui soutint l'énergie allemand»1 dans sa préparation à la guerre formidable que nous subissons actuellement. L'année terrible ne nous ayant abattus qu'incomplètement, il était néces- saire de nous faire subir une déroute définitive, <l<i nous anéantir même, pour assurer te triomphe universel el incontestable de l'Allemagne toute-puissante. C'est à cette pensée séculaire et ininterrompue que sont dus les événements actuels ; c'est elle <pii a été l'instigatrice de la manifestation patriotique et chau- vine dont je veux vous parler.

En 1906, la ville d'Iéna ouvrit donc au Musée municipal, une exposition du centenaire de la fameuse bataille. Je m'y rendis; en feuilletant le livre sur lequel les visiteurs inscrivaient leurs noms, je constatai que très peu de Français avaient fait comme moi. C'est pourquoi cette manifestation suggestive passa ina- perçue. Dans cinq ou six salles successives était exhibée une collection aussi abondante qu'instructive de documents et objets de toute nature, se rapportant à la Prusse avant la bataille, à la bataille elle-même, à la Prusse au temps français, à la Prusse depuis Napoléon, à la Prusse depuis le relèvement national, à la Prusse et à l'Empire allemand depuis la guerre de 1870. La visite finie, on arrivait devant un grand buste de Bismarck, accompagné d'une inscription «lisant en substance ce qui suit : « Celui-ci a été l'artisan de la revanche: il a fait l'Empire, auquel l'Allemagne doit sa puissance à travers le monde; il a montré la voie que doivent suivre les générations nouvelles pour par- faire son œuvre encore inachevée. »

Pendant un siècle, l'Allemagne a donc poursuivi sans répit, avec une pensée constante, avec une activité toujours en éveil, son projet de revanche et de domination. Tandis qu'elle suivait celle voie guerrière, ses Universités et ses Institutions scient i- Qques subissaient elles-mêmes une profonde évolution; elles se perfectionnaient de telle sorte qu'elles ont pu servir de modèles aux autres pays.

J'en aurais long à dire sur ce chapitre, s'il m'était loisible de l'aborder ici. Je veux me borner simplement à constater que, grâce à leur organisation supérieure, qui permet de tirer le meilleur parti de toutes les capacités et. par une forte discipline

SÉANCE DU 12 JANVIER 1915 23

hiérarchisée, d'astreindre chacun à la tâche qu'il est capable d'accomplir, en vue d'un travail commun, les Allemands ont étonné le monde scientifique par l'abondance et la variété de leurs publications. Avec un art incontestable ou plutôt avec une audace incomparable, qui trop longtemps en a imposé aux savants des autres nations, ils ont proclamé que toute initiative scientifique venait d'eux, que toute idée nouvelle appartenait aux leurs, que tnute découverte était l'œuvre de leurs savants ou tout au moins se trouvait en germe dans leurs travaux. De est née la croyance universellement répandue en la suprématie de leur science et peut-être cette croyance n'a-t-elle été nulle part acceptée plus complètement qu'en France. Les zoologistes de l'ancienne école, que j'ai connus, les Henri et Alphonse Milne-Edwards, les Georges Pouchet, les Charles Robin, les Henri de Lacaze-Duthiers, démontraient assez clairement l'ex- trême exagération de pareilles affirmations, mais à côté d'eux se faisaient entendre des voix plus jeunes qui répandaient chez nous, avec une ardeur de néophytes, la parole d'outre-Rhin. Ainsi est née en France l'adhésion aux doctrines germaniques.

Peu de zoologistes français ont eu avec ceux d'Allemagne des relations aussi suivies que moi-même; nul ne les a visités autant que moi. Sans vouloir méconnaître la grandeur de leur œuvre, je suis convaincu depuis longtemps que, comme s'ils obéissaient à un mot d'ordre, ils ont travaillé sans relâche à la conquête des esprits, en exaltant au-delà de l'équité les productions de leurs compatriotes et en laissant systématiquement dans l'ombre les travaux des étrangers. Les Français ont eu à souffrir de cette injustice dans la plus large mesure ; confiants dans les écrits de nos rivaux, parce que nous pensons, nous autres, gens naïfs, qu'une absolue bonne foi doit être la qualité primordiale des savants, nous avons accepté comme mots d'évangile leurs affir- mations les plus audacieuses, et nous avons sacrifié en leur honneur des savants français qui attendent leur réhabilitation.

11 y aurait long à dire à ce propos : le temps presse et je dois me borner à quelques indications.

La théorie cellulaire et la théorie de la pathologie cellulaire sont incontestablement au nombre des doctrines scientifiques qui ont contribué le plus activement au progrès des sciences biologiques. On s'accorde à attribuer le mérite de la première à Schwann, qui professait à Liège et qui l'aurait formulée pour la première fois en 1838; celui de la seconde à R. Virchow, qui l'exposa en 1847. Eh bien ! il faut qu'on sache, il faut qu'on dise

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que ces deux doctrines fondamentales sont l'œuvre d'un savant français, de Fr.-V. Raspail, qui exposa la première en 1827 et la seconde en 1843. J'ai donné ailleurs la démonstration complète de celle vérité (1). En ce qui concerne la pathologie cellulaire, Raspail se montre vraiment un précurseur génial : il ne se borne pas à proclamer, comme l'a fait Virchow après lui, que, dans toute lésion organique, c'est la cellule, c'est-à-dire l'élément anatomique, qui devient malade; il va beaucoup plus loin, il a l'intuition très remarquable des toxines résultant du fonction- nement pathologique des tissus. Si l'œuvre de ce grand savant français a passé si longtemps inaperçue, cela tient à ce que, non médecin, il osait s'élever contre la Faculté et les doctrines sur lesquelles reposait alors le système médical. Les luttes ardentes dont il fut l'instigateur ne sont plus maintenant qu'un souvenir; on peut donc juger son œuvre en toute sérénité et c'est un devoir, pour nous, Français, de reconnaître en lui l'un dos plus grands génies médicaux du XIXe siècle.

Félix Dujardin est aussi l'une des victimes imméritées de la science allemande. Il eut le mérite très grand de ruiner par ses observations sagaces la ridicule doctrine d'EnRENBERG, qui voyait dans les Foraminifères des Céphalopodes microsco- piques, par l'unique raison qu'eux aussi étaient pourvus d'une coquille, et attribuait aux Infusoires une extrême complication organique, leur décrivant un appareil digestif, un appareil cir- culatoire, un système nerveux, un appareil reproducteur. Avec une admirable précision, Dujardin réduit à néant ces concep- tions extravagantes (2) ; il montre que tous ces animaux sont constitués simplement par une matière vivante, qui forme à proprement parler leur chair et à laquelle, pour cette raison, il donne l'heureux nom de sarcode (3).

C'était en 1833. A cette époque, il faut bien en convenir, les études micrographiques commençaient à peine à s'implanter en France ; elles n'étaient cultivées encore, à part Dujardin, que par quelques rares indépendants, tels que Raspail et Mandl, bientôt suivis par Gruby. Dans les cours officiels, il n'était question que de classifications ou de grosse anatomie, en sorte

(1) R. Blanchard, Notices biographiques. XVI. François-Vincent Raspail. Arch. Parasitai., VIII, p. 5-87, 1904. Cf. p. 18, Raspail fondateur de la Théorie cellu- laire; p. 20, Raspail fondateur de la Pathologie cellulaire.

(2) F. Dujardin, Observations nouvelles sur les Céphalopodes microscopiques. Ann. Sci. nat. (2), III, p. 10S et 312, 1835; cf. p. 343. Par une regrettable faute d'impression, ce mémoire capital est signé Desjardins. L. Joubin, Notices biogra- phiques. — X. Félix Dujardin. Arch. Parasitol., IV, p. 5-57, 1901; cf. p. 35-38.

(3) Eà/5?, na.py.bi, chair.

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que la substance vivante n'était jamais envisagée. De le peu de succès du mot sarcode et son remplacement par le mot proto- plasma, créé en 1846 par un botaniste allemand, Hugo Mohl (1805-1872). Une pareille usurpation est profondément regret- table et il serait désirable qu'on en revînt au mot sarcode. De celui-ci, que Charles Robin employait couramment, il ne reste plus maintenant que le terme de prolongement sarcodique, dont on se sert parfois encore pour désigner les expansions des Amibes ou des leucocytes.

Ce dernier mot. si expressif, est à Charles Robin ; on tend malheureusement à lui substituer celui de cellule lymphatique, traduction indésirable de l'allemand Lymphzelle. Le myéloplaxe de Charles Robin a disparu depuis longtemps devant la cellule géante, traduction de l'allemand Rie semelle. On ne peut que regretter d'aussi injustes disparitions. Il y a mieux, et Ton voit couramment dans nos livres le terme de Mastzelle, que j'ai pro- posé de traduire par labrocyte (1). Et n'est-il pas profondément regrettable de voir une foule de savants français employer dans leurs écrits le terme de glucose, alors que pendant si longtemps on a correctement parlé de glycose ? Claude Bernard et les chimistes ou physiologistes d'il y a trente ans protesteraient de toutes leurs forces contre un pareil barbarisme, qui nous vient directement de Prusse. En effet, les Allemands du nord pro- noncent l'upsilon ou Yy qui en tient lieu comme un u français ; ils disent la Fusik; il est étonnant que les imitateurs si nombreux qu'ils ont en France ne nous aient pas encore gratifiés de ce mot barbare et ne nous parlent encore ni de glucine, ni de glucérine, ni de glucogène.

L'Allemagne s'acharne à extirper de sa langue tous les mots étrangers; cela n'en rendra pas l'étude plus facile ni l'harmonie plus grande Nous devons, nous aussi, déclarer la guerre aux expressions germaniques, que nous avons eu la faiblesse d'intro- duire dans notre merveilleux langage ; cela ne peut qu'en aug- menter le charme et la précision. Nous allons sortir enfin de cette subordination que nous avons subie pendant quarante- quatre ans, qui nous faisait douter de nos incomparables qualités et donnait d'autant plus de morgue et d'insolence à nos ennemis. Débarrassé des apports germaniques, délivré enfin de l'emprise brutale et injuste de la science allemande, le clair génie français va rayonner de nouveau à travers le monde. Si nous avons la sagesse de mettre une sourdine à nos passions politiques

(1) R. Blanchard, Thrombocyte et labrocyte {Arch. Parasitai., VI, p. 508, 190-2).

20 SÉANCE DU 12 JANVIER 1915

el de nous préoccuper davantage de notre légitime expansion. J'auréole victorieuse qui va ceindre sa tête, rendra la France grande et lumineuse entre toutes les nations. C'est chez nous, c'est auprès de nos Universités que viendront en foule les étu- diants étrangers pour boire avidement aux sources pures du génie latin, fait d'honnêteté, de générosité, de clarté, d'huma- nité en un mot.

La science n'a pas de patrie, a dit Pasteur, mais l'homme de science en a une. Cela est vrai, mais nous devons nous efforcer de maintenir à la France sa suprématie dans toutes les branches de l'activité humaine. Une grande rupture vient de se produire entre la France et l'Allemagne; la répercussion en sera de longue durée. Nous rompons toutes relations individuelles avec les savants allemands que nous pouvons connaître, mais cela ne veuf pas dire que nous devions ignorer désormais leurs produc- tions scientifiques : s'entourer d'une muraille de Chine serait la pire des folies. Continuons à nous tenir au courant de leurs travaux, apprenons leur langue, abonnons-nous à leurs pério- diques, achetons leurs livres, car nous avons le devoir impérieux de les bien connaître, pour les devancer sur le chemin du progrès. Sûrs de notre valeur, confiants en nos glorieuses des- tinées, unissons nos efforts pour tenir d'une main toujours plus ferme le glorieux flambeau de la Science, qui doit éclairer les voies va s'engager l'Humanité nouvelle. Travaillons sans relâche et efforçons-nous de travailler mieux que nos adversaires.

La Société zoologique de France a toujours poursuivi cet idéal; elle en donne aujourd'hui une preuve nouvelle, en confiant le soin de diriger ses travaux à l'un des zoologistes les plus émi- nents de notre pays, à M. le professeur Gaullery, auquel j'ai grand plaisir à céder le fauteuil présidentiel. »

M. le professeur Al. Caullery, président pour 1915, prononce le discours suivant :

LA ZOOLOGIE EN FRANGE ET LES ÉVÉNEMENTS ACTUELS

« Mes ciiers Collègues,

.le manquerais aux meilleures traditions si je ne saluais pas tout d'abord mon prédécesseur à la présidence - - il est superflu, n'est-ce pas, d'évoquer devant vous la part qu'il a prise à la vie de la Société depuis son origine et si je ne vous adressais mes 1res vifs remerciements pour l'honneur que vous m'avez fait sans attendre que je sois devenu un vétéran sur vos listes.

SÉANCE DU 12 JANVIER I9i5 27

Plus la Société avance en âge el en dignité, plus ces remercie- ments deviennent malaisés : plus il est difficile, en effet, de trouver des formules nouvelles pour des sentiments qui ne varient pas. Les dévouements qui assistent le président, au point de lui supprimer tout fardeau, sont presque aussi immuables; comme mes prédécesseurs, je leur témoigne ma confiance entière el nia gratitude anticipée. Laissez-moi borner l'expres- sion de ces sentiments sincères à rc^ quelques mots : l'heure n'esl guère aux longs développements protocolaires..

* *

Bien que notre lien soit la Science, qui échappe à toutes les contingences et pour qui les nationalités, les frontières et toutes les passions humaines sont inexistantes, il ne nous est pas pos- sible, n'est-il pas vrai, en venant ici en ce moment, de détacher notre esprit des événements présents et de cesser d'être obsédés par la guerre.

Nous y sommes ramenés, en premier lieu, par la pensée de nos collègues qui prennent part à la lutte. Comme toutes les collectivités et comme trop de familles, la Société compte déjà des victimes. Un des plus jeunes d'entre nous, devant qui la vie s'ouvrait particulièrement séduisante. Gaureta, est tombé dès les premières semaines, laissant à tous ceux qui l'ont connu un souvenir plein de sympathie (1). Ce sont aussi nos deuils à tous, ceux qui ont atteint plusieurs des nôtres dans leurs affections les plus chères, et je crois être votre interprète en exprimant aux familles éprouvées, au nom de la Société tout entière, des condoléances affectueuses.

Nous avons appris que notre collègue Semïchox a été blessé et fait prisonnier. Je vous propose de tâcher de lui adresser, dans sa captivité, l'expression de notre sympathie. Un autre d'entre nous, Brément, a disparu depuis deux mois ; nous sou- haitons vivement qu'un jour prochain on retrouve sa trace et qu'il nous revienne.

Vous trouverez dans le procès-verbal la liste des membres de la Société qui sont mobilisés, avec les affectations que nous avons pu connaître. Parmi eux vous savez déjà que M. Vlès a été mis à l'ordre du jour de sa division, pour le sang-froid qu'il

(1) Depuis que cette allocution a été prononcée, nous avons eu le regret d'ap- prendre la mort de notre collègue G. de la Baume-Pluvinel, tué le 31 octobre près d'âpres (voir séance du 9 mars), et celle de M. Brément. tué à Vienne-le- Château (Argonne) le 21 octobre 1914 (voir séance du 13 avril).

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28 SÉANCE DU 12 JANVIER 1915

a montré dans l'évacuation des blessés, au cours de la retraite d'août (i).

En dehors de l'armée, plusieurs de nos collègues, non milita- risés, se consacrent cependant activement à la défense natio- nale, notamment dans les services hospitaliers ou d'assistance. Et parmi les autres, il est sûr qu'il y a encore beaucoup de bonnes volontés qui n'ont pas trouvé à s'employer et qui aban- donneraient volontiers les occupations normales pour participer plus directement au salut du pays.

* * *

Nous sommes encore suggestionnés inévitablement par la guerre quand nous nous retournons vers la science, objet de notre activité collective. Bien peu ont le loisir et la liberté d'esprit, de s'absorber dans des recherches zoologiques et nos publications, comme celles de toutes les Sociétés savantes, enre- gistreront automatiquement les événements actuels, par un déficit immédiat. La date du 1er août 1914 marquera, comme le disait récemment M. Appell, à l'Académie des sciences, une formidable discontinuité. La France de demain sera séparée de celle d'hier par un profond fossé. Si un espoir peut diminuer en nous l'amertume de tant de ruines présentes et le regret de tant d'existences fauchées, c'est que nous sentons quelle provi- sion d'énergie et de confiance en elle-même la race française aura faite dans la lutté. Souhaitons ici que dans son activité scientifique et, en particulier, dans le domaine de la Zoologie, notre pays montre une poussée de sève vigoureuse. En ce moment s'élabore une mentalité nouvelle qui ne sera plus Opprimée du poids de la défaite, il me semble convenir de faire, eu ce qui regarde nos études, une sorte d'examen de conscience, nous cherchions à découvrir notre devoir présent et à guider notre orientation de demain.

Le demi-siècle écouté depuis la dernière guerre a été, chez toutes les nations et pour toutes les sciences, une période de production intensive - - on devrait peut-être même dire de sur- production - - dont rien n'avait approché jusque-là. Les causes générales en sont bien connues. Pour les sciences biologiques, l'une des principales a été incontestablement le stimulant puis-

(1) Postérieurement à la séance de janvier. M. Vlès a été mis à l'ordre du jour de l'armée pour sa conduite pendant le bombardement de l'hôpital d'Ypres {Offi- ciel du 9 février 1915).

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sant de la doctrine darwinienne. Mais, à côté de cette circons- tance, il faut se rappeler que l'exploration intense du globe, atteignant les parties jusque-là inaccessibles, descendant en particulier jusqu'aux abysses, a fourni aux sciences descriptives comme la Zoologie une niasse énorme de matériaux. Et, d'autre part, les progrès de la technique ont multiplié les possibilités d'examen, d'interprétation et de description.

La Nature tout entière a pu être examinée à l'échelle des gros- sissements microscopiques, d'une façon infiniment minutieuse, niais, il faut bien le dire aussi, d'une façon souvent infiniment myope. Le microtôme a introduit le microscope dans la profon- deur des organes, résolvant ceux-ci en leurs éléments. Il y a eu ainsi, près de nous, une phase, dont nous sommes un peu sortis et qu'on pourra plus tard appeler l'âge du microtôme. Même si tous ces instruments d'acier étaient, en ce moment, et pour tou- jours convertis en canons ou en obus, la trace de cet âge se dis- tinguerait nettement dans les bibliothèques. Dans les travaux datant de cette période, vous avez peine à trouver des animaux ou même des organes figurés en totalité; ils n'y sont représentés que par des coupes très minces, plus ou moins claires, décrites avec abondance, sinon avec charme. Je crois que cette phase sera de celles les mémoires zoologiques feront à nos descendants l'impression la plus rébarbative. Nous y avons appris beaucoup, certes, mais, après avoir fait la part des progrès considérables que cette technique a permis de réaliser, on peut noter, il me semble, qu'au temps elle s'est épanouie il va eu trop fréquem- ment un manque d'équilibre entre les détails et l'ensemble, entre l'analyse et la synthèse. Toute analyse ne devrait être que la préface d'une synthèse. Or, si l'on a énormément coupé on a peu reconstitué, au propre comme au figuré. On s'est presque tou- jours arrêté à l'analyse, qu'il est aisé de faire, au moins d'une façon arbitraire, et souvent ce n'est guère mieux que de briser. Une reconstitution véritable après une analyse judicieuse, c'est- à-dire au propre et au figuré - - apercevoir nettement le tout -ans le déformer à travers les multiples images partielles, hié- rarchiser les parties, es! infiniment plus malaisé. Les synthèses qu'on tentait, dans cette période, et qu'on avait la prétention de lire dans des images très fragmentaires, étaient, chose curieuse, des plus ambitieuses, car le seul problème presque qui comptât, grandiose et non illégitime en soi, mais extraordinairement difficile, était la reconstitution de la phylogénie. On y a apporté beaucoup d'ingéniosité et parfois de fantaisie, mais certainement trop peu de prudence.

30 séance or 12 .JANVIER 1915

Aujourd'hui la mode a quelque peu passé des travaux de ce genre. Elle se targue volontiers maintenant de dédaigner l'ob- servation pure et simple et se réclame surtout de l'expérimenta- tion proprement dite. Un zoologiste ou un botaniste vraiment moderne n'est pas un vulgaire descripteur, il expérimente. 11 expérimente sur les problèmes les plus difficiles, sur l'hérédité ou sur ce que l'on appelle la mécanique du développement. Beaucoup le font d'ailleurs, comme d'autres précédemment cou- paient, sans avoir suffisamment médité, à travers Aug. Comte et Cl. Bernard, sur les principes de l'expérimentation en bio- logie. Et, grâce à cette insuffisance de scrupules, nous voyons se développer en ce moment une production énorme dans ces branches de nos sciences.

La rançon de cette production intensive - quels que soient les procédés ou les tendances qui aient momentanément la laveur, - c'est que la séparation du bon grain et de l'ivraie est de plus en plus difficile à opérer, surtout rapidement. Il devient impossible aux esprits les plus actifs de suivre le mouvement scientifique et de faire suffisamment la critique de travaux à l'examen desquels on ne peut consacrer un temps suffisant. Chacun se cantonne alors dans un coin de plus en plus petit il est suffisamment informé. La .Science se morcelle en une infinité de spécialités de plus en plus étrangères les unes aux autres et, pendant ce temps, des théories ou des notions reposant sur des bases souvent insuffisantes se dressent, au moins pour un temps, comme des obstacles qu'il faut ensuite renverser.

* * *

Ces phénomènes que je n'ai pas la prétention de découvrir et que je viens d'évoquer de façon bien imparfaite, se sont mani- festés en tous pays et d'autant plus que la production scienti- fique était plus intense. En France ils ont été, me semble-t-il, moins accentués qu'ailleurs, précisément parce que la progres- sion de la production a été moindre. Elle a môme été véritable- ment insuffisante. Nous avons peu produit, trop peu comparati- vement aux autres, et sans éviter pour cela une forte propor- tion de médiocrités. Un assez bon nombre de travaux français ont cependant, continué à témoigner des qualités d'invention, de clarté dans la conception et l'exposé, de bon sens et de précision qui manquent trop souvent dans les recherches modernes

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hâtives. Puisque je parle d'une période récente, il s'agil en général d'auteurs vivants et je ne veux pas en citer. Je trouve cependanl un exemple significatif dans un mémoire qui, en 1887, a servi de thèse de doctorat à Ghabry, mort jeune depuis. G'esl l'étude (où sont combinées l'observation et l'expérience) de l'embryologie normale et tératologique des Ascidies (1). C'est l'un des premiers travaux d'embryologie expérimentale - - au sens l'on entend aujourd'hui la mécanique du développement sinon le premier, et, dans cette voie ouverte par Ghabry en France, il a été fait depuis, à l'étranger, des recherches extrême- ment nombreuses, au point qu'il y a aujourd'hui toute une branche de la Biologie. J'emprunte n un des meilleurs biologistes américains. Al. E. Gonklin, le jugement suivant sur le travail de Ghabry (2) : « La contribution de Ghabry à l'embryologie nor- » maie et tératologique des Ascidies renferme non seulement » les expériences les plus soignées et les plus complètes qui » aient été faites sur l'œuf des Ascidies, mais elle est en même » temps une analyse si excellente du développement normal » qu'elle mérite de prendre rang dans les classiques de l'em- o bryologie... Ce travail a été exécuté avec une précision et une » élégance de méthode qui n'ont jamais été surpassées... Il a été » entrepris avec une vue claire des principaux problèmes qui » se posent et à une époque presque aucun autre du même » genre n'avait été fait ; il paraît sûr qu'il restera parmi les » grandes œuvres de l'embryologie expérimentale ».

Pour plus d'un autre mémoire français on doit juger de même. Mais il faut constater avec une sincérité mélancolique que, dans la période d'où nous sortons, des germes précieux de ce genre n'ont pas trouvé suffisamment les conditions de déve- loppement favorables sur notre sol et que leur origine française est fréquemment oubliée. Si nous sommes moins responsables que d'autres du foisonnement excessif de la production, nous devons nous reprocher l'excès contraire. Les travaux zoolo- giques français tiennent une trop faible place dans les listes bibliographiques. Nous pouvons et devons constituer un foyer de recherches plus intenses, à côté de ceux qu'offrent les nations grandes ou petites d'Europe, les Etats-Unis, le Japon et déjà diverses colonies anglaises disséminées sur tout le globe.

(1) J. Anat. Physiol., 1887.

(2) J. exp. zool., II, 1905, p. 197.

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* * *

Nous le devons d'autant plus que, sur ce terrain comme sur beaucoup d'autres, nous sommes les plus menacés par la poussée germanique - - qui au reste n'est pas un péril pour nous seuls. Loin de moi la pensée de méconnaître ou de chercher à rabaisser injustement la valeur de la science allemande en elle- même. Nous avons certes le droit et le devoir de flétrir l'usage qui en est fait comme instrument de domination et la mentalité à laquelle ont abouti, en Allemagne, les intellectuels - - « une profession à réhabiliter après que l'Allemagne l'a souillée », disait dimanche dernier, à l'Ecole normale. M. Lavisse -- quand ils viennent se faire les défenseurs et même les glorilicateurs de la fourberie, de la déloyauté, de la barbarie et du vandalisme.

Mais les horreurs de l'heure présente ne doivent pas nous empêcher de rendre justice dans le domaine de la science pure. La Zoologie est Tune des disciplines les qualités allemandes de méthode, d'organisation, d'obstination dans le labeur ont produit le plus de fruits. L'outillage excellent des instituts zoolo- giques universitaires, le système d'enseignement dépourvu de nos trop nombreux examens et de nos vains diplômes et qui pousse à la recherche l'étudiant, presque dès son entrée à l'Uni- versité, ■ - la valeur d'un corps professoral sélectionné sur la seule base de la production scientifique, par l'opinion informée des pairs, - - ont donné depuis longtemps à l'Allemagne beau- coup de zoologistes de premier ordre et une véritable armée de travailleurs. La production y est véritablement énorme et on ne peut lui dénier une connaissance approfondie des questions mise en œuvre avec une bonne technique. Dans l'émiettement \<\\\\\ de la zoologie en spécialités de plus en plus nombreuses, chacune de celles-ci trouve, en Allemagne, un nombre plus ou moins considérable de compétences informées.

Ce n'est pas à dire - - loin de - - que tous les aspects nou- veaux de notre science soient nés en Allemagne. Beaucoup de recherches véritablement novatrices ont été faites en Angleterre, aux Etats-Unis, en France et ailleurs. Mais sitôt qu'une question intéressante est soulevée, que ce soit, il se trouve une véri- table fourmilière allemande pour s'y jeter, l'explorer dans tous les recoins, l'accaparer en quelque sorte et ainsi lui donner bientôt figure germanique. En outre, au fur et à mesure que s'accumulent les résultats, de laborieux bénédictins les inven- torient, les classent et les réunissent en gros traités, diction-

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naires, Ergebnisse, etc., compilations extrêmemenl étendues et sources d'information abondante ei sûre, qui sont partoul des instruments de travail solides.

Il est, pour ces raisons, inévitable el légitime que la science allemande ail exercé récemmenl une grande influence ; cette influence s'est encore accrue du fait de la puissance politique de l'Allemagne. Celle-ci a grossi aux yeux de beaucoup la vertu réelle *\t>* méthodes el la confiance dans les résultats énoncés par la science allemande. On est venu s'instruire en Allemagne el certains pays le mouvement scientifique a pris un déve- loppement considérable son! imprégnés trop exclusivement des habitudes de pensée scientifique acquises aux universités d'outre-Rhin. La science allemande a ainsi colonisé.

En vertu de cette influence prépondérante, nous retrouvons dans l'évolution récente des principaux problèmes de la Zoo- logie, la marque de la mentalité allemande, en premier lieu sa tournure métaphysique. Il en a été ainsi pour l'embryogénie, et la forme qu'a prise la théorie des feuillets. - - plus tard pour les théories de l'hérédité entre les mains de Weismann, - - et pour la mécanique du développement entre celles de W. Roux. Les faits ont été incorporés à un édifice de concepts, dont les étages se superposent sans que la base soit assise sur des fondations claires. Les hypothèses s'engrènent. Elles sont tout d'abord pro- visoires, simples instruments de recherche (ArbritsJujpnthrsen), niais quand on a beaucoup discuté et controversé à leur aide et qu'on ne sait plus au juste ce qu'elles sont, on arrive peu à peu. à force de les employer, à les considérer comme des données posi- tives. Ces discussions, souvent subtiles, ces complications super- posées sont évidemment une occasion de labeur et une cause de foisonnement de la production, mais combien de séries de tra- vaux remplissent ainsi des volumes de périodiques pour un résultat finalement assez vain ! Ceux qui ont eu à suivre les recherches sur les Protozoaires dans ces dernières années n'ont- ils pas été frappés de l'exubérance et de la stérilité de bien des théories ou généralisations prématurées, qui ont eu un prestige momentané bruyant ? De même dans le domaine de l'embryo- logie expérimentale et aujourd'hui dans le développement du mendélisme. Il reste évidemment de chacun de ces tourbillons de travail scientifique une provision de connaissances de fait, mais au bout d'un certain temps ils se sont dispersés sans laisser un monument solide et clair, comme coux élevés par l'esprit positif d'un Claude Bernard.

3'i SÉANCE DU 12 JANVIER 1915

L'hégémonie intellectuelle allemande ne sérail pas plus bien- faisante au point de vue spéculatif qu'au poini de vue politique. Elle s'insinue cependant, non seulement par l'activité' scienti- fique considérable et la valeur propre de la science allemande. mais aussi à la faveur des tendances générales de la nation et de son développement économique. L'orgueil allemand se traduit matériellement dans la composition des bibliothèques et dans le dédain, au moins relatif, de ta bibliographie étran- gère. C'est une constatation que j'ai vu faire autour de moi dans les diverses sciences et que j'ai, pour ma part, fréquem- ment enregistrée en Zoologie; des réclamations de priorité très justifiées se sont produites souvent à cet égard. Ce dédain se manifeste d'ailleurs déjà dans les listes bibliographiques qui terminent la plupart des mémoires. Il n'est pas rare d'y cons- tater qu'un travail français publié dans un recueil des plus répandus -- parfois dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences - - n'y est cité que de seconde main, parce que l'auteur n'a pu consulter la publication (nicht zugânglich); cela indique seulement, en principe, qu'il ne s'est pas donné la peine néces- saire, ce qui est déjà significatif. Mais, en fait, les bibliothèques universitaires, par exemple, ne mettent aucun empressement à posséder les périodiques étrangers et en particulier français, comme nous possédons tes périodiques allemands. La récipro- cité serait cependant d'autant plus facile en Allemagne que nos recueils sont infiniment moins nombreux. Je connais telle Uni- versité, qui ne possède pas dans sa bibliothèque les Archives de zoologie expérimentale et, a fortiori, la plupart de nos autres périodiques zoologiques. Il > a quelques années, un Anglais me signalait une absence analogue du Quarterhj journal 0/ micros* copical science dans un grand centre allemand.

D'autre part, la librairie a mis au service de la production scientifique nationale l'habileté et le succès du commerce alle- mand. C'est la chose très légitime, mais qui comporte un phéno- mène sur lequel noire attention doit être attirée. Au fur et à mesure que la science s'endette en spécialités plus restreintes, la librairie allemande crée des périodiques spécialisés corres- pondants, auxquels elle a cherché à donner un caractère inter- national, seul moyen de les faire vivre et comme collaborai ion et comme clientèle. Jusqu'ici on y a d'ailleurs libéralement fait accueil aux langues française, anglaise et italienne. Cette répar- tition de la production scientifique a des avantages certains, niais il est à craindre qu'en vertu de l'organisation puissante de

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la librairie allemande, elle ne conduise à une concentration 1res redoutable de l'édition scientifique en Allemagne. Quiconque s'est intéressé à la direction d'un périodique scientifique en France sait à quelles difficultés on se heurte, et trop souvent les auteurs se sont laissé tenter par les facilités diverses, rapidité de publication, planches, que pouvaient offrir des publications allemandes, pour faire paraître dans celles-ci des recherches effectuées en France et dont la valeur aurait contribué au succès de nus publications françaises. Cela ne se fera certes plus, d'ici quelques années au moins, mais il ne faudra pas oublier, par ta suite, que notre production scientifique étant assez peu copieuse, il ne faut pas affaiblir nos recueils en publiant ailleurs et qu'il y a un intérêt général à supporter même certains inconvénients qu'ils peuvent présenter. Ces inconvénients s'atténueraient, au reste, d'autant plus aisément que la valeur de nos périodiques augmenterait et que leur clientèle s'en étendrait. Nous devons réagir contre la tendance de la librairie allemande à être, elle aussi, un Wèltverlag, qui asservirait bientôt la pensée mondiale aux intérêts allemands.

* *

Nous triompherons de ces difficultés en accroissant autant que possible l'activité intellectuelle de notre pays. Si. comme nous l'espérons tous, la victoire permet de supprimer le cauchemar du militarisme allemand, une paix véritable, substituée à la paix armée qui nous a étouffés, permettra la réduction des charges militaires devenues trop lourdes pour le développement intel- lectuel de notre jeunesse et rendra des cerveaux à la Science. Nous souhaitons tous la victoire, non seulement comme Français, mais comme hommes épris de liberté et de générosité et comme savants.

Au lendemain, nous devrons faire un vaste effort. En premier lien il faudra non- préserver de l'orgueil dont nous voyons les ravages et d'un nationalisme étroit et stérilisant. Je suis de ceux qui ont beaucoup fréquenté l'Allemagne, qui y ont cherché même un complément d'éducation scientifique et y ont eu des relations assez nombreuses et aussi bonnes que le permettait le passé. Ce que je connaissais de l'Allemagne a diminué beaucoup pour moi les surprises du présent. Mais quels que soient les crimes et les maux auxquels nous assistons, ce serait une folie de vouloir ignorer demain la science allemande, pas plus que toute autre.

36 SÉANCE DF 12 JANVIER lOIT)

Travaillant ces jours derniers dans le bel ouvrage de Glaparède sur les Annélides du golfe de Naples, si plein des qualités posi- tives que nous aimons, je tombai sur ce passage : « L'obser- » valeur, dans la science, est toujours juché sur les épaules de » son prédécesseur et voit forcément plus loin que lui. Que » ferait-il si cette base venait à lui manquer? Bien peu de chose, » à en juger du moins par tant de travailleurs qui ont négligé » de se procurer le piédestal obligé (1) ». Connaître tous ses devanciers, quels qu'ils soient, est en effet la condition néces- saire d'un travail utile. C'est aussi une leçon de modestie et d'indulgence pour juger leurs lacunes ou leurs erreurs. Tel qui critique d'une façon impitoyable aurait souvent fait moins et moins bien que celui qu'il juge, s'il n'avait pas eu ce travail pré- cédent pour lui indiquer la question qu'il a lui-même étudiée. Ne mêlons donc pas le sentiment avec la science, au lendemain de la guerre, mais faisons surtout un effort pour améliorer les conditions de la Zoologie en France.

Elles ne sont pas parfaites. Les sciences naturelles n'ont pas, dans notre éducation, la part que leur mériterait leur valeur for- mative. Hors de l'enseignement, la vie urbaine se prête de moins en moins, pour l'enfant, à l'observation directe de la Nature, qui révèle et développe les vocations de naturalistes. Dans l'ensei- gnement, la sélection scientifique de notre jeunesse se fait trop exclusivement par les sciences mathématiques, dont, au reste, je suis loin de médire. Ainsi bien des jeunes gens, qui eussent pu devenir botanistes ou zoologistes, sont attirés par l'Ecole Polytechnique et plus d'un ingénieur ou d'un officier, qui con- sacre ses loisirs à nos sciences, nous fait regretter qu'il n'en ait pas fait l'objet principal de son activité. 11 faut bien le recon- naître, d'ailleurs, la Zoologie, malgré les progrès divers et importants qu'elle a amenés, notamment en Médecine, n'est pas sur la grande voie des applications fructueuses, se porte la foule des esprits actifs. A un stade plus avancé de l'éducation, notre enseignement supérieur reste trop livresque et impose à la mémoire des efforts trop considérables et souvent vains, aux dépens de la connaissance réelle des choses. Nos musées de province, comme on l'a souvent déploré ici, n'ont pas les res- sources suffisantes pour sauvegarder les richesses qu'ils ren- ferment et on n'y a pas assez constitué des faunes locales de jeunes amateurs de Zoologie pourraient identifier leurs trou- vailles et développer pratiquement leurs connaissances.

(1) Mém. soc. Phys. Genève, 1870, xx, 2e partie, p. 366.

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Je ne me dissimule pas qu'il est plus facile de signaler toutes ces défectuosités que d'y remédier. Notre Société doit et devra cependant s'efforcer d'y contribuer. Son action serait d'autanl plus efficace qu'elle exprimerait l'opinion d'un plus grand nombre de zoologistes français. Il manque encore d'assez nom- breux noms sur nos listes. N'est-ce pas le moment de faire ici aussi appel à l'union sucrer. Efforçons-nous tous de persuader à ceux de nos confrères qui ne sont pas encore nos collègues ici de venir animer nos séances, d'y attirer la jeunesse et d'y activer u\\ échange d'idées et de connaissances, qui sentit 1res efficace pour le recrutement des jeunes zoologistes et le progrès de la Zoologie en France. Le nombre n'est pas tout dans les Sciences, mais il n'est pas négligeable, surtout dans celles qui, comme la Zoologie, se sont étendues au point de présenter un front immense dont toutes les tranchées doivent avoir leurs défen- seurs. »

Séance du 9 février 1915.

PRÉSIDENCE DE M. M. CAULLERY, PRÉSIDENT.

M. .1. Borcea adresse un mot aimable pour la France et ses alliés.

M. J. Pellegrin, mobilisé comme aide-major, envoie ses com- pliments à ses collègues.

MM. Daùtzenberg et Petit sont élus membres de la Commis- sion de vérification des comptes du trésorier.

L'Assemblée générale annuelle, exigée par les Statuts, est fixée au mardi 25 mai 1015, à 5 heures. Il n'y aura pas de séance le il mai.

M. Félix Mesnil, professeur à l'Institut Pasteur, demeurant 21. rue Ernest-Renan, à Paris, est présenté par MM. Gaullery et Rabaud.

M. le président adresse les félicitations de la Société à M. Vlès, qui vient d'être porté à l'ordre du jour de l'armée (1).

LA LOI DE L'IRRÉVERSIBILITÉ DE L'ÉVOLUTION (DOLLO), VÉRIFIÉE PAR L'ÉTUDE DES LARVES D'INSECTES

PAR

D. KEILIN

{Présentée par M. Caullkrï).

Note préliminaire.

L'idée de l'irréversibilité de l'Evolution a été formulée pour la première fois par le paléontologiste Louis Dollo, en 1893, dans une note publiée dans le Bulletin de lu Société belge de géologie (VII, p. 164-166). Cette note qui a à peine deux pages, n'est ([ii'un résumé succinct des idées essentielles sur l'Evolution, auxquelles Dollo a été amené par plusieurs années de recherches sur les ossements fossiles du Musée de Bruxelles.

Parmi quelques autres idées sur l'Evolution, auxquelles nous

(1) « Vlès, sergent infirmier au 6e régiment de marche de zouaves : le 12 décembre, a tenu à entrer dans une salle aussitôt après l'explosion d'un obus de gros calibre, alors que les matériaux pleuvaient de toutes parts, pour relever les blessés, malgié le conseil de son médecin major. A lait ainsi plus que son devoir. En toutes cir- constances depuis le commencement de la campagne, a montré un courage au- dessus de tout éloge. »

SÉANCE DU 0 FÉVRIER 1DI5 39

ne nous arrêterons pas ici, nous trouvons formulée dans cette note la loi générale suivante : « Un organisme ne peut retourner même partiellement à un état déjà réalisé dans la série de ses ancêtres », ou plus brièvement : « révolution est... irréversible ».

Depuis cette note, nous retrouvons cette idée dans tous les travaux paléontologiques et iehthyologiques de cet auteur et en particulier dans sa « Paléontologie éthologique » (1), publiée en 1910, l'idée d'irréversibilité est illustrée par plusieurs exemples, tirés de différents groupes d'animaux comme les Sélaciens actuels, les Ostracodermes, les Mérostomacées et les Trilobites.

Il résulte de toutes les recherches de Dollo qu'un organisme qui retourne à d'anciennes conditions de vie ne reprend jamais, ni la forme, ni la disposition primitive de ses organes, mais s'adapte à son ancien milieu par des moyens nouveaux.

Cette idée, qui a été maintes fois confirmée par différents paléontologistes, peut avoir de nombreuses et fructueuses appli- cations dans l'étude de la morphologie comparée des organismes en rapport avec leur éthologie.

J'étudierai dans la présente note un cas d'irréversibilité de l'Evolution particulièrement intéressant, tiré de l'étude des larves des Diptères et spécialement de la disparition de leurs pattes thoraciques (2).

C'est un fait connu, que tous les Insectes, à n'importe quel stade de leur évolution, depuis leur éclosion, présentent trois paires de pattes thoraciques. C'est un fait tellement général que le mot Hexapode est synonyme du mot Insecte.

Une patte d'un Insecte est un organe locomoteur et sensitif pouvant être en même temps un organe de fixation et de préhen- sion.

A l'état imaginai, on ne connaît pas un Insecte apode. Les pattes peuvent être réduites - - ou manquer complètement - seulement à l'état jeune, larvaire, des Insectes holométaboles. Et, comme nous le verrons, cette absence des pattes est secon- daire, consécutive à une adaptation à un mode de vie spécial.

(1) Bull. Soc. belge géologie, Mém., XXIII, 1909.

(2) L'idée de la vérification de la loi de Dollo par l'étude des larves d'Insectes m'est venue à l'esprit au moment je suivis le cours de M. le professeur Caul- lery sur « la phylogénie et les données actuelles de la biologie » (fait à la Sor- honne en 1913-1914); une partie de ces leçons a été consacrée à l'étude de l'irréversi- bilité de l'Evolution.

Je renvoie le lecteur à la leçon de clôture de ce cours (Rev. du Mois, XV, 88, p. 335-409, 10 avril 1913).

40 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1915

Avant de rechercher l'origine de la disparition des pattes chez les larves de Diptères, il est intéressant de se demander dans quelles conditions se produisent la réduction et la disparition des mêmes organes chez les larves d'autres ordres d'Insectes comme les Névroptères, les Lépidoptères, les Coléoptères, les Strepsiptères et les Hyménoptères.

Dans tous ces ordres, on retrouve un certain nombre de formes dont les larves ont des pattes plus ou moins réduites ou sont complètement apodes.

La réduction ou le manque des pattes coïncident toujours avec l'un des modes de vie suivants :

Ces larves sont :

Ou parasites des animaux, comme un grand nombre de larves d'Hyménoptères et celles des Strepsiptères.

Ou parasites des plantes : gallicoles, comme certaines larves d'Hyménoptères, ou mineuses comme les larves de certains Coléoptères (Curculionides, Buprestides, Donacia, etc.) et Lépi- doptères (Microptérigides et autres Tinéides).

Ou elles se nourrissent aux dépens d'aliments préparés par l'Insecte adulte, comme les larves de certains Hyménoptères (Abeilles, Fourmis et autres). Il faut ranger ici les larves de certains Coléoptères (deuxième larve des Meloë) et Névroptères (Symphrasis, de la famille de Mantispidœ) qui s'introduisent dans les nids de ces Hyménoptères et se nourrissent à la manière de larves de ces dernières.

Ou enfin les larves lignicoles qui font des galeries dans le bois mort. C'est le cas d'un grand nombre de larves de Coléop- tères (certains Buprestidse, Cerambycidœ, etc.).

On voit donc que l'absence de pattes est toujours liée à des conditions de vie très spéciales. Comme d'autre part on peut suivre la réduction des pattes pendant la vie larvaire (Meloë, larves de Strepsiptères, celles des Névroptères, etc.) et que, dans les formes qui en sont complètement dépourvues, on retrouve l'ébauche de ces organes pendant le développement embryon- naire, il n'y a pas le moindre doute que ïabsence des pattes est un phénomène secondaire.

Revenons aux Diptères. On sait que toutes les larves de Diptères sans exception sont dépourvues de pattes. Parmi elles on connaît un grand nombre de parasites des animaux et des plantes : gallicoles et mineuses, et enfin des xylophages.

SÉANCE DU 9 FÉVRIER l'.U.j 4l

Pour ces larves, le manque des pattes est un phénomène du

même ordre que pour les Insectes précédents. Or, à côté de ces formes, et appartenant souvent à la même famille, on trouve un grand nombre d'autres Diptères, à larve complètement libre, pouvant se déplacer ou se fixer sur les objets qui leur servent de support; pourtant ces dernières larves sont complètement apodes.

11 est incontestable que le manque de pattes chez toutes ces formes libres est du même ordre que celui des larves parasites (L. s.) ou lignicoles, c'est-à-dire qu'il est aussi secondaire. Ces larves libres ne le sont donc que secondairement ; elles pro- viennent de larves parasites ou lignicoles, par une réadaptation à la vie libre. Ceci est d'autant plus vrai, que très souvent, dans une même famille de Diptères, on trouve les larves appartenant à un ou plusieurs des groupes éthologiques cités plus haut, en même temps que (\<^ formes libres. D'autre part, toutes les larves de Diptère-, sans exception, orthorhaphes ou cyclorhaphes, para- sites des animaux ou des plantes, xylopliages, ou .larves libres, ont un vestige i\r< pattes très caractéristique, sous la forme d'un complexe sensoriel de constitution très constante (1), qui, à lui seul, nous indique que la réduction des pattes, chez toutes les larves de Diptères, a suivi la même marche pour aboutir aux mêmes résultats.

Demandons-nous maintenant quels sont les organes de dépla- cement ou de fixation chez les larves libres et s'ils ont un rapport anatomique quelconque avec les pattes thoraciques disparues ?

J'énumérerai ici sommairement les cas les plus importants de cette réadaptation à la vie libre, étant donné que leur étude détaillée fera l'objet d'un travail spécial.

Les larves des Diptères ont .Généralement des saillies ventrales losangiques plus ou moins développées sur la face ventrale de leurs segments abdominaux; ces saillies sont souvent couvertes de crochets chitineux et cela sert à la larve comme appui, comme organe de fixation et de déplacement.

Mais, à côté de ces organes peu développés, ces larve? pré- sentent souvent des organes plus adaptés au déplacement ou à la fixation.

Ainsi les larves clés Rhyphides et celles de Mycetobia ont

(1) D. Keilin. Sur certains organes sensitifs constants chez les larves de Dip- tères et leur signification probable (C. R. Ac. Sel., 1911, CLIII, p. 377).

12 SÉANCE DU. 9 FÉVRIER 11)15

leurs mandibules transformées en organes locomoteurs. La larve peu! produire, par ses mandibules, des mouvements rapides et alternatifs, dans le plan vertical, en les appuyant contre le support, tout à l'ait à la manière des pattes; cela produit un déplacement rapide de tout le corps de la larve, qui reste tout à t'ait inerte. Les mandibules ont ici nue forme spéciale qui est en rapport avec leur fonction.

Les larves des Ghironomides et Orphnéphilides ont, sur la tare ventrale de leur région prothoracique, une saillie médiane, bifurquée souvent au sommet et se terminant par de forts crochets. Deux autres longs appendices rétractiles et surmontés par une touffe de 1res forts crochets, terminent l'extrémité pos- térieure du corps. Ces objets servent à la larve pour ramper sur les objets plongés dans l'eau (pierres, plantes aquatiques, par exemple).

D'autres larves, comme celle de Phaonit nepenthincola de Meijere, les larves des Ephydrines et celles de Dicranota oui des appendices faits en l'orme de fausses pattes rétractiles, munis de crochets, sur certains segments abdominaux de leur corps.

D'autres encore ont des appendices de fixation seulement sur le dernier segment du corps (Gylindrotomiens, Calliophrys et autres).

Les larves qui sont adaptées à la vie dans l'eau courante, ruisseaux ou cascades, ont de véritables ventouses de fixation, soit sur la face ventrale de leurs segments thoraciques et abdo- minaux, connue les larves des Blepharoceridœ ou celles de certains Psychodidae, soit au bout du dernier segment abdo- minal, comme c'est le cas des larves des Simulidœ.

La plupart des larves des Diptères cyclorhaphes se servent des crochets mandibulaires comme d'organe de déplacement. Elles s'accrochent par ces mandibules contre les aspérités du support et hissent ensuite tout leur corps.

Mais certaines de ces larves ont en même temps d'autres moyens de déplacement; ainsi les larves des Piophilides et celles des Hétéroneurides peuvent se déplacer en sautant : elles s'en- roulent en cercle, s'accrochent par les mandibules contre les plaques stigmatiques de l'extrémité postérieure du corps et se détendent brusquement comme un ressort, ce qui produit des sauts assez grands.

Les larves du genre Phora se servent de leur bouche comme d'une ventouse et elles rampent à la manière des sangsues.

SÉANCE Dl 9 FÉVRIER 1915 43

Enfin 1rs Syrphines se déplacent sur les feuilles et rameaux des plantes, grâce à leur salive collante, donl elles s'enduisent cl qui les fixe sur leur support.

Quant aux larves aquatiques, ou bien elles ont des palettes natatoires à l'extrémité postérieure du corps (Gulicides et Dixides), ou bien elles flottent, soutenues par une rosette de [utils enduits de graisse, qui entourent les stigmates postérieurs du corps (Stratiomyides, Eristalines, Tétanocérides, etc.).

On voit donc que tous les organes locomoteurs des larves des Diptères libres n'ont rien à voir avec les pattes thoraciques dis- parues et sont par rapporl à ces dernières de véritables néofor- mations.

Les larves de Diptères avaient donc perdu leurs pattes en passant, au cours de leur évolution, par les conditions de vie spéciales (parasitaires ou xylophages). Ces pattes n'ont jamais réapparu, môme chez les larves, qui sont retournées à ta vie libre, et qui se sont réadaptées aux ancienne- conditions de vie par des moyens nouveaux et variés.

Nous sommes donc ici en présence d'un fait de même ordre que ceux étudiés par Dollo et dont la généralisation lui a permis de conclure que l'évolution est irréversible.

M. Dautzenberg. - - Il est entendu que la lui d'irréversibilité ne s'applique pas aux modifications légères dues au milieu : ainsi une plante cultivée dans des conditions spéciales n'est modifiée que d'une façon transitoire.

M. Trouessart. - -De même, un Mammifère transporté dans un pays chaud perd son pelage épais, qu'il reprend s'il est remis dans un climat froid.

M. Gaullery. - - Il faut distinguer, en effet, les simples fluc- tuations et les transformations définitives. 11 y a un moment les modifications suides son! assez profondes pour ne plus être réversibles.

44 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1915

SUR LES TÉRÉBELLIENS DE LA TRIBU DES THELEPIN&.

EXAMEN DES GENRES. TUBE SPIRALE DE STREBLOSOMA LONGIREMIS N. SP.

PAR

M. CAULLERY

L'étude des Polychètes sédentaires recueillis par le Siboga m'a fourni parmi les Térébelliens de la tribu des Thelepinae, une espèce dont le tube, très différent par sa forme de ce qu'on est habitué à rencontrer dans cette famille, me paraît mériter d'être spécialement signalé. Je profite de cette occasion pour examiner la synonymie et la délimitation des genres dans cette section particulière des Térébelliens.

I. DÉLIMITATION ET SYNONYMIE DES GENRES.

Je groupe sous le nom de tribu des Thelepinae, dans la sous- famille des Amphitritea Malmgr., des Térébelliens qui forment un ensemble à affinités particulièrement étroites, marquées par :

Leurs branchies formées de filaments non ramifiés ;

Le nombre variable et généralement élevé de leurs seg- ments pourvus de rames de soies capillaires (au lieu du nombre tixe 17, propre à la plupart des Amphitritea);

La disposition unisériée des uncini à tous les tores uncini- gères (au lieu de posséder des tores bisériés à partir du 7e);

La forme même des uncini (bien connue, avec un bouton à la base du manubrium (cf. fig. 1 c).

Malmgren, dans ses classiques Nordiske llafs-Annulater (1865), avait réparti ces Annélides en trois genres :

sur deux segments (II et III); ra- mes sétigères commençant au

segment III Thelepus Lenck. 1849

Branchies I

filiformes [ segment

nombreuses ) sur trois segments \ branchifère

(II, III, IV); raines ) (HIj Neoltis Malmg. 1865.

sétigères commen- \ ier segment

çant au I branchifère

[ (II) Grymœa Malmg. 1865

SEANCE DU 9 FÉVRIER 11)15 45

On s'accorde généralement aujourd'hui à réunir les Neottis aux Thelepus A). Marenzeller (2), dans un des meilleurs mémoires publiés sur la morphologie des Térébelliens, y joint aussi les Grymœa. Mais divers auteurs récents maintiennent ce dernier genre, et connue il y a actuellement plusieurs espèces qui ont en commun de posséder des soies au premier segment branchilere (II), je crois avec eux qu'il est pratiquement com- mode de les réunir sous une dénomination générique particu- lière.

Nous distinguerons donc :

Le genre Thelepus Leuck. (1849), dont sont synonymes : Lumara Stimpson 1855), Venusia Johnston (1855), Phenacia Quatre!. (1865), Heterophenacia Ouatref., 1805, p. p.. Thelepo- dopsis AI. Sars (1871).

Le genre Grymœa Malmg. (1865). Mais Verrill (3), en 1900, a l'ait observer que le nom de Grymœa, attribué précédemment (1858) par Presenius (4) à un Protozoaire, était préoccupé. D'autre part M. Sars (1871) a défini, sous le nom de Strcblo- sonia (5) un genre dont la diagnose se confond avec Grymœa Malmg. 11 n'y a pas de doute que les Streblosoma de Sars soient identiquement les Grymœa de Malmgren. Verrill reprend donc le nom de Sars pour remplacer celui de Malmurex qui tombe en synonymie. Cela me parait justifié ici, quoique personnelle- ment je sois adversaire de l'application absolue de la loi de nomenclature. Les inconvénients à abandonner un nom consacré par l'usage me semblent souvent bien supérieurs au respect strict de la priorité. En particulier, si l'homonymie dans deux groupes d'organismes très éloignés doit être évitée aussi strictement que possible, elle n'est pas un vice rédhibitoire et il me semblerait regrettable de lui sacrifier un nom vraiment usuel. Dans le cas particulier il n'en est pas ainsi. Streblosoma Sars nom. rempla- cera donc Grymœa Malmg. avec le même sens systématique.

(1) Une seule espèce jusqu'ici, Th. etneinnatus, n'a que deux paires de branchies, toutes les autres en ont trois.

(2) Marenzeller (E. von). Zur Kenntniss der adriatischen Anneliden (3" Bei- trag) (5. B. Ak. Wien., LXXXIX, 1884).

(3) Verrill (A.-E.). Additions to the Turbellaria, Nemertina and Annelida of the Bermudas (Trans. Connecticut Acad. Sci., X, 1900, p. 661-663).

(4) Fresenius. Beitr. z. Kenntniss mikrosk. Organismen (Abh. senkenb. Ges. Frankfurt a M., II, 1858, p. 227).

(5) Sars (G. O). Diagnoser af nye Annelider fra Christiania fjorden (from the manuscripts of the late Prof. Michael Sars) {Forhandl. i. videnskab SelsknbPt i Christiania, 4871, p. 406-417).

46 SÉANCE DU U FÉVRIER iOio

Outre ces deux genres Thelepus et Slreblosoma, divers autres ont été fondés plus ou moins récemment.

Mac Intosh a créé un genre Euthelepus, pour deux espèces abyssales récoltées par le Challenger, et dont chaque branchie se réduit à un filament épais, subulé, rappelant une branchie d'Ampharétien. Par les autres caractères, ces Annélides con- cordent avec les genres précédents. Cependant Mac Intosh ne spécifie pas positivement que les tores uncinigères soient uni- sériés; mais je l'ai vérifié dans une forme du Siboga qui rentre dans la diagnose du genre Euthelepus Me. Int. En outre, parmi les autres espèces du Siboga, il en est qui, au point de vue des blanchies, forment transition entre les Thelepus et les Euthe- lepus : ce sont des formes d'eau profonde et il y a évidemment une tendance assez fréquente chez les Térébelliens abyssaux, comme Ta récemment encore constaté Fauvel (1), à une réduc- tion des branchies. On retrouve cette tendance chez les Pista; Mac. [ntosh a constitué, de même, dans cette tribu, un genre Eupista à branchies réduites (j'en ai trouvé plusieurs formes intéressantes par les degrés divers de la réduction des branchies dans les récoltes du Siboga).

Verrill (1900), dans son mémoire déjà cité sur les Annélides des Bermudes, a proposé deux dénominations nouvelles, Tune sous-générique Eugrymœa, dans le genre Slreblosoma, l'autre générique Protothelepus .

Le sous-genre Eugrymœa (Verrill, l. c, p. 662) est défini par un nombre de paires de branchies supérieur à trois. L'espèce type, S. (Eugrymœa) polybranchia, présente des branchies sur quatre segments (II-V), peut-être même sur le segment VI. Il y a, dans la délimitation des genres et sous-genres, une grande part d'arbitraire dépendant des tendances de chaque auteur. Pour le moment, l'espèce de Verrill est encore isolée, il ne me paraît pas utile de la séparer des autres; le nombre des branchies chez les divers Térébelliens n'apparaît pas comme un caractère très important. Le progrès de la systématique a consisté précisément à l'écarter comme critérium générique, contrairement à ce qu'avait proposé autrefois de Quatrefages. Je ne crois donc pas la création de ce sous-genre très nécessaire, au moins pour le moment.

Le genre Protothelepus Verrill (l. c, p. 662), voisin de Euthe-

(1) Fauvel (P.). Annélides polychètes provenant des campagnes de l'Hirondelle et de la Princesse- Alice (1885-1910) (Rés. Camp, seientif. Prince Albert, de Monaco. fasc. 4C, 1914, p. 30C).

SÉANCE Di 9 FÉVRIER L915 Al

lepus, est caractérisé par une seule paire de longs filaments branchiaux cirriformes, se dressant l'un contre l'autre sur te premier segment sétigère (le numéro de ce segment n'est pas précisé). Les uncini, toujours unisériés,. n'ont pas de bouton basai. Il est difficile, en l'absence de figures, de décider si ce genre est bien fondé. J'incline à penser qu'il n'est guère distinct d'Euthelepus (il n'en différerait que par le nombre des paires de branchies, et je fais à ce sujet la même observation que pour Eugrumœa) et qu'il convient d'attendre pour affirmer son auto- nomie.

Gravier (1), en 1911, a fondé un genre Thelepides, pour une espèce antarctique, T. kœhleri, et a évidemment voulu marquer par ce nom ta parenté de ce Ver avec les Thelepus. T. kœhleri a des branchies filiformes non ramifiées comme les Thelepus; elles sont d'ailleurs très réduites. Mais ses autres caractères me semblent l'écarter du groupe que nous envisageons ici : il a 17 segments sétigères et, aux onze derniers, les tores uncinigères sont bisériés; la forme des uncini est assez différente de celle des Thelepus ; au lieu du bouton terminal du manubrium, il y a un denticule situé plus haut comme dans d'autres groupes de Térébelliens. Je crois donc, sans discuter la légitimité d'une coupe générique nouvelle pour cette forme, que ses affinités véritables ne sont pas avec les Thelepus, comme tend à le faire croire le nom choisi. La ressemblance des branchies résulte peut-être simplement de la simplification d'un type plus com- pliqué mais différent.

En 1914, Southerx (-2), sans avoir connaissance du travail précédent de Gravier, a créé, à son tour, un genre Thelepides pour un Térébellien nouveau des côtes d'Irlande, T. collaris, qui effectivement, a les particularités essentielles de la tribu des The- lepinae, avec des caractères spéciaux justifiant une distinction générique (3). Mais le nom de Thelepides, en tout état de cause, est préoccupé et doit être changé. Je proposerai de lui substituer

(1) Gravier (Ch.). Espèces nouvelles d'Annélides Polychètes (Expédition antarc- tique française du Pourquoi-Pas ?, etc.). Bul. Mus. Paris, 1911, p. 315, et : Deuxième Expéd. antarct. française (1908-1910). Annélides Polychètes, 1911 (p. 138, pi. x, fig. 127-132).

(2) Southern (R.). Archiannelida and Polychaeta. Clare Island Survey. Part. 47. P. Irish Ac, XXXI, 1914, p. 125-126, pi. xm, fig. 30 A-E.

(3) Voici la diagnose générique donnée par Southern (l. c. p. 126) : Formes con- cordant avec Thelepus par : des soies à partir du segment III; des branchies filiformes non ramifiées; des uncini unisériés. Elles diffèrent des Thelepus en ayant : des soies capillaires sur quinze segments seulement; des uncini à une seule rangée de dents au vertex et sans le bouton caractéristique à la base; les uncini commencent aux XP> segment et non au V<*.

48 SÉANCE DU 0 FÉVRIER 11)15

celui de Parathelepus n. nom. (= Thelepides Southern 1914, nec Gravier 11)11).

La tribu des Thelepinœ, en vertu <\v* observations précé- dentes, comprendrait donc quatre genres bien établis : Thelepus, Streblosoma, Euthelepus, Parathelepus. Je laisserai Thelepides Gravier en dehors.

La synonymie de ces genres s'établirait comme suit :

Pam. Terebellidse ; sub-fam. Amphitritea; trib. Thelepinœ.

G. Thelepus Leuck. 1849.

Syri. Lumara St. 1855. Venusia Johnst. 1855, Phenacia Qtfg. 1865, HeterophenaciaQUg. 1805 p. p.. Neottis Malmg. 1807. The- \epodopsis Sars 1871.

Streblosoma (Malmg. 1867). Sars nom. 1871.

Syn. Grymœa Malmgren 1867 preeocc. (nec Presenius 1858). Dans ce genre rentre le sous-genre Eugrymœa Verrill (1900), si on veut le conserver.

Euthelepus Mac Intosh (1885).

J'y fais rentrer le genre Protothelepus Verrill (1900).

Parathelepus n. nom. = Thelepides Southern 1914 prœocc. nec Gravier 1911).

Ces quatre genres peuvent être séparés par la clé dichoto- mique suivante :

,' segment II (1er branehifère) un- Filaments branchiaux l dni & Ur du segment v . streblosoma.

plus ou moins ' nombreux, filiformes; ise§ment; . ni (** C segment V. . Thelepus. soies commençant au ! branehifère) un- j f M PaTatheiepuSm

\ cini a partir du f & '

Filaments branchiaux très peu nombreux, cirriformes; soies à. partir du segment III, uncini à partir du segment V Euthelepus.

* * *

IL - - Sur une espèce nouvelle a tube spirale cochléiforme. [Streblosoma longiremis n. sp.).

Les collections du Siboga renferment plusieurs espèces des genres Thelepus, Euthelepus et Streblosoma. définis comme ci- dessus.

SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1915

Ï9

L'une de ces dernières, à laquelle je donne le nom de Streblo- soma longiremis n. sp. (flg. 1), est caractérisée notamment par la grande taille de ses premières rames sétigères, et aussi par la longueur des soies fines et nombreuses. La première rame séti-

FlG. 1. a. Région antérieure de Strcblosoma longiremis (G = 9) vu de profil (Exemplaire de grande taille extrait d'un tube vaseux rectiligne). On voit les tores uncinigères, qui commencent au segment portant la 4e rame sétigère (V). Les segments, à partir du XIe, sont plus longs et les écussons ventraux, très développés jusqu'au X", sont moins nets. b. Un individu assez petit, dans un tube cochléiforme ; par l'orifice du. tube, sort le panache de tentacules du Ver. Le sommet du tube a été brisé et on aperçoit (en grisé) l'abdomen de l'Annélide qui occupait la partie détruite du tube (G=24). c. Un uncinus de profil (G=800). d. Le vertex d'un uncinus, vu obliquement, pour montrer les denticules (G = 800).

gère est située sur le 1er segment branchifère (segment II). Les tores uncinigères commencent au 4e segment sétigère (V) : ils

50 x SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1015

sont remarquablement réduits, très étroits, ne comprenant qu'un petit nombre d'uncini unisériés. Il y a une douzaine d'écussons ventraux dont 9-10 bien développés. Les segments, à partir du XIe. sont nettement plus longs que les précédents. Celte espèce n'a pas de taches oculiformes.

Il en a été récolté plusieurs échantillons (je n'ai pu cependant en observer un seul complet) de eette espèce, à la station 52 prof. 960 ni.) de l'expédition, station située entre les îles Flores el Snniba.

Deux individus se trouvaient dans des tubes de vase Une. rectilignes, incrustés de Poraminifères, et de la forme habituelle chez les Térébelliens. Cinq ou six autres étaient au contraire dans des tubes d'une toute autre nature et d'un type parfaite- ment homogène.

Ces tubes étaient rigides et résistants comme une coquille, et enroulés en une spirale régulière, dont les tours se touchaient, de façon qu'une portion de la surface extérieure de chaque tour esl masquée par le tour suivant. L'axe de la spirale ne reste pas rectiligne, mais se recourbe à un moment donné, de façon à former un V. L'enroulement, sur les deux branches de l'U, rap- pelle les Ammonites du groupe Turrilites. Le calibre intérieur du tube est sensiblement constant. Le diamètre extérieur de la spire est d'environ 3 mm.; l'ensemble de l'U atteint environ 15 mm. de largeur et de hauteur.

L'animal, extrait du tube, post m.ortem, es! naturellement enroulé en spiral»', la lace ventrale occupant la concavité de la spire et la face dorsale la convexité. Les deux faces latérales m'ont paru tout à l'ail semblables ; je n'ai pas noté à l'inverse de ce que Mesnil el moi 1) avons constaté chez les Spirorbes) que les rames ou les tores uncinigères d'un des côtés fussent plus forts, et d'ailleurs les deux côtés doivent, étant donné la position de l'animal, effectuer un travail égal dans ses mouve- ments à l'intérieur de son tube. Les tentacules, après la mort, formaient connue un opercule à l'entrée du tube.

Au point de vue de la structure, la niasse de la paroi du tube est formée de vase Une incrustée de Poraminifères, le tout réuni en une pâte très cohérente. Intérieurement le tube est tapissé par une couche lisse brillante, translucide, inattaquable par

(1) Caullery et .Mesnil. Etudes sur la morphologie comparée et la phylogénie des espèces chez les Spirorbes (Bull. Sci. France-Belgique, XXX. 1897, p. 186 et sq.). - Sur les Spirorbes, asymétrie de ces Annélides, etc. (C. R. Ac. Sci. Paris, CXXIV, 1897, p. 48).

SÉANCE DT 9 FÉVRIER 1015

51

l'acide chlorhydrique concentré. C'est une sécrétion proprement

dite, comme celle qui forme la couche interne des tubes des Térébelliens en général, mais ici elle a une régularité particu- lière.

Comme on le voit, ce tube, par sa régularité et sa disposition spirale, fait songer à une coquille de Gastropode ou à un tube de Serpulien. Quelques-uns de ces tubes, peu développés et ne formant pas encore un U, se présentent tout à fait comme un tube de Spirorbe (flg. 1 b). Il ne peut être question cependant d'en attribuer la construction à l'un ou à l'autre de ces groupes.

Fig. 2 Tulies cochléiformes de Streblosoma lottgiremis (G=2). La figure de gauche (çpii ne comprend qu'une portion du tube) montre le calibre intérieur et l'aspect lisse de la surface intérieure. A la partie supérieure de la figure du milieu, on distingue le bouquet des tentacules du Ver qui ferme l'orifice ; sur la surlace extérieure de ces tubes, les points blancs sont des Foraminifères.

La ressemblance est purement superficielle; la structure écarte les deux hypothèses.

Cette forme de tube est tout à fait exceptionnelle chez les Térébelliens et. en présence de sa régularité et de sa singularité, je suis fort surpris que deux échantillons de l'Annélide se soient trouvés dans des tubes de vase ordinaire. Ils étaient incomplets et de grande taille. 11 ne serait pas impossible qu'à la lin de sa croissance, l'animal n'achevât son tube sous forme d'un cylindre vaseux rectiligne. Mais c'est une pure hypothèse. En tout cas. je n'ai pu constater aucune différence entre les animaux trouvés dans l'une et l'autre catégorie de tubes.

La tendance du tube à s'enrouler en spirale n'est pas absolu- ment propre à cette espèce. Mais, dans presque tous les autres cas connus, les tours de spire sont largement séparés les uns des

H2 SÉANCE DU 9 FÉVRIER J915

autres, comme si le tube de l'Annélide avait été enroulé autour d'un assez gros support cylindrique et très obliquement par rapport à son axe, à la façon dont les physiciens enroulent les lits électriques. Il en est ainsi fréquemment pour les luîtes d'Ammochariens, pour ceux de diverses Eupista.

Il faut tout particulièrement remarquer que Sars a noté la même particularité pour son Streblosoma cochleatum, qui, du reste, d'après sa diagnose, est une forme très voisine de relie dont il est question ici. Le nom spécifique choisi par Sars fait allusion à celte disposition spiralée du tube et la diagnose. Sars (l. c, p. 414) le spécifie explicitement : « tubus crassus, e » limo confectus, nigricans, opacus, flexilis, mollis, fragilis, » spiraliter cochlese elongatœ instar in arifractus regulares sub- » œquales 6-7 usque ad II magis minusve distantes - - i. e. sesc » non tangentes convolutus . . . » Mais ces termes mêmes indiquent une différence nette avec le cas présent. C'est l'ébauche de la disposition qu'offre l'espèce du Siboga (1). Ici, comme pour beaucoup d'autres formes, 'on voit que des espèces à peine distinctes se rencontrent dans les points les plus éloignés du globe.

Grymsea spiralis Verrill (2) est une espèce qui semble dis- tincte, d'après la figure qu'en donne Verrill. Elle n'a pas, en particulier, les longues soies de l'espèce du Siboga; mais le tube est du même genre : « Tube composed of firmly cemented mud and sand coiled in a double spiral, the two halves revolving in opposite direction », dit l'auteur. Il n'indique pas si les tours de spire sont contigus ou non.

Enfin, Gravier (3) a récemment figuré des tubes de vase spi- rales à tour se touchant étroitement et rappelant tout à fait par leur forme générale une coquille de Cérithe ou de Turritelle ; il n'a' pu en étudier les Vers, mais croit qu'il s'agit de Téré- belliens. Les observations précédentes augmentent la vraisem- blance de cette opinion et ce cas est évidemment à joindre à celui

(1) Postérieurement au dépôt de cette note (mars 1915), j'ai pris connaissance de l'important mémoire de Alf. Wollebaek (Nordeuropseiske Annulata Polychseta, Vidensk. Selsk. Ski'ift. Christiania. Math. Nat. Kl., 18, 1911), sont figurés les tubes de Streblosoma intestinale Sars et S. cochleatum Sars. Le premier (pi. xxvi, flg. 6 et pi. xxxix, flg. 3) a, au moins par parties, une tendance à s'enrouler en une hélice à pas allongé. Le second (pi. xxxix, flg. 2) a des tours contigus, mais moins étroitement unis que chez St. longiremis; il n'y a entre les deux cas qu'une différence de degré.

(2) Verrill (A. E). Explorations of the Casco Bay, etc.... (P. Amer, Ass. Sci. (Portland meeting, 1873), p. 387, pi. v, flg. 5).

(3) Gravier. Annélides Polychètes (Se Expéd. antarct française (1908-1910), 1911, p. 143, pi. XII, flg. 157-169).

SÉANCE Dl 9 FÉVRIER 1915 53

de Str. longiremis e\ S. spirale, comme un nouvel exemple pro- bable de la tendance de certains Térébelliens à construire un tube spirale. Il ne serait même pas invraisemblable que les Annélides du Pourquoi-Pas? fussent des Streblosoma.

Gomme on le voit, la tendance à l'enroulement spiral du tube, à des degrés divers, doit être assez fréquente dans le genre Streblosoma, et n'a pus. au contraire, été signalée, que je sache, chez les Thelepus. .

Ouvrages offerts.

Haï tzenberg (Pli.) el L. Germain. Récoltes malacologiques du Dr. Bequaert dans le Congo belge (fier. zool. africaine IV, 1914, p. 1-73, pi. I-IV).

Martine/. (Dr. Fidel Fernandez). Très casos de Leishmaniosis cutanea (bolon de oriente) recogidos en la provincia de Granada. Comunicaciôn a la Sociedad espanola de pediatria (Granada).

Séance du 9 mars 1915.

PRÉSIDENCE DE M, M. GAULLERY, PRÉSIDENT.

M. Joubin s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.

M. le professeur Carlos Porter annonce l'apparition d'une nouvelle revue qu'il a fondée : Anales de zoologia aplicada (agricola, medica, veterinaria) publication international ameri- cana dedicada principalmente al estudio biolôgico y sistemàtico de los zooparâsitos de la région neotropical », Santiago de Chile. S'adresser à M. le professeur G. Porter, castilla 2974, Santiago, Ghile.

« M. H. B. AVard écrit : a Believe me that the Society lias my best wishes for its success and the nation my warmest sym- pathy for the distressing conditions in which it finds itself at (lie présent ». Il annonce la fondation d'un périodique nouveau : « The journal o/ parasitology, a quarterly devoted to médical zoology ». S'adresser à AI. H. B. AVard, University of Illinois, Prbana (Illinois).

Al. P. AIesnil, présenté à la précédente séance, est élu membre.

Al. le président. « J'ai le regret d'apprendre à la Société la mort à l'ennemi d'un de ses membres, le marquis G. de la Baume-Pluvinel, qui a été frappé, le 31 octobre 1914, à Hoog, près Ypres, d'un éclat d'obus à la poitrine. Je n'ai appris ce deuil (pic tout récemment; il me touche personnellement d'autant plus que M. de la Baume était un travailleur du laboratoire d'Evolu- tion. Après avoir terminé ses études de licence, il était venu me demander d'y faire des recherches en vue d'une thèse. Il sortait précisément de la période de tâtonnements et avait réuni des matériaux intéressants sur les Hyménoptères parasites. En juillet dernier, il venait de terminer un travail sur ce groupe, qui est actuellement à l'impression aux Archives de Zoologie expéri- mentale. J'avais apprécié particulièrement la modestie de Al. de la Baume et le sentiment désintéressé et sincère qui le poussait à faire dans sa vie une large place aux recherches scientifiques. Je suis convaincu qu'il eût apporté à la Zoologie des contribu- tions intéressantes. Une mort glorieuse l'enlève à l'âge de trente ans. Il a été mis à l'ordre du jour de l'armée dans les termes les plus flatteurs (Journal officiel, 27 décembre 1914) (1).

(1) " De la Baume, maréchal d&s logis, attaché à la lre division de l'armée britannique. Depuis le commencement de la campagne, n'a cessé de montrer en toutes occasions les plus belles (Qualités de courage et d'énergie; a constamment fait preuve d'un grand sang-froid devant le danger et montré un dévouement à toute épreuve. Blessé mortellement en service commandé le 31 octobre. »

SEANCE Dl 9 MARS 1915 55

SUR LES MIGRATIONS DES OISEAUX

PAR

L. PETIT (aîné).

Les événements qui ont lieu actuellement et qui ne sont malheureusement pas terminés vont certainemenl causer une grande perturbation parmi la gent ailée.

Il me paraît très intéressant d'attirer l'attention de tous nos collègues et de leur demander de vouloir bien observer dès à présent la migration en général des Oiseaux. Nous leur deman- dons de noter la date exacte des passages, le nom des espèces, autant que possible, et leurs observations personnelles. Nous les prions de remarquer si les passages sont plus ou moins nom- breux que de coutume et les différences qu'ils pourront remar- quer avec les années précédentes.

Je rappelle succinctement les noms des Oiseaux à observer : Hirondelles, Martinets, Becs-Fins. Coucous. Huppes, Loriots, Grives, Pigeons. Alouettes; Oiseaux d'eau en général : Pluviers, Vanneaux, Bécasseaux. Hérons. Grues, Cigognes, Mouettes, Hirondelles de nier, Canards.

Les Hirondelles de mer onl l'habitude de nicher dans les dunes de la Somme et du Pas-de-Calais. vont-elles aller cette année ? vont aller nicher les Hirondelles et les Martinets qui ne retrouveront plus les granges, les étables, les clochers, ils nichaient chaque année ?

Que nos collègues veuillent bien, dès le mois de mai, adresser leurs observations soit à M. le secrétaire général, soit à M. Petit aîné. Ces notes seront classées et présentées aux procès-verbaux des séances.

Ouvrages offerts.

Martixez (Fidel Fernandez). Las leishmaniosis patogenas en el mediodia de Espafia (Comunicaciôn al 1. Congreso espaûol de pediatria, Palma de Mallorca, abril de 1914, 15 p.).

Raspail (Xavier). Origine et formation de l'œuf nain sans vitellus \nn. Vss. natural. Levallois -Perret, XIX, 1913, p. 79-81).

56 SÉANCE DU 9 MARS 1915

SUR UN CAS DE RESSEMBLANCE MIMÉTIQUE SANS VALEUR PROTECTRICE

PAR

Etienne RABAUD.

A diverses reprises, je me suis efforcé de montrer que la théorie du mimétisme et de l'homochromie reposait sur la cons- tatation de similitudes, parfois lointaines, toujours abusivement interprétées d'un point de vue étroitement anthropomor- phique (1). Attribuant, en effet, aux autres animaux des organes des sens exactement comparables à ceux de l'Homme, nous imposons aux ressemblances la signification qu'elles pourraient avoir si tous les animaux voyaient et appréciaient comme l'Homme. Bien mieux, poussés par le besoin de ramener l'in- connu au connu, nous créons de toutes pièces des ressemblances arbitraires, que nous interprétons ensuite au même point de vue anthropomorphique.

D'autres auteurs, en même temps que moi, et d'une manière indépendante, ont fait à cette théorie de graves objections (2). Elle reste cependant fortement enracinée dans les esprits. Pour beaucoup, elle passe à l'état de fait acquis, contre lequel les observations et les expériences les mieux conduites demeu- reront sans action, en dépit de leur qualité, tant qu'elles ne s'imposeront pas en même temps par leur quantité. Aussi me paraît-il expédient de mettre en valeur une observation nou- velle, que j'ai pu l'aire très complète.

I

On sait que les larves de Rhogas, Hyménoptères parasites des chenilles de Lépidoptères, se transforment en nymphes dans leur bote même et n'en sortent qu'à l'état d'imago. La transfor-

(1) a) Note pour servir à l'étude psychologique du Mimétisme {Feuille Hatural.,

1911).

b) Parasitisme et homochromie (Arch. Zool. exp. "N. et R., 1912).

c) Le comportement des larves parasitées {Bull. Soc. yhilom., 1912).

d) Qu'est-ce que le mimétisme ? {Rev. du Mois, 1912).

(2) Me. Atee. The expérimental Method of Testing the Efflciency of Warning. and cryptic coloration in Protecting Animal from their Enemies (P. Ac. Philail., 1912).

SÉANCE DU 9 MARS JOIT) 57

mation n'a généralement lieu qu'après que la chenille a été entièrement viciée de son contenu et qu'il ne reste d'elle que la peau. Cette peau se dessèche assez rapidement : dans la parti»' postérieure, habitée par le parasite, elle se tend et conserve, à peu près, la forme de la chenille; dans la partie antérieure elle se flétrit, se recroqueville et se plisse en divers sens. Naturelle- ment, l'aspect de cette peau desséchée change suivant les che- nilles, et les formes acquises sont extrêmement variées.

Ces formes n'ont pas manqué d'attirer l'attention, inspirant parfois de curieux rapprochements. Pour Giaro, par exemple, certaines chenilles desséchées simuleraient une coquille de Pupa; la ressemblance serait d'autant plus grande qu'avant de mourir ces chenilles se transporteraient dans un habitat com- parable à celui des Pupa. La ressemblance ainsi complétée aurait pour effet de protéger la nymphe du Rhogas contre ses ennemis. Ainsi, l'instinct de la victime la pousserait à prendre soin de son parasite. Quelle que soit ma vénération pour la mémoire de Giard, je n'ai pu souscrire à pareille interprétation, car j'ai été conduit à constater que la ressemblance avec les coquilles des Pupa, à la fois fortuite et inconstante, n'est jamais 1res évidente; il en est de même du changement d'habitat.

Lorsque les dépouilles des chenilles parasitées par des larves de Rhogas offrent des rapports de similitude avec d'autres objets que les coquilles, cette similitude n'a pas une valeur plus grain le. Purement morphologique, elle n'entraîne aucune conséquence qui puisse conduire à admettre un fail de mimétisme.

II

En septembre 1913, mon attention fut un jour attirée par des chenilles de Pieris brassicœ L. vivant sur un pied de Chou. Il y en avait de tous les âges. Parmi elles, fixé à la face supérieure d'une feuille, se trouvait un corps ovoïde, blanchâtre, cerclé de deux lages bandes noires, long de 6 millim. et large de 2 millim. Par sa forme, par son système de coloration, par ses dimensions ce corps ressemblait cle très près au cocon que tissent les larves d'Hyménoptères campoplégides après que, aux approches de la nymphose, elles sont sorties du corps cle la chenille dans laquelle elles ont effectué leur développement. En examinant de près, même sans le secours de la loupe, ce soi- disant cocon, on constate qu'il n'est autre chose que la peau d'une chenille de Pieris brassicœ, ratatinée et durcie, vidée au

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préalable par une larve de Rhogas. A cette peau tient encore la tête, maintenue par les quelques iils de soie que les chenilles lilent à la surface des feuilles leur servant de nourriture. L'aspect général n'en est pas moins celui d'un cocon de Gampoplég'ide ; le rapprochement s'impose de lui-même dès l'abord, car la simi- litude dérive de tout un ensemble morphologique. J'ai commis la confusion, et d'autres l'ont commise avec moi : l'un de nos collègues, très versé dans l'étude des Hyménoptères, que j'avais consulté pour la détermination spécilique du parasite (1), a reconnu le « cocon » comme étant l'œuvre d'un Gampoplég'ide. Ce n'est pas, sans doute, le cocon d'un Campoplégïde déterminé, mais il a la caractéristique générale des cocons de ces larves ; il ne diffère pas plus de l'un quelconque des cocons connus que ceux-ci ue diffèrent entre eux. Si, par exemple, nous groupons (lig. 1) un cocon de Casinaria, d'Anilastus ruficinctus Gr. et la dépouille de Pieris, les deux premiers se ressemblent autant que

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Fig. 1. Cocon de Casinaria à gauche; chenille de Pieris: cocon d'Anilastus ruficinctus à droite. (Cliché de J. Gatellier).

leur ressemble le ttroisième. La similitude est du même ordre que celle des ailes de Kallima avec une feuille, qui est une simi- litude avec une feuille quelconque et non avec une feuille déter- minée.

Nous nous trouvons donc en présence d'un cas de mimétisme fort bien caractérisé, tout aussi bien qu'un grand nombre d'autres cas actuellement classiques. Il, importe dès lors de rechercher le sens de cette ressemblance mimétique, quel avan- tage elle peut procurer au parasite de Pieris brassicœ.

III

On pourrait évidemment dire que les Rhogas enfermés dans la chenille de Pieris tirent avantage du fait que, grâce à son

(1) L'Insecte qui est éclos n'est pas un Rhogas, mais Mesochorus coîifusus. Il n'en est pas moins certain que le « cocon » est le produit d'un Rhogas. Si l'on n'en a pas signalé jusqu'ici comme parasite de Pieris brassicœ L., on connaît par contre des ^resochorus (M. brevipetiolatus Rtrb.) parasites de Rhogas. On sait aussi que M. confusus est aussi bien parasite direct qu'indirect. Il était ici parasite de Rhogas.

SÉANCE DU 9 MARS 1915 59

système de coloration, la peau de la chenille une fois vidée et desséchée simule un cocon de Gampoplégide. Les Rhogus, par suite, auraient pu persister.

Pour appuyer cette affirmation, il faudrait établir que la ressemblance constatée procure vraiment un avantage, soit en éloignant les prédateurs qui ne s'attaquent généralement pas aux cocons de Gampoplégides, soit par tout autre moyen. Mais, à cet égard, nous n'avons aucune donnée, et nous devons éviter avec soin le cercle vicieux qui consiste à affirmer, d'abord et avant tout, l'efficacité du mimétisme, pour faire ensuite la preuve de cette efficacité par la constatation des cas de ressem- blance. Il s'agit, bien au contraire, de rechercher, la similitude étant donnée, si elle joue un rôle protecteur à un titre quel- conque.

La question doit se poser tout spécialement pour le cas de la peau de Pieris brassicœ L., transformée en un cocon semblable aux cocons de Gampoplégides. Or, ce qui frappe le plus, en ce qui concerne cette transformation, c'est qu'elle se produit d'une manière vraiment exceptionnelle. Pour une peau qui acquiert l'aspect presque parfait de cocon, plusieurs autres acquièrent un aspect différent. Chez ces dernières, la partie antérieure, desséchée et fripée, persiste et constitue un appendice terminé par la tête, appendice de dimension et de situation variables, faisant avec la partie postérieure un ensemble qui, suivant le cas, se rapproche de l'aspect cocon ou s'en éloigne franchement. Tous les intermédiaires peuvent exister entre les deux extrêmes. Je n'ai pu établir la proportion relative, même approchée, des diverses formes; mais j'ai constaté que, par rapport à l'ensemble de la colonie vivant sur le pied de Chou, les chenilles parasitées par Rhogas étaient en faible minorité et que, parmi elles, une seule, en se desséchant, avait affecté la forme cocon. D'ailleurs, celte forme est, de toutes, la moins facilement réalisable. Elle exige la destruction complète ou presque complète de la partie antérieure de la peau de la chenille, et cette destruction elle- même dépend d'une série de contingences touchant aussi bien la qualité de la peau que les actions extérieures. La ressemblance parfaite avec un cocon de Gampoplégide est donc une véritable exception ; le plus souvent, la peau affecte une forme plus ou moins approchée, mais suffisamment imparfaite pour éviter toute confusion.

Ces formes imparfaites, intermédiaires, existent dans tous les cas connus de mimétisme ; on leur accorde, à l'ordinaire, la

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60 SÉANCE DU 9 MARS 1915

valeur de formes transitionnelles, au sens évolutif du mot. On admet que ces formes intermédiaires disparaissent, car elles ne présentent aucun avantage, et d'autant moins que des formes plus parfaites sont réalisées. Celles-ci, dès lors, se reproduisant, finiraient par survivre seules. Pareil raisonnement ne saurait s'appliquer au cas qui nous occupe. 11 ne s'applique pas aux chenilles, puisqu'il n'en reste que la peau ; il ne s'applique pas non plus aux larves parasites, puisqu'il ne dépend pas d'elles de vivre dans une chenille dont la peau affectera ultérieurement, d'une manière plus ou moins proche, l'aspect d'un cocon de Campoplégide. Aucun agent de sélection ne peut intervenir ici pour assurer l'élimination des formes imparfaites et la conser- vation des formes parfaites.

Cependant, hien que n'étant pas héréditaire, on pourrait encore prétendre que l'imitation du cocon fait office de moyen de pro- tection. Si, en effet, cette imitation se produisait avec une cer- taine fréquence à chaque génération, il ne serait pas impossible que les individus enfermés clans ces cocons persistassent, seuls et devinssent, véritablement, la « sauvegarde de l'espèce », car l'essentiel d'une ressemblance protectrice réside, en dernière analyse, dans sa constance et sa fréquence. Si elle est fortuite ou peu fréquente, si, pour une cause quelconque, les individus qu'elle intéresse sont dans l'impossibilité de se multiplier, la ressemblance n'a plus aucune valeur protectrice. La raison en est la suivante : dans l'hypothèse que la ressemblance constitue vraiment une défense, à chaque génération les individus pro- tégés persisteront seuls. Si ces individus sont en très petit nombre, si l'aspect morphologique qui les protège n'est pas chez eux héréditaire et ne se produit pas fréquemment, cet aspect morphologique ne se rencontrera que chez un tout petit nombre de leurs descendants. A nouveau, ces derniers persisteront seuls et, à nouveau, le même phénomène se reproduira. D'une géné- ration à l'autre le nombre des individus protégés ira donc en diminuant, si bien que, à un moment donné, les chances de persistance ou de disparition porteront forcément sur quelques unités, qui se réduiront elles-mêmes jusqu'à extinction com- plète. Le résultat dépend, en définitive, de la proportion d'indi- vidus protégés à chaque génération. Le calcul montre que si, sur 1.000 individus pouvant donner chacun 10 descendants, 100 seulement sont protégés, ce nombre suffit pour maintenir l'espèce et augmenter le nombre des individus. Mais s'il en persiste seulement 50, dès la sixième génération le nombre des

SÉANCE DU 9 MARS 1915 61

descendants est réduit à un. Or, la proportion d'un vingtième est une fréquence encore relativement grande qui parait au plus égale à la fréquence de réalisation de la ressemblance d'une peau de chenille avec un cocon de Gampoplégide. J'ai précédemment montré, en effet, la difficulté de production de cette ressemblance. Et cette difficulté de production la rend certainement très peu fréquente. Je puis ajouter que le nombre de chenilles atteintes semble extrêmement restreint par rapport à celui des chenilles demeurées indemnes. Par suite, si la res- semblance était vraiment défensive, le Rhogas aurait depuis longtemps disparu par la destruction des peaux non mimétiques et par la raréfaction progressive des peaux mimétiques. L'espèce ne disparaissant pas, la conclusion s'impose.

A la vérité, elle s'imposerait la même en toute circonstance, si les données en présence ne dissimulaient l'absurdité du raison- nement. En effet, lorsqu'une ressemblance existe et que la repro- duction n'est pas empêchée, cette ressemblance passe pour être agent de sélection, car les individus à ressemblance parfaite échapperaient à l'attaque des ennemis et y échapperaient seuls, tous les autres y succombant. Le raisonnement, toutefois, pré- sente une lacune. Si les formes imparfaites disparaissent toutes, elles ne sont pas des formes transitionnelles, elles ne peuvent conduire, par étapes, aux formes parfaites et l'on doit admettre que celles-ci apparaissent d'emblée, sans intermédiaires. Grâce à ce postulat supplémentaire, le raisonnement parait inatta- quable; même il devient, pour bien des gens, l'expression d'un fait constaté. Mais, en réalité, l'établissement d'emblée sur un grand nombre d'individus d'une ressemblance parfaite n'a jamais été observée; bien mieux, quels que soient les individus considérés, on constate qu'ils n'ont jamais qu'une ressemblance plus ou moins imparfaite. L'imitation de la forme feuille, par exemple, présente tous les degrés; cependant il n'y en a qu'un seul qui corresponde à une imitation vraiment efficace : néan- moins les intermédiaires n'ont pas disparu dans la nature. Ils ne disparaissent que dans les démonstrations et dans les collec- tions qui s.'ingénient à mettre en valeur les cas de ressemblance exacts. Le phénomène n'en reste pas moins toujours comparable ;'i lui-même ; le cas de simili-cocon ne diffère de tous les autres que parce qu'il met en évidence le point faible de la théorie. Puisque, en effet, les formes imparfaites existent et persistent, qu'elles sont parfois les plus nombreuses, il devient difficile d'affirmer que la ressemblance entre deux objets, entre une

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peau desséchée de chenille et un cocon de Campoplégide, pour préciser, joue un rôle protecteur quelconque.

IV

Paudra-t-il se rabattre sur l'homochromie et dire que l'essen- tiel n'est pas la forme, mais le système de coloration ? L'imitation du cocon ne serait plus, dès lors, seule en cause ; il faudrait également envisager toutes les dépouilles de Pieris habitées par un Rhogas. Me plaçant à ce point de vue, je n'hésite pas à dire, contrairement aux affirmations les plus classiques, que l'homo- chromie des chenilles de Pieris brassicœ avec les feuilles de Chou repose sur une simple légende. Rien ne tranche mieux, sur le fond vert-bleu des feuilles, que ces chenilles à bandes jaunes el noires; rien surtout ne tranche mieux que la peau desséchée et ratatinée, doid le noir l'ait tache et donne toute sa valeur à la coloration blanchâtre des parties intercalées. Suivant toute évidence, la chenille de Pieris brassicœ L., vivante ou desséchée, n'est pas, pour l'œil humain, homochrome des feuilles de Chou.

Sera-ce une raison valable pour prétendre que l'homochromie existe pour les yeux des autres animaux? La prétention serait singulière. Il se peut que cela soit ; mais nous n'avons vraiment aucune donnée qui nous permette d'en décider. Nous constatons, au contraire, que les chenilles sont attaquées par des parasites variés, et que ceux-ci, à leur tour, et en dépit de l'homochromie, sont victimes de parasites au second degré. Et quant aux pré- dateurs, tels que les Oiseaux, il ne semble pas qu'ils puissent être gênés par l'homochromie. Sans doute, les expériences de Hess ont montré que la rétine de certains d'entre eux n'est pas sensible au bleu ; par suite, la teinte bleuâtre des feuilles de Chou et le noir de la peau des chenilles se confondent peut-être pour eux ; mais il reste les anneaux blanchâtres qui tranchent certainement avec la plus grande netteté sur un fond noir et attirent vivement le regard. Loin d'être homochromes pour leurs yeux, ces dépouilles tannées de chenilles seraient donc franche- ment hétérochromes.

Ainsi, quel que soit le point de vue envisagé, mimétisme pro- prement dit ou homochromie simple, nous ne parvenons pas à établir l'utilité protectrice des dispositions observées. Et cepen- dant, quant au mimétisme, la ressemblance ne laisse pas que d'être parfois très frappante entre une peau desséchée de Pieris

s

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et un cocon de Campoplégidc ; l;i ressemblance s'impose d'elle- même aux yeux les moins prévenus: elle est indéniable. Cons- tatons-la donc: et puisque, après examen, nous ne lui trouvons aucune valeur réelle de défense ou de protection, concluons une fois de plus que les ressemblances les plus remarquables ne sont pas toujours les meilleurs appuis de la théorie du mimé- tisme. Un certain nombre d'entre elles sont, à coup sûr, le résultat de simples convergences, qui entraînent à des compa- raisons : il importe de se demander si ces comparaisons, valables pour l'Homme, le sont également pour d'autres animaux. Et en admettant qu'elles le soient, il faudrait encore savoir si la res- semblance constatée possède vraiment la vertu que nous lui attribuons.

LES RAPPORTS ENTRE LES PHAGOCYTES ET LES PARASITES CHEZ LES ARTHROPODES

NOTE DE

William R. THOMPSON. (Présentée pai- M. Caullery).

Dans son livre classique sur la théorie de l'inflammation, Elie Metchnikoff a passé en revue les phénomènes de la pha- gocytose dans tout le règne animal et il a remarqué qu'il existe, entre certains des divers groupes qu'il a étudiés, des différences assez remarquables clans le comportement des cellules amœ- boïdes du sang envers les parasites internes. En particulier, il a cru pouvoir conclure que. chez les Arthropodes, la réaction phagocytaire est, en général, assez faible. Il a suggéré que cette condition est peut-être en relation avec le développement d'une cuticule chitineuse chez ces animaux. Puisque cette cuticule empêche l'entrée des organismes parasites, le pouvoir phago- cytaire est plus faible que chez les êtres qui sont dépourvus de ce moyen de défense.

In peu plus tard. L. Guénot, dans ses « Eludes sur la physio- logie des Orthoptères », s'est élevé contre cette manière de voir, en objectant que la cuirasse des Arthropodes, malgré son épais- seur, n'a jamais empêché l'entrée des parasites ; mais, au con- traire, que ce sont justement les animaux de ce groupe qui sont les plus infestés. Ses propres observations lui avaient montré, il est vrai, que les parasites des Arthropodes, clans leurs hôtes habituels, ne sont pas généralement attaqués par les phagocyte-.

64 SÉANCE DU 9 MARS 1915

Selon lui, cependant, l'explication de ce fait, ce n'est pas que chez les Arthropodes la réaction phagocytaire est faible, mais que les parasites se sont peu à peu ndaptés à résister aux amœ- bocytes, par lesquels ils seraient sans cela détruits. D'après cette idée, lorsqu'un parasite nouveau arrive dans un Arthropode, il devrait être attaqué par tes phagocytes et détruit par eux. Dans un travail récent, P. H. Timberlake (1) paraît partager cette manière de voir. Malgré les observations qu'on a faites sur ce point depuis Metchnikoff et Cuénot, parmi lesquelles il faut spécialement citer celles que le savant entomologiste, J. Pantel, a exposées dans ses travaux sur les Tachinaires, la question reste encore un peu obscure.

Dans un petit travail récent (2), j'ai tâché de montrer que la cuticule des Arthropodes est, en vérité, beaucoup plus impor- tante, que M. Guénot ne voulait croire, comme moyen de défense contre l'attaque formidable que les Arthropodes sont obligés de soutenir de la part des parasites. Je dois maintenant considérer sommairement la réaction phagocytaire chez ces animaux.

Depuis quatre ou cinq années que j'étudie ce problème, j'ai examiné la réaction phagocytaire chez une quarantaine d'espèces d'Arthropodes, - - réparties dans sept ordres d'Insectes et deux ordres de Crustacés, contre environ 50 espèces de parasites. De ceux-ci, la plupart appartiennent aux Insectes (Hyménop- tères et Diptères), mais j'ai pu aussi étudier quelques parasites des groupes des Cirripèdes, Nématodes, Acanthocéphales et Trématodes. Je ne présente ici que les plus importants de mes résultats, que j'exposerai plus tard en détail.

I. - La réaction phagocytaire dans les infections

NATURELLES.

Sous ce titre je classe les cas l'infection de l'hôte par le parasite s'est produite dans la nature.

Lorsqu'on considère les parasites entomophages internes, au point de vue de leurs rapports avec l'organisme de l'hôte qu'ils infestent, on peut les diviser en deux grands groupes : a) les parasites libres, et b) les parasites fixés.

Les parasites libres sont ceux qui restent dans la cavité géné-

(1) Bull. V. S. Depl. Agr., Bur. Ent., Tech. Séries, 19, Part. V. 1912. (•2) Proc. Camb. PMI. Soc, XVIII, Part 2, pp. 51-55, 1915.

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raie, sans contracter aucun rapport défini avec un tissu, ou un organe quelconque de l'hôte. De ces parasites, j'ai étudié jus- qu'ici une vingtaine d'espèces (Hyménoptères, Diptères, Acan- fchocéphales, Nématodes et Trématodes), infestant, des hôtes appartenant à huit ordres (Crustacés et Insectes).

Puisque ces parasites se nourrissent aux dépens des hôtes qu'ils infestent, ils occasionnent souvent des blessures plus ou moins graves; mais, de toute façon, ils ne restent pas en contact avec les plaies qu'ils déterminent.

Fig. 1. Cercaire d"un Trématode, enkystée dans la cavité générale d'une larve de Sialis. La coupe passe par la ventouse postérieure de la Cercaire, qui s'est repliée sur elle-même dans son kyste. C, cercaire; E.K., enveloppe kystique sécrétée par la cercaire; P., enveloppe de phagocytes provenant de l'hôte.

(Dessiné d'après une préparation prêtée par M. G. L. Purser, Trinity Collège, Cambridge).

Autour de ces parasites, je n'ai jamais trouvé de kystes pha- gocytaires. Une seule exception, cependant, est à signaler. Chez les larves de certains Névroptères et Trichoptères, j'ai trouvé, dans la cavité générale, des Cercaires de Trématodes. Ces Cer- caires s'étaient enkystées, comme elles le font ordinairement chez l'hôte intermédiaire : autour de ces kystes, j'ai remarqué une enveloppe plus ou moins épaisse (fig. 1) d'amœbocytes de l'hôte. Toutefois, dans leurs kystes, les Cercaires étaient tou- jours vivantes, et, selon toute apparence, parfaitement saines. Sans discuter ces cas en détail, je dirai tout simplement que le

66 SÉANCE DU 9 MARS 1915

kyste sécrété par le parasite la formation de ce kyste n'est point déterminée par une attaque des phagocytes) paraît mettre la Cercaire dans l'état de n'importe quel corps étranger inerte, de façon qu'elle est entourée par les cellules amœboides de l'hôte à la suite d'une réaction qui est probablement purement méca- nique.

Les parasites fixés que j'ai étudiés, sont, pour la plupart, des Tachinaires, qui contractent presque toujours un rapport respi- ratoire avec l'hôte, en s'installant dans l'un des tissus de celui-ci. A côté d'eux, je mets un Conopide parasite de Podalirius bom- boides (Abeille néarctique). deux espèces de Rhizocéphales (Sacculina et Peltogaster), et les Hyménoptères du groupe des Dryinidés, que j'étudie en collaboration avec mon ami et cama- rade, D. Keilin.

La réaction phagocytaire contre ces parasites est variable. Je ne peux pas discuter ici toutes les éventualités qui se présentent. Lu somme, la réaction des amœbocytes paraît être conditionnée tout simplement par la lésion que détermine le parasite. Si celle-ci est grave et amène la mort de beaucoup de cellules, on remarque souvent un grand amas de phagocytes autour de la plaie. Puisque le parasite s'y trouve localisé, il peut être aussi entouré en partie par les phagocytes, sans toutefois que ceux-ci exercent sur lui aucune influence nocive.

Dans certains cas, une larve parasite peut s'installer dans un organe de son hôte (ganglion du système nerveux, muscle, etc.) en y déterminant une hypertrophie remarquable, sans toutefois le détruire. Dans ce cas -- sauf au moment de la pénétration - il n'y a jamais d'enkystement par les phagocytes, ni de l'organe, ni du parasite qu'il contient.

Toutes les conclusions ci-dessus énoncées se rapportent exclusivement aux parasites vivants.

De temps en temps, on trouve, dans fhaemocœle des Arthro- podes, des parasites morts. Ici aussi, la réaction phagocytaire est variable. Il m'a paru, en somme, que cette variabilité est en rapport surtout avec la condition de santé de l'hôte. Si la mort du parasite a lieu à un moment l'hôte ne contient que peu ou point d'autres parasites, ou quand ceux-ci sont encore très jeunes, le parasite mort est généralement entouré par les amœ- bocytes. Au contraire, si le parasite est mort à un stade déjà avancé, ou quand il y a avec lui d'autres parasites âgés, la réaction phagocytaire est généralement nulle. En somme, les phagocytes s'accumulent autour d'un parasite moit, sauf quand

SÉANCE DL 9 MARS L915 l'tT

l'hôte esl déjà épuisé et quand il n'existe pins qu'un très petit nombre de phagocytes.

L'enkystement des dépouilles exuviales des parasites cœlo- miques paraît être aussi en rapport avec l'état de santé de l'hôte. Dans le cas que j'ai le mieux étudié, la dépouille d'une larve de Taehinaire au stade I était toujours enkystée : généralement, la dépouille du stade II ne l'était pas.

Dans tous ces cas. il peut y avoir d'autres raisons d'importance secondaire qui déterminent la non-phagocytose d'un parasite mort on d'une dépouille exuviale ; mais je ne puis pus les dis- cuter ici.

II. La réaction phagocytaire dans les infections

EXPÉRIMENTALES.

A plusieurs reprises, j'ai introduit dans Thasmocœle de cer- tains Insectes vivants, des larves sarcophages ou parasites, qui ne s'y trouvent jamais dans la nature. D'après la théorie de Guénot, une larve parasite anormale devrait être détruite dans ces conditions, puisqu'elle n'aurait pas la résistance spécifique qui lui permettrait d'échapper à l'attaque des amœbocytes do l'hôte.

Ces infections ont été produites par deux moyens. En premier lieu, j'ai introduit le parasite à travers un orifice que j'ai pra- tiqué dans la peau de l'hôte, et, dans d'autres cas, j'ai facilité aux parasites de taire eux-mêmes leur pénétration (i). Lorsque j'ai introduit une larve parasite dans un hôte qui n'était pas l'hôte ordinaire, soit par une incision dans la peau, soit indirec- tement, le résultat, a été le suivant : ou (a) le parasite vivait et effectuait son cycle évolutif d'une façon plus ou moins régu- lière, et, dansée cas, il n'était jamais attaqué par les phagocytes; ou (b) ne pouvant pas supporter les conditions de vie dans l'Insecte il se trouvait, il mourait, et1 les phagocytes s'accu- mulaient ensuite autour de son corps, sauf dans les cas l'hôte était mourant ou épuisé. Je n'ai jamais vu d'accumulation de phagocytes autour d'un parasite tant qu'il restait vivant.

Quelques expériences que j'ai faites en tuant une larve para- site interne, sans blesser l'hôte qu'elle infestait, ont donné des résultats concordants : tant que le parasite restait vivant, il

(1) C. R. Soc. Biol.. LXXV, p. 559, 1913.

liS SÉANCE DU 0 MARS 1915

n'était pas entouré par les phagocytes ; après sa mort, ceux-ci s'accumulaient autour de lui.

Conclusions.

Je conclus donc de l'ensemble de mes observations, que chez les Insectes et chez les Crustacés, la réaction phagocytaire contre les parasites animaux du groupe des Métazoaires (1), est géné- ralement nulle. Si les phagocytes s'accumulent autour d'un parasite, c'est parce que celui-ci a déterminé une destruction locale des tissus de l'hôte, avec lequel il s'associe, ou parce qu'il est déjà mort pour une raison quelconque. Que les phagocytes puissent intervenir par les substances qu'ils versent dans le sang de l'hôte, en déterminant la mort d'un organisme envahissant, c'est bien possible. Mais, en ce moment, on ne peut point dire que les substances toxiques qu'un parasite rencontre viennent des phagocytes, plutôt que de n'importe quel autre tissu de l'hôte.

Enfin, j'admets que la faiblesse de la fonction phagocytaire chez les Arthropodes coïncide avec le développement d'une cuti- cule protectrice; mais je me garde bien de dire que l'un de ces phénomènes soit conditionné par l'autre. C'est un problème difficile et délicat, que nos données actuelles ne nous permettent pas de discuter.

Cambridge, mars 1915.

SUR LES TÉRÉBELLIENS DU GENRE PISTA MALMG. ET EN PARTICULIER SUR LES UNGINI DE CES ANNÉLIDES

NOTE DE

M. CAULLERY.

En poursuivant l'étude des Térébelliens recueillis par le Siboga, j'ai été amené, ces dernières semaines, à l'examen du genre Pista Malmgren, qui y est représenté, comme on va le voir, par des espèces assez nombreuses et intéressantes. Elles seront décrites en détail dans la publication de l'expédition. Je désire- rais ici attirer l'attention sur quelques points intéressants pour la morphologie des uncini dans ce genre et d'une façon plus générale chez les Térébelliens.

(1) Les parasites unicellaires doivent être considérés à part.

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